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Actualité de la crise financière cette dernière quinzaine

Actualité de la crise financière cette dernière quinzaine :
- le scandale du Libor
- le licenciement de 8000 ouvriers par PSA
- les taux d’intérêt négatifs dont bénéficient plusieurs États
sans oublier l’évolution de la crise espagnole.
 
 
Le scandale du Libor
 
Voici une nouvelle occasion pour les grands redresseurs de torts de mettre en avant un abus criant. Pendant des années, les principales banques mondiales ont manipulé le taux de référence des prêts interbancaires, le Libor, et ont tiré de cette manipulation des bénéfices considérables.
 
Il n’est pas dans mon propos de nier les abus. Nous sortons d’une époque de folie qui a permis tous les abus. Dans une situation où l’enrichissement était automatique, la croissance une réalité naturelle, et donc tous les excès non seulement permis mais carrément souhaitables, comment s’étonner que les gens en place se soient autorisés ces abus ?
 
Ce que je mets en cause, c’est la mentalité actuelle qui plutôt que d’attribuer les abus à la période de folie politico-financière que nous venons de vivre, attribue la catastrophe qui en découle aux abus… Le monde à l’envers ! C’est bien le système général mis en place depuis un siècle et poussé à ses conséquences ultimes par les keynésiens et les monétaristes qui a engendré le cataclysme. Mais non, ils font comme si l’on pouvait générer un système financier honnête et un État vertueux qui, une fois installés, vont nous guider à nouveau sur le chemin de la prospérité (vieil air connu). Voyez des chantres du vieux monde comme Paul Jorion par exemple, qui à l’occasion de tels scandales se font les promoteurs d’une finance régulée et d’un État promoteur d’une croissance nouvelle. Ces gens n’ont rien appris et n’apprendront jamais rien ; ils sont insubmersibles !
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La grande récession
 
Le licenciement de 8000 travailleurs par PSA[1] est un signal majeur la veille du grand départ en vacances. Vous savez à quoi vous attendre pour la rentrée. D’après les calculs effectués par divers économistes, ce sont plus de 300.000 chômeurs supplémentaires que devrait connaître la France en 2012. Je pense que l’effet d’entraînement poussera le bouchon beaucoup plus loin. La France devrait passer le cap des 3 millions de chômeurs officiels, ce qui veut dire plus de 5 millions de travailleurs atteints par le chômage.
 
TGV. Dans l'euphorie du Grenelle de l'environnement qui s'est tenu en 2007, les pouvoirs publics avaient envisagé d'ici à 2020 la construction de 14 lignes à grande vitesse, soit 2000 km. Un programme de 260 milliards d'investissement. Mais, en période de disette budgétaire, la France n'a plus les moyens de se payer autant d'infrastructures. Seule certitude, « les deux lignes en construction Tours-Bordeaux et Metz-Nancy, et les deux projets qui font l'objet d'un contrat signé, Le Mans-Rennes et le contournement Nîmes-Montpellier, ne seront pas remis en cause », souligne-t-on au ministère des Transports. Pour le reste, quelques projets passeront à travers les gouttes. Ce devrait être le cas de la ligne TGV Bordeaux-Toulouse, qui mettra la Ville rose à 3 h 15 de Paris et de la ligne CDG Express qui permettra de rejoindre l'aéroport de Roissy en vingt minutes en partant de la gare de l'Est à Paris. Tout cela en investissant un milliard. Le reste passe à la trappe, et ceci n’est qu’un signal parmi d’autres. Le B.T.P. se promet de beaux jours…
 
Les États-Unis eux aussi viennent de virer leur cuti. La politique de Quantitative Easing initiée par la Federal Reserve est visiblement arrivée au bout de ses effets, et le pays plonge doucement dans une inévitable et profonde récession.
 
Ce double signal vient au moment où le ralentissement de l’économie mondiale frappe durement l’Inde et les pays d’Amérique latine. Seule la Chine résiste encore temporairement, mais pour combien de temps ? Un signal majeur venu du pays du Soleil « levant » sera sans doute à l’origine du déclenchement de la plus grande récession mondiale depuis celle des années trente. Sœur Anne, ô ma sœur Anne, ne vois-tu rien au loin venir ?
 
