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Accueil du site > Actualités > Economie > A qui profite la crise ?

A qui profite la crise ?

Tout le monde sait qu’en ce moment, à la bourse, c’est les soldes (une "braderie de titres", la "panique totale"), et qu’il y a des gens qui perdent beaucoup d’argent, des Golden Boys qui s’inscrivent aux allocations chômage et des banques, voire des Etats, qui font ou sont sur le point de faire faillite. Les requins comme Warren Buffett font leurs emplettes... Dans les conséquences de la crise des subprimes, il y a des gagnants et des perdants.

Les réponses à cette question fatidique sont presque aussi nombreuses que les articles qu’on peut trouver à ce sujet sur le web... Alors, qui profite ? Des "hedge funds" ? Obama ? Les sans-abris (qui du coup trouvent des abris) ? JPMorgan (i.e. les protestants sur le dos des juifs) ? Les JT belges (et les autres aussi a priori) ? Nico ? La BNP ? Les banques centrales ? L’or ? Les entreprises qui font des OPA ? Les sociaux-démocrates ?

Tout d’abord, on peut trouver ici une BD en pdf (traduite par Le Point) assez cynique, mais qui explique plutôt bien l’origine de la crise (enfin c’est quand même un peu compliqué).

Et si, pour trouver les vrais profiteurs, on reprenait tout depuis le début en simplifiant au maximum ?

Au départ, aux Etats-Unis, le pays où l’on peut tout avoir tout de suite avant d’avoir l’argent pour se le payer, il y a des ménages modestes qui rêvent d’avoir une maison à eux. Les banques, plus que jamais assoiffées d’argent, développent leur arsenal d’offres de crédit pour tenter de soutirer de l’argent aussi à ceux qui n’en ont pas. Et là tout le monde se jette sur l’occasion (les banques pour financer et les ménages américains pour s’acheter leur maison). Mais ça ne marche pas : mince en fait ces gens qui n’ont pas d’argent ne peuvent pas rembourser leurs dettes... Zut alors on est dans la mouise maintenant.

Alors pour commencer on vire de chez eux les trop nombreux foyers américains endettés et incapables de rembourser leurs emprunts suite à une hausse des taux immobiliers - bancaires. Ensuite on fait voter le plan Paulson, censé redresser la situation économique des Etats-Unis (et donc du monde par la même occasion). Et tout à coup, par un coup de baguette magique, on trouve 700 milliards de dollars pour sauver les banques en "purgeant" leurs comptes. D’autres font de bonnes affaires en rachetant à très bons prix des quartiers entiers de maisons maintenant inhabitées.

Et où il est tout cet argent qui manque (parce que l’argent ne peut pas se volatiliser comme ça) ? Logiquement chez ceux qui ont vendu les maisons !

Donc pour résumer :

  • Ceux qui ont gagné : les vendeurs d’immobilier (qui incluent bâtisseurs et promoteurs).
  • Ceux qui n’ont pas gagné (mais pas perdu non plus a priori puisqu’ils n’avaient rien à perdre à part qu’ils se sont fait berner) : les ménages américains modestes.
  • Ceux qui ont fait une grosse bêtise : les banques.
  • Ceux qui ont perdu : les contribuables du monde occidental (capitaliste), et un petit peu les banques (pour lesquelles rien ne sera plus comme ces dernières décennies).
  • Ceux qui ne gagnent toujours pas : beaucoup d’Africains par exemple. Quand ils ont besoin de quelques petits milliards pour survivre (ou éponger leurs dettes) ils peuvent toujours courir, mais quand il s’agit de trouver 700 milliards pour éponger les dettes de nos banques alors là pas de problème.

Voilà comment indirectement, nous payons gentiment les vendeurs d’immobilier américains. Oh là là mais c’est qu’ils sont vraiment dévoués les Islandais de se ruiner pour envoyer leur argent aux Etats-Unis... Et ils se font prêter de l’argent par la Russie ?

Décidément je crois que beaucoup de choses vont changer ces prochains temps...

Plus d’infos dans le dossier de Yahoo Finance.


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12 réactions à cet article    


  • Fergus fergus 17 octobre 2008 16:35

    Un jour, le grand Architecte a créé le pot de terre et lui a dit : tu seras un subalterne, mais je te donne une once d’espoir d’échapper à ta condition. En parallèle, il a créé le pot de fer et lui a dit : tu seras riche et puissant, mais je te donne une once de conscience.

