Air France : une embellie économique à structurer en 2016
Le patron d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, vient d'annoncer une embellie économique, notamment grâce à la réduction de sa facture pétrolière. Une amélioration que le groupe pourrait accompagner de mesures structurelles pour la voir perdurer, en faisant notamment participer les pilotes à l’effort global de l’entreprise.
La chute des cours du brut aura eu un impact dans de nombreux secteurs, y compris celui du transport aérien. Le groupe Air France-KLM table en effet sur une amélioration de sa santé financière pour 2015, et une poursuite en 2016. « Le groupe Air France-KLM devrait dégager un résultat d'exploitation positif en 2015 », a déclaré Alexandre de Juniac, PDG du groupe franco-néerlandais. La présentation officielle des résultats annuels aura lieu en février prochain.
Meilleure santé pour 2016
Pour la première fois depuis 2008, la compagnie devrait dégager des bénéfices pour son exercice 2015, grâce notamment à la chute des cours du brut qui a permis une réduction conséquente des coûts de carburant. Air France entend s'étendre et prévoit une augmentation de sa flotte long-courrier, qui passerait de 104 avions en 2017 à 109 avions en 2020. Le nombre d'avions de sa filiale low cost, Transavia, devrait quant à lui atteindre 40 en 2020, contre 26 cette année. Cette croissance annoncée permet aussi au groupe de pacifier les relations sociales en son sein. Oubliés le Plan B présenté en octobre dernier, la réduction du personnel naviguant, les fermetures de lignes et les 2 900 suppressions de postes. La direction se veut désormais ouverte, évolutive et conciliante. Ce bol d'air – certes temporaire – lui offre l'occasion de mettre en place en refonte structurelle en douceur.
Le vendredi 15 janvier s'est tenu un Comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire pour annoncer les mesures à venir pour l'année 2016. La direction a dévoilé son « plan Perform amélioré ». Pas de licenciements secs, assure le nouveau directeur des ressources humaines, Gilles Gateau, entré en fonction le 1er janvier dernier. Selon les syndicats réunis au CCE, l’absence de départs contraints pour le personnel au sol est garanti d'ici au 30 juin 2018. Cela n'empêche toutefois pas qu'un plan de départs volontaires soit mis sur pieds dès aujourd'hui, et ce jusqu’en avril 2017. Un mal nécessaire si Air France veut conserver sa place sur le marché long-courrier, très concurrentiel depuis l'arrivée des compagnies du Golfe, et se positionner durablement sur le low cost.
Les pilotes toujours aussi peu conciliants
Un bémol cependant : seuls sont concernés pour l'heure les personnels au sol. Un régime de faveur pour le personnel navigant, pilotes en tête, qui fait grincer des dents. Mais l'accord collectif des stewards et hôtesses prenant fin en octobre prochain, Gilles Gateau a annoncé qu'il comptait entamer de nouvelles négociations dès cet été.
Ce qui laisse toujours indemnes les pilotes de ligne... Seraient-ils devenus intouchables ? Les efforts de compétitivité auxquels les encourageait auparavant la direction viennent d'être revus à la baisse, passant de 17 % à 12 % ou 13 %. L'écart de compétitivité est pourtant toujours manifeste avec les concurrents de la compagnie, dont la Lufthansa ou encore British Airways, qui a montré ses capacités d'adaptation ces dernières années. « Tout ce qui a été mis en place jusqu'au plan Transform 15 de 2012 ne demandait pas de gros sacrifices aux personnels. D’autres compagnies, y compris British Airways, opérant sur des pays à coût élevés comme la Grande-Bretagne ont demandé des efforts en termes de salaires, d'heures de vol et d'avantages annexes » détaille Loïc Sabatier, analyste secteur aérien chez Mainfirst.
La fusion et l'arrivée d'Alexandre de Juniac à la tête du groupe Air France-KLM a marqué un tournant dans la gestion du groupe. L'actuel PDG d'Air France, Frédéric Gagey, qui l'a remplacé, souligne le résultat positif de la restructuration menée ces dernières années qui « a permis de contribuer enfin au retour à une marge opérationnelle positive. C'est un vrai sujet de fierté » conclut-il. Avant d’ajouter : « Le contexte favorable du moment nous permet d’envisager un projet de croissance plus ambitieux pour 2017, accompagné d’un effort partagé de réduction de nos coûts plus progressif ». Partagé, oui, mais pas par tout le monde. Peut-être serait-il temps, pour les pilotes, de participer à l'effort commun et de ne faire qu' « un » pour accompagner la croissance retrouvée ?
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