Le ralentissement s'installe. Au deuxième trimestre, l'économie chinoise a progressé de 7,6% par rapport à la même période l'an dernier, contre 8,1% sur les trois premiers mois de l'année. La croissance chinoise a ainsi enregistré, entre avril et juin, son rythme le plus lent depuis le premier trimestre 2009. Sur les six premiers mois de l'année, sa croissance s'établit donc à 7,8%. Après six trimestres consécutifs de ralentissement, le pessimisme gagne un peu plus de terrain.
Le week-end dernier, les déclarations du premier ministre Wen Jiabao, qui estimait que l'économie subissait « une pression vers le bas considérable », trahissaient l'inquiétude croissante des autorités centrales. Mais en fait de plan de relance, Pékin devrait surtout poursuivre un assouplissement de sa politique monétaire, et la banque centrale annonçait la semaine dernière une baisse surprise des taux d'intérêt. La deuxième en un mois, et l'institution ne devrait pas s'arrêter là.
 
 
Les taux d’intérêt négatifs
 
La France a emprunté lundi 16 juillet 7,6 milliards d'euros à des taux négatifs. Le lendemain, la Belgique a levé 1,5 milliards – sur un total de 3 milliards – pour des taux eux aussi négatifs, ainsi que l'Allemagne qui, mercredi 18, a émis plus de 4 milliards d'euros de dette à 2 ans pour des rendements similaires. Une première dans son histoire pour des titres à une telle échéance.
 
Nous sommes une nouvelle fois en plein délire. Mais au bord du gouffre, les créances sur des États qui n’ont pas encore mis le pied dans la zone des tempêtes apparaissent comme mille fois plus sûres que celles sur des États qui plongent. Ceci n’est que pure illusion d’optique. Comme je le rappelais dans mon dernier billet, à la veille immédiate d’un plongeon brutal, le phénomène majeur que l’on peut observer n’est pas une détérioration mais une curieuse embellie qui fait penser à une amélioration de la situation.
 
La question qui se pose pour la rentrée est bien de savoir qui de la France ou de l’Allemagne va être en point de mire des marchés financiers. Si l’on poursuit la marche actuelle, ce seront les banques françaises fortement exposées aux pays méditerranéens qui craqueront quand l’Italie devra demander l’impossible, une aide européenne. Mais une telle demande – qui a déjà été masquée pour un pays comme l’Espagne – peut renverser le cours des choses et porter l’attaque directement contre le cœur de la zone euro. Le basculement de l’Allemagne est pour moi une hypothèse majeure de cette fin d’année 2012.[2]
 
 
Évolution de la crise espagnole.
 
Tout est resté dans le flou. Un flou volontaire. Si l’on veut se donner la peine de voir un peu plus loin que les effets d’annonce, un phénomène se dégage : la tentative de dissocier le problème des banques du problème des États. Car en faisant reposer le sauvetage des banques sur les États, on aggrave la situation financière de ces derniers, et le cycle semble sans fin.[3] Les Islandais s’en sont sortis en faisant payer directement les créanciers des banques. Les Espagnols ne pourraient-ils faire de même ? On parle donc maintenant de faire participer non plus simplement les contribuables (espagnols ou européens) au renflouement des banques espagnoles mais aussi les détenteurs de créances. Manque de bol, la dette étant intérieure, le rachat des dettes avec de fortes décotes ferait que la facture pèse notamment sur les ménages espagnols.
 
MALTAGLIATI
 
ps J'ai indiqué dans un billet récent que l'entrée des troupes étrangères en SYRIE était maintenant avérée. La guerre en a pris un autre tour.


[1] Vous savez pourquoi la fermeture d’Aulnay n’est pas négociable ? PSA brûle son cash à un rythme soutenu. La vitesse à laquelle le constructeur automobile consomme sa trésorerie a marqué les analystes. Depuis la mi-2011, 200 millions d'euros partent en fumée chaque mois, et le groupe n'attend pas de retour à l'équilibre de son cash-flow opérationnel avant fin 2014.
[2] Lors de la crise obligataire à la fin 2011, les observateurs avaient été surpris de voir la défiance se propager bien au-delà des pays les plus exposés. C’est ce qui a motivé l’opération LTRO de la Banque centrale européenne.
[3] Cette nouvelle optique a généré une hausse des valeurs financières sur les places boursières.

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11 réactions à cet article    


  • mac 20 juillet 2012 10:30

    Je ne vois vraiment pas pourquoi vous prenez particulièrement pour cible ce pauvre Paul Jorion, qui dénonce avec force depuis très longtemps les dysfonctionnements du système.