    Depuis, le pot de terre a eu beau faire, il n’a jamais réussi à inverser les rôles dans sa confrontation avec un pot de fer goguenard. Alors le pot de terre, condamné à ne jamais sortir de sa condition, a perdu l’espoir. Et le pot de fer, assuré de garder sa suprématie, a définitivement fait taire sa conscience.

    Ainsi en va-t-il, depuis des millénaires, des rapports des peuples et de l’oligarchie, et l’on aura beau faire, il est à craindre que, sitôt la sortie de crise, le pot de fer ne retrouve très vite sa morgue et son avidité face à un pot de terre rendu encore plus vulnérable par cette crise.


    • sisyphe sisyphe 17 octobre 2008 17:35
      					De quel réel cette crise est-elle le spectacle ?, par Alain Badiou

      Telle qu’on nous la présente, la crise planétaire de la finance ressemble à un de ces mauvais films concoctés par l’usine à succès préformés qu’on appelle aujourd’hui le "cinéma". Rien n’y manque, y compris les rebondissements qui terrorisent : impossible d’empêcher le vendredi noir, tout s’écroule, tout va s’écrouler...
      Mais l’espoir demeure. Sur le devant de la scène, hagards et concentrés comme dans un film catastrophe, la petite escouade des puissants, les pompiers du feu monétaire, les Sarkozy, Paulson, Merkel, Brown et autres Trichet, engouffrent dans le trou central des milliers de milliards. "Sauver les banques !" Ce noble cri humaniste et démocratique jaillit de toutes les poitrines politiques et médiatiques. Pour les acteurs directs du film, c’est-à-dire les riches, leurs servants, leurs parasites, ceux qui les envient et ceux qui les encensent, un happy end, je le crois, je le sens, est inévitable, compte tenu de ce que sont aujourd’hui et le monde, et les politiques qui s’y déploient.

      Tournons-nous plutôt vers les spectateurs de ce show, la foule abasourdie qui entend comme un vacarme lointain l’hallali des banques aux abois, devine les week-ends harassants de la glorieuse petite troupe des chefs de gouvernement, voit passer des chiffres aussi gigantesques qu’obscurs, et y compare machinalement les ressources qui sont les siennes, ou même, pour une part très considérable de l’humanité, la pure et simple non-ressource qui fait le fond amer et courageux à la fois de sa vie. Je dis que là est le réel, et que nous n’y aurons accès qu’en nous détournant de l’écran du spectacle pour considérer la masse invisible de ceux pour qui le film catastrophe, dénouement à l’eau de rose compris (Sarkozy embrasse Merkel, et tout le monde pleure de joie), ne fut jamais qu’un théâtre d’ombres.

      On a souvent parlé ces dernières semaines de "l’économie réelle" (la production des biens). On lui a opposé l’économie irréelle (la spéculation) d’où venait tout le mal, vu que ses agents étaient devenus "irresponsables", "irrationnels", et "prédateurs". Cette distinction est évidemment absurde. Le capitalisme financier est depuis cinq siècles une pièce majeure du capitalisme en général. Quant aux propriétaires et animateurs de ce système, ils ne sont, par définition, "responsables" que des profits, leur "rationalité" est mesurable aux gains, et prédateurs, non seulement ils le sont, mais ont le devoir de l’être.

      Il n’y a donc rien de plus "réel" dans la soute de la production capitaliste que dans son étage marchand ou son compartiment spéculatif. Le retour au réel ne saurait être le mouvement qui conduit de la mauvaise spéculation "irrationnelle" à la saine production. Il est celui du retour à la vie, immédiate et réfléchie, de tous ceux qui habitent ce monde. C’est de là qu’on peut observer sans faiblir le capitalisme, y compris le film catastrophe qu’il nous impose ces temps-ci. Le réel n’est pas ce film, mais la salle.

      Que voit-on, ainsi détourné, ou retourné ? On voit, ce qui s’appelle voir, des choses simples et connues de longue date : le capitalisme n’est qu’un banditisme, irrationnel dans son essence et dévastateur dans son devenir. Il a toujours fait payer quelques courtes décennies de prospérité sauvagement inégalitaires par des crises où disparaissaient des quantités astronomiques de valeurs, des expéditions punitives sanglantes dans toutes les zones jugées par lui stratégiques ou menaçantes, et des guerres mondiales où il se refaisait une santé.

