Actionnaires ou gogos ?
La lamentable affaire EUROTUNNEL que nous avons été nombreux à commenter est en train de pousser à la réflexion un certain nombre de Français sur la clarté du jeu boursier dans lequel ils peuvent être impliqués, volontairement ou non.

Pourquoi place-t-on ses économies en Bourse ?
Epargner a toujours été un réflexe des ménages, et si les bouleversements issus de l’après Deuxième Guerre mondiale (Sécurité sociale et régimes de retraite) ont changé les habitudes financières des Français (livrets A et épargne logement ), leur retour vers la Bourse s’est fait au début des années 1980 où les rendements les plus médiocres se situaient à 11 %.
Attirés par des scores « aberrants », les nouveaux investisseurs ont oublié que la Bourse n’est pas garante de résultats positifs. Même en intégrant cette donnée, il n’est pas facile, ces derniers temps, d’être certain que seule la bonne gestion des entreprises est un critère de rendement.
Petits porteurs contre investisseurs institutionnels ?
Etre actionnaire (très) minoritaire peut causer de graves problèmes. Des associations comme SOS petits porteurs ou l’ADAM (Association pour la défense des actionnaires minoritaires) relèvent et dénoncent de façon régulière des entorses à l’éthique ou des irrégularités de gestion.
Les "golden parachutes", les stock options, les salaires démesurés et des soupçons récents de délits d’initiés laissent amers ceux qui ont misé tout ou partie de leurs économies.
Actionnaires salariés et petits porteurs, même combat ?
"Il y a clairement un lien social plus fort dans les entreprises où l’actionnariat salarié est pratiqué ", déclare Jean-Claude Mothié, le président de la FAS, la Fédération française des associations d’actionnaires salariés. Mais il semble que ce lien soit dû avant tout à la bonne volonté des directions d’entreprises pour lesquelles la décision de mettre en place un actionnariat salarié exprime la volonté de mieux impliquer les salariés dans la vie et dans le devenir de la société.
Doit-on pour cela oublier les scandales Enron, WorldCom, Tyco, Dynegy, ABB, Merck, Adelphia, Xerox ?
Même si la SEC américaine a renforcé les mesures de contrôle et de répression, nul n’est à l’abri de nouvelles « astuces » qui laisseraient petits porteurs et salariés dans le même cas que les détenteurs « d’ emprunts russes »
Les « class actions » à la française peuvent-elles améliorer le problème ?
Quelle est la position des entrepreneurs à ce sujet ?
MEDEF : A l’occasion de son point presse mensuel du 11 juillet, Laurence Parisot se prononce contre l’introduction de toute procédure de type action de groupe.
Dénonçant les risques de dérive juridique et l’impact économique très lourd qu’engendrerait un tel système, elle appelle le gouvernement à "entendre les arguments du MEDEF sur ce sujet". "Ce serait un signe certainement assez dur qui serait adressé aux entreprises françaises d’introduire un tel principe dans notre droit et notre économie."
CGPME : La CGPME, en tant qu’organisation patronale représentative des PME, s’oppose à l’intégration en France des class actions. Si certains ont pu considérer que ce sujet n’intéressait que les grandes entreprises, il est indéniable que les PME pourraient, elles aussi, être soumises à des actions collectives de consommateurs. Or, elles ne pourraient justifier des mêmes moyens de défense, notamment financiers.
La CGPME rappelle que la France dispose d’un droit de la consommation particulièrement protecteur à l’égard du consommateur, avec une multitude d’obligations à respecter. Dans ce cadre, diverses procédures sont susceptibles de répondre à une action de groupe, notamment celle de l’action en représentation conjointe. Aller plus loin ferait peser un risque mortel sur les PME, en ouvrant la porte aux dérives déjà constatées aux Etats-Unis.
Il est étonnant de noter que les Etats-Unis ne fassent pas recette cette fois auprès des entrepreneurs français !
Alors, doit-on se tourner vers les placements éthiques ?
Des organismes comme NOVETHIC peuvent donner des indications sur la responsabilité sociale des entreprises et permettre aux actionnaires de mieux choisir leurs placements. Il faut savoir néanmoins que certaines normes sont peu contraignantes et que l’on est en droit d’attendre des critères de plus en plus pointus.
Il est à noter que NOVETHIC donne un avis (favorable) sur son site en ce qui concerne les « class actions ».
Les économies française et européenne ont besoin de l’argent des épargnants. Cet argent doit permettre aux entreprises de se développer et de créer si possible de l’emploi. Tant que la moralisation des marchés financiers ne sera pas effectuée, il sera impossible aux entreprises de ne pas être soupçonnées de s’enrichir sur le dos des actionnaires minoritaires.
Il est temps de se mettre autour de la table pour créer un statut de l’actionnaire, qu’il soit salarié, investisseur petit ou grand... rapidement.
Sources et bibliographie :
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