    Se faire le promoteur de la finance régulée ne signifie pas forcément être en faveur du quantitative easing.
    Je pense que vous vous trompez involontairement (ou volontairement ?) de cible.
    Si vous voulez emettre de critiques sur les personnes pensez plutôt à des gens comme ben Bernanke qui semble avoir un rôle majeur dans tout ce système et que vous ne citez même pas. Pourquoi ne mettez vous pas sa tête comme capitaine du navire ?

    Vous dites qu’on n’a plus les moyens de faire des ligne TGV mais si celles-ci permettent de dynamiser notre économie et de le rendre plus productif, je n’y vois rien à redire. Ce qui est scandaleux c’est de construire des routes qui mènent nul part, de construire des ronds points inutiles, ou de donner des primes pour acheter des automobiles qui ne sont même plus fabriquées en France alors que des tas de petits entrepreneurs crèvent dans leur coin sans la moindre attention de l’état.
    Ce qui est encore beaucoup plus scandaleux, c’est de renflouer des banques avec de l’endettement public comme l’ont fait de façon éhontée l’Irlande et les autres, se mettant ainsi dans la panade.

    Les banques d’affaire qui font des investissiment risqués n’ont pas à être soutenues et doivent éventuellement faire faillite et les gens qui y ont mis des billes doivent risquer de perdre leur mise comme les joueurs de casinos ou ceux du loto le font tous les jours.
    Pour cela, il faut une séparation plus nette des banques d’affaire et de dépôt.

    C’est aussi cela la régulation du système financier et je ne pense pas qu’en prônant cela, on soit à côté de la plaque...


    • bigglop bigglop 20 juillet 2012 19:08

      Bonsoir à tous,

      @Maltigliati, merci pour cet article mais vous ne parlez de l’essentiel, la déréglementation des activités financières.

      Elle a commencée en 1970 aux Etats-Unis , en Grande-Bretagne (Reagan et Thatcher) et s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui, accompagnant la mondialisation, la globalisation des échanges reposant sur le dogme néolibéral de l’autorégulation des marchés financiers.

      En France, elle a débutée en 1983, après l’échec du Programme Commun avec Mitterrand et Fabius, Jacques Delors (Acte Unique Européen, loi bancaire 1984 instituant la Banque Universelle abrogeant la séparation des activités bancaires du CNR de 1945), Bérégovoy (produits dérivés de la titrisation des créances), et les autres, Balladur, Giscard, Chirac, Sarko.

      Mais qu’avez-vous après Paul Jorion (l’un des rares « happy few » qui avaient annoncé la crise financière), lui reprochez-vous d’être lucide, de ne pas proposer de recettes « clés en mains » comme tous ces « experts économistes » qui polluent les médias, héraults de la pensée unique néolibérale.
      Lisez au moins deux de ses ouvrages « La crise du capitalisme américain » (2007), « L’argent, mode d’emploi »


    • maltagliati maltagliati 21 juillet 2012 12:24

      @mac & biglop
      Réglementation, réglementation...
      La déréglementation n’est pas une cause, mais un effet. Effet accélérateur certes. C’est gentil de me recommander des ouvrages. Lisez le mien. Vous verrez au moins qu’il n’y a pas que la dénonciation des ABUS du système, il y a aussi la possibilité d’une réflexion sur ce qu’est ce système.
      Jorion propose de restaurer le système sur des bases saines. Je montre en quoi le système est une véritable attaque massive menée contre l’humanité par nos élites politico-financières, QUI NE FONT QU’UN. A quoi bon réglementer l’une (la phynance) par sa comparse (l’Etat). Comme ses comparses Jorion n’est qu’un rigolo qui a su créer un effet médiatique pour se faire passer pour prophète.
      Par contre je vous recommande les analyses de François Leclerc sur le blog de Jorion. Je ne partage pas toujours son point de vue, mais c’est un gars qui bosse. S’il n’était pas sur le blog de Jorion, il y a longtemps que sa fréquentation serait ce qu’elle doit être...
      MALTAGLIATI


    • bigglop bigglop 22 juillet 2012 00:46

      @Maltagliatti Mieux que de séparer les activités financières de celles de dépôts des banques et assurances...........
      interdire les paris sur la fluctuation des cours
      dans un premier temps...


    • Peretz1 Peretz1 24 juillet 2012 16:32

      L’effet de levier d’investir dans des TGV est très faible. le gain de temps valable serait celui de transporter des marchandises, et non des hommes. Surtout s’il s’agit d’hommes d’affaires, de familles...