      Laissons au film-crise, ainsi revu, sa force didactique. Peut-on encore oser, face à la vie des gens qui le regardent, nous vanter un système qui remet l’organisation de la vie collective aux pulsions les plus basses, la cupidité, la rivalité, l’égoïsme machinal ? Faire l’éloge d’une "démocratie" où les dirigeants sont si impunément les servants de l’appropriation financière privée qu’ils étonneraient Marx lui-même, qui qualifiait pourtant déjà les gouvernements, il y a cent soixante ans, de "fondés de pouvoir du capital" ? Affirmer qu’il est impossible de boucher le trou de la "Sécu", mais qu’on doit boucher sans compter les milliards le trou des banques ?

      La seule chose qu’on puisse désirer dans cette affaire est que ce pouvoir didactique se retrouve dans les leçons tirées par les peuples, et non par les banquiers, les gouvernements qui les servent et les journaux qui servent les gouvernements, de toute cette sombre scène. Je vois deux niveaux articulés de ce retour du réel. Le premier est clairement politique. Comme le film l’a montré, le fétiche "démocratique" n’est que service empressé des banques. Son vrai nom, son nom technique, je le propose depuis longtemps, est : capitalo-parlementarisme. Il convient donc, comme de multiples expériences depuis vingt ans ont commencé à le faire, d’organiser une politique d’une nature différente.

      Elle est et sera sans doute longtemps très à distance du pouvoir d’Etat, mais peu importe. Elle commence au ras du réel, par l’alliance pratique des gens les plus immédiatement disponibles pour l’inventer : les prolétaires nouveaux venus, d’Afrique ou d’ailleurs, et les intellectuels héritiers des batailles politiques des dernières décennies. Elle s’élargira en fonction de ce qu’elle saura faire, point par point. Elle n’entretiendra aucune espèce de rapport organique avec les partis existants et le système, électoral et institutionnel, qui les fait vivre. Elle inventera la nouvelle discipline de ceux qui n’ont rien, leur capacité politique, la nouvelle idée de ce que serait leur victoire.

      Le second niveau est idéologique. Il faut renverser le vieux verdict selon lequel nous serions dans "la fin des idéologies". Nous voyons très clairement aujourd’hui que cette prétendue fin n’a d’autre réalité que le mot d’ordre "sauvons les banques". Rien n’est plus important que de retrouver la passion des idées, et d’opposer au monde tel qu’il est une hypothèse générale, la certitude anticipée d’un tout autre cours des choses. Au spectacle malfaisant du capitalisme, nous opposons le réel des peuples, de l’existence de tous dans le mouvement propre des idées. Le motif d’une émancipation de l’humanité n’a rien perdu de sa puissance. Le mot "communisme", qui a longtemps nommé cette puissance, a certes été avili et prostitué.

      Mais, aujourd’hui, sa disparition ne sert que les tenants de l’ordre, que les acteurs fébriles du film catastrophe. Nous allons le ressusciter, dans sa neuve clarté. Qui est aussi son ancienne vertu, quand Marx disait du communisme qu’il "rompait de la façon la plus radicale avec les idées traditionnelles" et qu’il faisait surgir "une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous".

      Rupture totale avec le capitalo-parlementarisme, politique inventée au ras du réel populaire, souveraineté de l’idée : tout est là, qui nous déprend du film de la crise et nous rend à la fusion de la pensée vive et de l’action organisée

      				

      • Alpo47 Alpo47 17 octobre 2008 18:09

        Je fais partie de ceux qui sont très choqués que les contribuables soient mis (sans qu’on leur demande leur avis) à contribution pour sauver nos PREDATEURS, et , tout de même , je me pose une question : Qu’arriverait il, si nous ne sauvions pas le sytème bancaire. Le chaos ?

        Et dans le même raisonnement , je fais remarquer que si nous devions (ce dont je suis sur) utiliser tous les capitaux annoncés (360 milliards pour la France) pour sauver les banques, nous deviendrons pour plusieurs générations les "ESCLAVES" de ces banques.

        Je termine en disant que je pense que c’est là le véritable objectif.


        • Botsu 17 octobre 2008 18:16

          Vous n’êtes pas seul(e ?), je partage votre angoisse...


