Au Carrefour de la tentation
Carrefour innove, Carrefour est toujours à la pointe de l’évolution sociale de notre pays. L’enseigne est toujours à la recherche de nouveaux concepts révolutionnaires. Son dernier challenge : comment attirer les foules dans ses magasins le dimanche.
Les dirigeants de cette fameuse enseigne, bien connue pour sa politique d’exploitation à outrance de ses employés pour un salaire de misère, ont trouvé une idée géniale pour faire monter les statistiques d’affluence du dimanche. Ils émettent des bons de réduction de 10 euros uniquement valables le 7 décembre 2008. Vérification faite sur le calendrier, c’est un DIMANCHE.
Les consommateurs, surtout les moins favorisés, ne laisseront pas passer cette aubaine. A 2 semaines de Noël, ils trouveront sans peine comment dépenser cette prime. Le résultat de cet élan de générosité ne fait pas de doute : la fréquentation des magasins le dimanche va augmenter significativement.
La concurrence ne restera pas sans réagir. La période de Noël est importante pour le commerce. Chacun ira de son petit cadeau et l’effet « boule de neige » gonflera les statistiques. En plein débat sur l’ouverture des magasins le dimanche, pouvoir montrer aux pouvoirs publics et aux parlementaires combien le peuple a besoin des hypermarchés ce jour-là ne peut pas faire de mal. Evidemment, les destinataires du message ne devront pas se montrer trop curieux sur les procédés employés.
Quant aux salariés des magasins, ils n’auront pas le choix, ici comme souvent ailleurs le volontariat est une illusion. La lecture du livre « Au carrefour de l’exploitation » de Philonenko montre bien les rapports d’autorité qui règnent chez Carrefour. Il serait surprenant qu’il n’en soit pas de même chez les concurrents. Les horaires décalés, les coupures en milieu de journée allongeant le temps passé hors du domicile, sont des outils de management efficaces pour faire pression sur les récalcitrants. Ces derniers devront se soumettre ou se démettre et démissionner.
Les arguments en faveur du repos dominical s’appuient d’abord sur la cohésion sociale et familiale. Ils ne laissent personne indifférent. Même les tenants de la marchandisation de la société ont une famille et parfois même des activités associatives. Le législateur hésite devant la levée de bouclier. Il y a des limites aux dynamitages d’une société.
Ce bon d’achat de 10 euros est une provocation et une tentative de manipulation. Il reste à espérer que le législateur ne tombera pas "dans l’enseigne". Heu … je voulais écrire "dans le panneau".
21 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON