En décembre 2010, le think tank économique economiesuisse publiait un rapport intitulé « Kehrt die Inflation zurück ? » (L’inflation est-elle de retour ?). Une question qui devient de plus en plus récurrente à mesure que les Etats et les organisations internationales (G20, FAO, Commission européenne, etc.) s’accaparent du sujet. En 2008, la crise économico-financière sans précédent a nécessité une réponse sans précèdent des Etats. Cette réponse est-elle la seule ?
De l’entente cordiale aux dissensions
En 2009, les Etats s’accordent à Londres puis à Pittsburgh sur les modalités de soutien à l’économie internationale. Une réponse keynésienne est apportée avec des « stimulus package », dont les modalités sont définies par les Etats. Plusieurs milliers de milliards de dollars sont injectés dans les économies, dont 1500 milliards pour l’économie américaine sous forme de soutien à l'industrie automobile, au secteur de l’immobilier, à la création d’emplois publics, etc.
Dès 2010, l’entente sur la politique à mener est rompue. D’un côté, l’Allemagne réclame des réductions des dépenses des Etats, et de l’autre les Etats-Unis poussent au soutien continu des économies qui restent très fragiles (Rapports FMI, OCDE). Les banques centrales deviennent les seules leviers de soutien (taux d’intérêt bas et liquidités à disposition) à des économies occidentales qui tardent à sortir de la crise (croissance mais pas de création d’emplois).
Les dirigeants connaissent les faits historiques, puisque la création monétaire entraine des déséquilibres macroéconomiques gigantesques car d’une part, le dollar reste la monnaie de réserve et d’autre part, l’interdépendance des économies sont très fortes. Le keynésianisme ne propose que des solutions de court terme puisqu’à « long terme nous serons tous morts ».
Pourquoi des réponses alternatives ne sont pas adoptées ?
L’école autrichienne propose de laisser au marché (donc la main invisible) faire son œuvre, c’est-à-dire ceux qui ont des liquidités pourront acheter ceux qui sont en difficulté. Et cela sans l’intervention des banques centrales qui biaisent les rapports de force entre agents économiques, comme dans un système réglementé d’entreprises en situation de monopole.
Plusieurs raisons peuvent expliquer le refus des « pays anciennement industrialisés » à mener une démarche différente :
- Empêcher les économies occidentales de s’effondrer. Dans les « pays anciennement industrialisés », c’est la planche à billet qui tourne alors que dans les « pays nouvellement industrialisés », on craint plutôt l’inflation).
- Empêcher les grands groupes occidentaux de faire faillite (GM, HypoReal Estate, RBS…) car ça serait le meilleur moyen pour les multinationales asiatiques d’acquérir des unités de production et des connaissances technologiques à bon prix.
- Profiter de l’ouverture des marchés financiers mondiaux pour provoquer des déséquilibres chez les partenaires/concurrents. Après tout l’arme géopolitique prend des formes différentes et l’afflux de capitaux engendre inflation, renchérissement du coût de la main d’œuvre et baisse de la compétitivité-prix.
- Une dernière théorie, qui malgré tout tient la route, est celle de la destruction délibérée des monnaies pour provoquer l’émergence d’un nouveau système monétaire international. Au rythme actuel de la création monétaire, les monnaies vis-à-vis de biens tangibles, comme l’or et l’argent, perdent de la valeur à vitesse grand V depuis 2001.