A quoi servent nos Banques Centrales ?
La politique monétaire traditionnelle n’étant plus à l’évidence un remède suffisant pour tempérer - et encore moins pour éviter - les conséquences négatives de notre expansion économique, nos Banques Centrales se doivent donc aujourd’hui de faire preuve de flexibilité et d’esprit d’à propos en modifiant en profondeur leur approche doctrinale afin d’éviter à notre système un choc supplémentaire qui serait - à n’en pas douter - fatal !
Il est vrai que, depuis le milieu des années 80, les modifications structurelles d’une activité économique misant de plus en plus sur le secteur des services et de l’immobilier au détriment de l’industrie semblaient se traduire par une stabilisation du système permettant au passage à nos Banquiers Centraux de s’endormir sur les lauriers d’une expansion éternelle doublée d’une inflation qui serait elle-aussi maintenue éternellement sous contrôle. Bref, une religion du Big Bang appliquée à une économie érigée désormais au niveau de "science" et dont un des grand-prêtres aurait été l’actuel Président de la Fed Ben Bernanke qui, alors qu’il était en 2004 un des Gouverneurs de la Réserve Fédérale, assurait en substance que " l’amélioration de la politique monétaire a contribué de manière importante à réduire la volatilité (...) et qu’en conséquence les banquiers centraux n’oublieraient pas les leçons des années 70 ". Paroles qui semblent surréalistes cinq ans plus tard et alors que notre système financier a évité de justesse une liquéfaction totale...
Il est aussi vrai que, à la décharge de nos Banques Centrales, le système a surmonté avec brio ces quinze dernières années la crise Asiatique en 1997, la faillite du méga fonds LTCM l’année suivante, l’éclatement de la bulle des valeurs technologiques en 2000 et le 11 Septembre ! De fait, tandis qu’un certain nombre d’économistes avaient sous estimé la résilience de nos économies à encaisser ces chocs et à redémarrer avec encore plus d’énergie à chaque fois, les Banques Centrales, elles, semblaient bel et bien aux commandes.
La crise actuelle impose cependant de poser une question fondamentale : Et si la période de volatilité canalisée de ces quinze dernières années n’était qu’une parenthèse qui se serait refermée en 2007 ? Et si l’inflation n’avait été contenue que grâce aux délocalisations autorisant ainsi nos Banquiers Centraux à maintenir un climat de taux d’intérêts bas évidemment favorable à des emballements à répétition de la machine, c’est-à-dire aux bulles ? Pourquoi ne pas remettre aujourd’hui en question la raison même d’exister d’une Banque Centrale si son unique mission serait de lutter contre l’inflation ?
En réalité, c’est l’ensemble du cahier des charges de Banquier Central qui doit aujourd’hui être revisité : Nos autorités monétaires doivent impérativement passer à la vitesse supérieure car chercher à éviter la crise des années 70 se révèle dès lors un objectif mièvre quand c’est désormais le cauchemar des années 30 qui menace ! L’inflation n’est plus le seul et unique écueil macro économique à éviter, l’objectif - et le devoir moral - de nos Banques Centrales doit se doubler et s’étoffer par une lutte contre le crédit excessif.
Notre monde n’est plus le même après cette crise et il ne devra plus être le même car, faut-il insister à l’attention de ceux qui tentent aujourd’hui que la crise s’estompe de retrouver leurs vieux réflexes, il ne résistera pas à un choc supplémentaire !
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