    • xmen-classe4 xmen-classe4 20 juillet 2012 14:22

      taux négatif à 0,005 % et – 0,006 %, taux qui peuvent devenir positif si on les compare à la quantité d’or que l’on peut acheter.

      le prix de la stabilité des prix ne serra par couvert par cela.


      • kiouty 20 juillet 2012 15:18

        Je ne vois vraiment pas pourquoi vous prenez particulièrement pour cible ce pauvre Paul Jorion, qui dénonce avec force depuis très longtemps les dysfonctionnements du système.

        Bah complètement, je crois tout simplement que l’auteur n’a rien compris aux thèses de Jorion et qu’il y a confusion sur la marchandise.

        Jorion dénonce aussi fort que l’auteur la bêtise de l’endettement comme générateur de pseudo-richesse, dont il faut payer un jour l’addition.
        Quant à la régulation de la finance, il en faut bien. Sauf à considérer qu’on rejette tout système financier et monétaire. J’avoue ne pas trop comprendre on veut en venir l’auteur.


        • maltagliati maltagliati 21 juillet 2012 12:07

          @kiouty qui « avoue ne pas trop comprendre on veut en venir l’auteur. »

          Merci de votre « aveu ». Je crois de fait que ma position est très difficilement compréhensible, la plupart des analystes -dont le « pôvre » Jorion - s’attaquant aux ABUS et dysfonctionnements, alors que je cherche la RACINE de nos maux. A défaut d’une telle attitude cependant, on retombe - comme le pôvre Jorion - dans l’ancien monde, et on se fait le promoteur pour « sortir » de la crise d’une politique « keynesienne » qui est une des principales locomotives du système économique depuis un siècle... et donc de la crise. Jorion ne propose que de relancer la même machine mais sur des bases « saines » et en accroissant le pouvoir régulateur de l’Etat. Je le dénonce fermement comme un ennemi public.

          Si vous voulez suivre ma réflexion, mon ouvrage de 2000 est très imparfait, certes, mais il ouvre des pistes dans de nombreux domaines.

          Merci de votre réaction.


        • BA 20 juillet 2012 15:30

          Vendredi 20 juillet 2012 :

           

          Vers 15 heures 30 :

           

          Espagne : taux des obligations à 10 ans : 7,240 %. Record historique battu.

           

          http://www.bloomberg.com/quote/GSPG10YR:IND

           

          Espagne : la région de Valence demande l’aide de l’Etat.

           

          La région espagnole de Valence, fortement endettée, a fait savoir vendredi qu’elle demanderait à bénéficier du mécanisme d’aide de quelque 18 milliards d’euros proposé par le gouvernement pour assainir les finances publiques des régions.

           

          Le plan d’aide est assorti de la stricte condition que la région concernée se conforme à ses objectifs de réduction des déficits.

           

          L’annonce a fait chuter les Bourses européennes ainsi que l’euro, tombé sous le seuil de 1,22 dollar.

           

          Le gouvernement espagnol a approuvé la semaine dernière la création d’un nouveau fonds pouvant atteindre 18 milliards d’euros destiné à aider les régions en difficulté à se financer.

           

          http://www.20minutes.fr/ledirect/974325/espagne-region-valence-demande-aide-etat


          • BA 20 juillet 2012 22:04

            Vendredi 20 juillet 2012 :

             

            Italie : la Bourse de Milan chute de 4,38 %.

             

            Espagne : la Bourse de Madrid chute de 5,79 %.

             

            Italie : taux des obligations 10 ans : 6,166 %.

             

            Espagne : taux des obligations 10 ans : 7,267 %.

             

            Je dis bien : 7,267 %. Ce taux n’avait jamais été aussi haut depuis ... mars 1997.

             

            Le naufrage du Titanic « ZONE EURO » continue.

             

            http://www.boursorama.com/actualites/espagne-l-horizon-economique-s-assombrit-sur-fond-de-grogne-sociale-1899b79bf933c67ea5d5b91b204194a7


            • Peretz1 Peretz1 24 juillet 2012 16:40

              Le « pôvre Jorion » a parfaitement raison. Ce n’est pas le keynésianisme qui est à l’origine de la crise, comme celles des précédents. Il faut n’avoir pas lu ce qu’a dit Keynes pour en faire un bouc émissaire. Les crises sont dues au libéralisme ...libéré. Ce qu’il dénonçait en estimantque l’Etat devait intervenir. Ce que les U.S.A entre autres sonty en train de f

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