Au royaume du paradoxe
L’écoute de France Inter ce matin où l’invité était M. Raffarin était d’un intérêt particulier.
M. Raffarin y a fait la démonstration des paradoxes constants que l’on peut relever au quotidien dans les propos du gouvernement actuel. M. Sarkozy avait avancé qu’il prendrait « en bloc » les propositions du rapport Attali.
Ce rapport aborde, entre autres choses, le statut de certaines professions telles que les notaires, les pharmaciens, les chauffeurs de taxis... Les manifestations récentes des chauffeurs de taxis et l’annonce que rien ne serait changé pour ces professions a été argumenté par le fait que l’on ne pouvait changer, en cours de route, les statuts de professions dans lesquelles s’étaient engagées des personnes. Que beaucoup s’étaient endettés pour acheter leurs fonds de commerce et que ces investissements constitueraient à terme leurs retraites. Le risque étant, selon lui, en déréglementant, de devoir pallier le manque de fonds personnels constitués pour la retraite par un financement public.
SOIT ! Mais n’a-t-on pas changé en cours de route la situation de millions de personnes en modifiant les systèmes de retraite par exemple ??? Et ce sans aucune garantie que ces personnes pourraient acquérir la totalité de leurs droits à pension, puisque l’on constate bien que peu de personnes de plus de 55 ans sont encore au travail dans le privé du fait des licenciements et des délocalisations qui laissent en premier les plus âgés sur le carreau !
Reprenant un autre point du rapport Attali visant à abaisser le niveau de qualification permettant à certaines professions d’ouvrir leur fonds de commerce (comme les coiffeurs par exemple qui à l’heure actuelle doivent être titulaires du Brevet professionnel), l’argumentation était la suivante :
Comment imaginer que les professionnels puissent accepter une déqualification de leur profession !
Mais d’autant que je sache cela ne gêne pas toujours de déqualifier les professions.
Que penser des professions de la santé par exemple ? De l’accès aux fonctions d’infirmier de bloc opératoire pour ces aides instrumentistes sans formation qui se sont vu octroyer le droit d’exercice par la VAE. Des aide-soignants qui par le même système pourraient accéder au diplôme d’Etat infirmier. Des agents de services hospitaliers qui pourraient devenir aide-soignants.
Cela revient à dire que sans formation théorique, juste par le fait d’une habitude de pratiques, tout le monde peut tout faire. Quand les infirmiers, qui à force de pallier le manque de médecins dans leurs services, pourront installer leur cabinet médical grâce à la Validation des acquis de l’expérience ?
Il me semble pourtant qu’il y a plus de risque à déqualifier les professions de la santé où vous remettez votre sort entre les mains d’inconnus dont vous pouvez espérer qu’ils aient une formation de qualité.
A l’heure où l’on prône la gestion des risques et la qualité cela semble pour le moins paradoxal.
Pour continuer dans les paradoxes, l’interrogation sur l’utilité de modifier le mode de financement des médias publics en supprimant la publicité, a recueilli une réponse pour le moins surprenante ! Un service public se doit de ne pas être soumis aux lois du marché !
Ah bon ! Alors je ne dois pas avoir tout compris ou alors on tente de nous rendre fous !
Otez-moi d’un doute, l’hôpital public est bien un service public, non... ? Alors comment se fait-il que l’on doive désormais le traiter, le gérer et le financer comme une entreprise privée ? Pourquoi un établissement public de santé doit il absolument faire du chiffre pour voir son financement continuer à exister. Pourquoi, bien qu’étant soumis à des contraintes supérieures à celles du privé doit-il être mis en concurrence avec les cliniques de grands groupes privés dont les bénéfices sont cotés en bourse ?
Définitivement nos gouvernants font la démonstration de leurs incohérences. Il faut dire qu’avoir cru à leurs promesses était quand même une preuve de l’idiotie majoritaire. Ils ont donc beau jeu maintenant d’être très condescendants à notre égard !
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