Atos : La face cachée du Wellbeing@Work
Thierry Breton, PDG du groupe Atos, mettait en place en 2010 le programme "Wellbeing@work" dont l’objectif était « d'instaurer un environnement propice à l'épanouissement personnel, et d'attirer et d'accompagner les talents qui nous rejoignent » selon l’affirmation de Jean-Marie Simon, Directeur Général d'Atos en France [1]. Pour autant, depuis cette date, le rythme des licenciements a augmenté, pour atteindre 37 licenciements en 2013 [2] pour la seule société Atos Intégration (filiale du groupe Atos) qui a, par ailleurs, vu ses effectifs passer de 7100 à 5600 en 5 ans [3]. De nombreux sites sont touchés, et cette nouvelle pratique inquiète les salariés.
Ces licenciements sont parfois invoqués sans avertissement préalable, et souvent au motif d’« insuffisance professionnelle », motif pour le moins pratique, puisque difficilement opposable par le salarié. Le dernier en date de ce type vise une collaboratrice Grenobloise, parent isolé, âgée de plus de 50 ans. Il a été mené sans prendre en compte les conséquences dramatiques pour cette personne qui a plus de 20 ans d’ancienneté dans la société.
Ces licenciements sont à l'origine d'un mouvement d'incompréhension et de colère des salariés grenoblois : plus de 160 signatures de soutien et presque autant de courriels envoyés directement au Directeur des Ressources Humaines d'Atos France, Jean-Michel Estrade, dans l'attente d'une réintégration et de l’arrêt des licenciements.
On est loin de la « Great Place To Work » affichée par Atos, qui se targue d’être le « n°2 des employeurs les plus attractifs de France », dans le 'Palmarès Employeurs 2013', « … avec une excellente note pour son ouverture aux jeunes. ». On est loin aussi du discours de Jean-Michel Estrade qui déclarait le 27/04/12 sur le site Décideurs « Les priorités en matière de RSE - Responsabilité Sociétale des Entreprises - sont de créer de la valeur sociale et d’instaurer un climat serein dans l’entreprise. Pour cela, nous devons porter une attention particulière à notre capital humain. »
Cet écart entre l’image qu'Atos veut se donner à l’extérieur et la réalité quotidienne vécue par les salariés est d’ailleurs corroboré par deux enquêtes faites récemment.
Pour la première, réalisée en 2012 par la direction sur le sujet du « Great Place To Work », la direction a préféré ne pas diffuser les résultats aux salariés : ces derniers n'ont visiblement pas répondu dans le sens espéré par la direction des ressources humaines. La seconde, couvrant le même sujet, menée cette fois ci sur le site de Grenoble, à la demande du CHSCT (Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail) local par le cabinet « Sens et Idées », a eu pour résultat la mise en évidence d’un profond malaise, d’un niveau exceptionnel selon le cabinet enquêteur.
Pourquoi cet écart ? Incontestablement, il est dû à une société qui privilégie la communication au détriment de l’humain, qui pourtant, constitue le seul outil de production du groupe ATOS. Tout cela vient d’une gestion à très court terme de la société, gestion pilotée pour les résultats financiers immédiats, dans laquelle la réduction des coûts est privilégiée, au détriment de l’investissement. Pour preuve, le budget formation en berne depuis plusieurs années, à seulement 3% de la masse salariale brute[4], contre 5% chez ses concurrents directs.
Pour que la direction d’ATOS change rapidement de politique et arrête ses licenciements, les salariés d’ATOS Grenoble organisent une manifestation le Jeudi 28 Novembre.
[1] Entretien accordé par JM Simon à l’Express et publié le 02/10/2013 sur le site lexpress.fr
[2] Nombre de licenciement pour Atos Integration : 27 en 2010, 34 en 2011, 27 en 2012, 37 en 2013 (à fin Octobre). Chiffres en mettre en parallèle du nombre de rupture conventionnelle : 94 en 2010, 91 en 2011, 144 en 2012
[3] Effectif d’Atos Intégration : 7104 en 2008, 5640 en 2013, malgré l’intégration de 340 salariés d’Atos Worldline en 2013
[4] Budget formation pour Atos Intégration en pourcentage de la masse salariale : 3,22% en 2010, 2,9% en 2011, 3,3% en 2012
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