        • Tzecoatl Tzecoatl 17 octobre 2008 20:53

          "Je fais partie de ceux qui sont très choqués que les contribuables soient mis (sans qu’on leur demande leur avis) à contribution pour sauver nos PREDATEURS"

          Excellent, Alpo47 !


        • @politique @politique 17 octobre 2008 18:49

          crise...
           crise des costumes caravates, crise du pouvoir, crise des branleurs de services...
          J’emmerde la crise, juste du papier, du vent, de l’arogance abstraite.
          La crise est un outil, tout comme la lutte des classes. Pour enrichir, il faut tjrs passer par des héros anonymes, qui se sacrifieront et se sont sacrifiés depuis tellement longtemps par bonté d’âme pour l’humanité et l’espoir qu’ils placent en elle, en leurs frères succésseurs...
          Certains n’ont jamais pris conscience de l’importance de ce communautarisme à l’echelle planétaire. Ces gens là pour moi ne vallent rien de bon pour l’humanité, mais je ne leur en veut pas , ils sont ainsi ...Ils la sabotent à petit feux, savourant l’instant present et effémère de leur simple existence. Ils se moquent épèrduement d’être une entrave à l’épanouissement, au bien être de notre espèce dans son cadre naturel.
          Point.


          • @politique @politique 17 octobre 2008 19:08

            La crise...
            Au delàs de ces quelques concidérations économiques abstraites et tellement fluctuantes, il y a pour moi , vis à vis de l’europe, de la france et si c’etait possible, du monde entier, une chose qui est bien plus primordiale et importante pour l’homme que l’etat des finances, c’est la liberté de s’exprimer et de penser, car ça, ça n’a pas de prix ...
            point.


            • @politique @politique 17 octobre 2008 19:09

              La crise...
              Au delà de ces quelques concidérations économiques abstraites et tellement fluctuantes, il y a pour moi , vis à vis de l’europe, de la france et si c’etait possible, du monde entier, une chose qui est bien plus primordiale et importante pour l’homme que l’etat des finances, c’est la liberté de s’exprimer et de penser, car ça, ça n’a pas de prix ...
              point.


              • mig ésaid comprendre 17 octobre 2008 21:45

                fergus,

                J’espère que toi tu n’as pas perdu l’espoir, rien n’est irrémédiable la roue comme le vent tourne. Pot de terre, pot de fer si je mens j’en réfèrerais à Jean de La Fontaine.

                Tout nouveau sur le forum d’AgoraVox, je laisse un post pour voir comment cela fonctionne ; cela fait longtemps que je me connecte sur agoraVox et que je lis les articles et les commentaires avec tous les liens quand les sujets m’interpellent. Je trouve souvent intéressant les points de vues des uns et des autres.

                Bonne continuation à Agoravox... la parole au peuple, absolument.


                • frédéric lyon 18 octobre 2008 10:19

                  La première chose qu’on peut conclure à la lecture de cet "article" et des commentaires qui le suivent :

                  Ce sont ceux qui ne comprennent RIEN au fonctionnement de la Bourse, qui ne comprennent RIEN au déroulement de la crise que nous avons connu, qui ne comprennent RIEN au Plan Paulson et aux mesures qui ont été annoncées, et qui ne comprennent RIEN au fonctionnement de l’économie en général, qui nous pondent des kilomètres d’articles concernant la crise financière sur Agoravox.

                  Combien d’articles écrit par des militants politiques sans aucune qualification sont-ils parus sur ce site à propos de la crise des crédits hypothécaires et de ses suites ?

                  DES DIZAINES.

                  Et ce n’est sans doute pas fini.

                  Tout ceci n’est pas sérieux.


                  • frédéric lyon 18 octobre 2008 10:21

                    A qui profite la crise ?

                    Et bien, on serait tenté de répondre qu’elle profite surtout à des militants de groupuscules politiques qui sautent sur l’occasion, comme la vérole, pour nous balancer leur propagande à deux balles !


                  • Julien Fischer Julien Fischer 20 octobre 2008 13:06

                    Je ne suis pas militant, je tente de comprendre en explorant des voies qui sont peu voire pas du tout représentées dans les média traditionnels et même le Web.

                    Si vous pensez à ce point que nous avons tort, mettez-nous donc un lien vers un article qui explique bien l’originne de cette crise, avec ceux qui y perdent et ceux qui y gagnent, à votre sens.

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