Accord Renault/Daimler, quel rebond pour Heuliez, quelles leçons en tirer ?
Venons-en à l’exemple d’Heuliez, à ses salariés, quel avenir construire, pour cette entreprise et ses semblables ?
Déjà en 1899 le Grand Turc n’y fit rien (j’ignore s’il fut convoqué) cf. WikiPedia : « La « Jamais Contente » a été le premier véhicule automobile à franchir le cap des 100 km/h. C’était une voiture électrique en forme de torpille sur roues et le record a été établi, selon les sources, le 29 avril ou le 1er mai 1899 à Achères. Cette voiture a été construite par la Compagnie Générale Belge des Transports Automobiles Jenatzy. » On en resta au record de l’époque…
Il y a 25 ans les projets de véhicules électriques en libre service, commencèrent à fleurir, puis furent nombreux, mais restèrent, à des exceptions notables près, dans les cartons. A peu de chose près la motorisation de 1990, de ces véhicules, est la même qu’aujourd’hui. Depuis 1899 manifestement un problème subsiste, on ne sait toujours pas stocker de l’électricité de manière durable, économique. Par ailleurs aucune décision politique sérieuse n’a été mise en avant pour sortir cette industrie de son enfance perpétuelle et pour le moins lui offrir un marché de niche.
A ceci c’est ajouté une autre interrogation, la voiture électrique individuelle a-t-elle un avenir ? Si oui ne sera-t-elle pas la déclinaison naturelle de l’industrie automobile actuelle qui, si je ne m’abuse, cherche elle aussi son avenir ? Pour illustration l’accord en voie entre Renault et Daimler sur le sujet en est la preuve. Il est peu probable que l’industrie automobile connaisse de nouveaux entrants autres que ceux en place ou alors des nouveaux soutenus par des Etats (indirectement, exemples en Chine). Quelque part le groupe Bolloré qui, légitimement, de par ses compétences aurait pu s’intéresser au dossier, ne mit jamais son nom sur la liste d’attente, du moins officiellement. N’est-ce-pas là une réponse ?
Est-ce la bonne diversification pour une PMI telle que Heuliez, seule de surcroît ? Heuliez n’est pas la seule PMI à faire des véhicules électriques en France. Il en est d’autres qui sont sur ce marché depuis 20 ans et + dont Heuliez…. Je ne fais que m’interroger. Un cycle industriel de diversification c’est long, au moins 5 ans sinon plus. Sans doute Heuliez y pensait-elle depuis longtemps. Mais, sans doute aussi, l’environnement économico-politique ne suivait pas et ne jouait pas son rôle, comme aujourd’hui d’ailleurs. Le succès industriel est généralement le fruit de la discrétion, de l’anticipation de l’opiniâtreté et de coopération de compétences et de culture forte quand il s’agit de filières. Par contre les chevaliers blancs ne brillent qu’à la lumière des médias, généralement trop tard et souvent de manière éphémère et boursouflé.
Essayons de penser à l’avenir, pour que ce ne soit pas une fin. Pour aller sur ce marché, il faut un avantage compétitif, quel est celui d’Heuliez seul ?
Ne serait-ce pas le moment sur le problème spécifique du véhicule électrique ou électrifié de convoquer des Etats Généraux industriels du véhicule électrique. Ils rassembleraient des acteurs PME/PMI du secteur sur le territoire français d’abord. Ces acteurs se limiteraient aux seules PMI (hors grands Groupes) et aux établissements publics de recherche capables de proposer en synergie des schémas de valorisation technologique directement ou à travers des instituts à créer. L’objectif serait de préparer les instruments de manière à construire d’abord sur le plan scientifique et technologique des avantages compétitifs pour consolider cette filière naissante au bénéfice de tous.
On ne pourra se limiter à la technologie, mais il faut qu’elle soit là. On parle beaucoup de l’Allemagne ces jours-ci, et je redis et je me répète il faudrait nous inspirer de leurs instituts Fraunhofer qui dès leur naissance en 1946 et toujours aujourd’hui diffusent intensément de la valorisation technologique en direction de leur réseau de PME/PMI, avec le succès que l’on sait.
Par ailleurs au niveau Européen toujours, pourquoi pas un programme Eureka ou Esprit dédié PME/PMI ? Il serait géré par les Régions qui sont elles au plus proche de leur tissu local. A défaut de fonctionner pour le véhicule électrique, cela pourrait marcher pour autre chose. C’est là aussi la responsabilité sociale de notre secteur public, valoriser d’abord sur notre territoire.
Dans quelques jours se tiennent en France les salons Carnot : les labos publics exposent et proposent leurs savoir-faire. Ils devraient être le lieu de convergence de toutes les PME/PMI de France qui tentent d’anticiper leur avenir. Mais … la plupart d’entre elles n’ont même pas un bureau d’études, ni de politique de formation. Sans doute faut-il en appeler à leur responsabilité sociale pour qu’elles aient ces instruments minimum, encore faut-il qu’elles puissent assumer cette responsabilité, car pour cela il faut d’abord exister de manière pérenne en formant son personnel et en ayant une boussole pour investir.
L’Europe, l’Etat, les Régions ont un rôle à jouer. Qu’ils le jouent !…. avant qu’on soit transformé en désert, en zoo ou en musée pour touristes…
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