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Aux calendes grecques

Les ministres des finances de la zone euro sont convenus par téléphone d'abandonner leur projet de se réunir ce mercredi 15 février sur le dossier grec, a annoncé le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, ajoutant qu'une nouvelle réunion aurait lieu le 20 février.

Remis aux calendes…

Initialement prévue avant le sommet européen du 30 janvier, la décision européenne, déjà reportée à trois reprises, semble bien remise aux calendes grecques (1).
 
Ce que je vous annonçais comme une éventualité qui commençait à s’envisager la semaine dernière, se transforme désormais en probabilité  : il n’y aurait pas d’intervention européenne pour sauver l’État grec en mars. On se dirigerait donc vers ce que personne n’osait imaginer il y a encore un mois : le DÉFAUT GREC. Le conditionnel est un mode extraordinaire dans la langue française. J’adore aussi le subjonctif et particulièrement l’imparfait du subjonctif, un vrai passé du futur : « Il eût peut-être fallu que l’on se dirigeât plus vite en ce sens.  »
 
Pour résumer l’argument qui l’emporte peu à peu : la Grèce est le tonneau des danaïdes de l’Europe. Vous aurez beau combler le trou, le tonneau est percé et cela ne suffira jamais. Alors arrêtons de jeter de l’argent par les fenêtres. Cessons cette fuite en avant perdue d’avance. Cela ne sert à rien. Il faut traiter le problème à la racine… La Grèce fera faillite et repartira avec les compteurs à zéro. Soyons réalistes. La Grèce va connaître une cinquième année de récession : -6% l’an passé, sans doute presque autant cette année. Le chômage concerne la moitié des jeunes et un quart de la population dans son ensemble. Les Grecs ont perdu entre 20 et 50% de leurs revenus.
 
On commence même à revenir de l’idée fausse dominante tant par la faute de nombreux économistes que des autorités européennes, la confusion entre faillite et sortie de l’euro. Alors qu’une faillite bien maîtrisée réduit réellement la dette d’un pays, la sortie de l’euro entraînerait des dévaluations sauvages, aussitôt neutralisées par l’inflation et la marginalisation de ce pays par les marchés internationaux. Les Grecs pourraient ainsi faire défaut tout en restant dans l’Euro, et les dirigeants européens crier Victoire !
 

Calendrier

Au lendemain du vote très contesté de dimanche soir par le Parlement grec, la nouvelle a été fraichement accueillie par les édiles européens : Olli Rehn n'est pas, loin s'en faut, un tribun. Mais plus encore que d'habitude, il a fallu arracher les mots à cet ancien parlementaire finlandais, venu en salle de presse de la Commission « saluer » le vote grec du nouveau plan d'austérité, « qui démontre la bonne volonté de la Grèce pour entreprendre des réformes difficiles ». De quoi autoriser le déblocage d'un deuxième plan d'aide européen ? Que nenni…
 
Dans une interview à Welt am Sonntag ce même dimanche, le ministre allemand des finances, a expliqué que le moment était venu pour que la Grèce cesse d’être « un puits sans fond », et que les Grecs devaient d’abord le combler avant de pouvoir, selon ses propres termes, « y mettre quelque chose ». Rien n’est encore acquis. Une réunion des ministres des finances de la zone euro devait ce mercredi 15 février statuer sur les propositions du gouvernement grec pour couper encore 325 millions d’euros dans le budget de cette année (sur les 3,3 milliards impartis), et vérifier l’engagement écrit de tous les partis à appliquer les mesures votées dimanche soir. Le Bundestag devra ensuite se prononcer sur le déblocage du second plan de sauvetage de la Grèce, le lundi 27 février prochain. Idem pour les parlements néerlandais et finlandais. Tout cela pour que la voie soit alors ouverte à son adoption début mars par les autorités européennes et le FMI. … et le versement avant le 20 mars, de 13 milliards d’euros qui seuls peuvent éviter la faillite de la Grèce.
 

Alternative

Wolfgang Münchau a déclaré dans le Financial Times : « Le PIB grec a chuté de 6% en 2011, et il continue cette année sa chute à un niveau similaire. Et un autre rond de négociations pour une restructuration ne se fera pas avant longtemps. Certains estiment qu’il serait plus judicieux de pousser la Grèce à quitter la zone euro dès à présent, et d’utiliser ces fonds pour sauver le Portugal. Je ne suis pas d’accord avec cette idée. Je pense personnellement qu’il serait mieux de reconnaître la situation désolée de chacun de ces deux pays, de les laisser tous les deux faire défaut au sein de l’union monétaire, et d’ensuite utiliser un fond de sauvetage suffisamment important pour leur permettre de se reconstruire, et de se constituer une réserve de fonds en même temps (…) Cela coûterait très cher. Mais ignorer la réalité encore deux années sera de toute façon très ruineux. »
 
Quel serait dans cette optique le nouveau calendrier ? Quand pourrait-on annoncer au monde financier le Défaut grec et la mise en marche des CDS ? Nicolas Sarkozy est pressé… un tel événement pourrait booster son entrée en campagne. Son soutien permanent aux options « allemandes » a forcément un prix…
 
Mais arrêtons d’anticiper, restons ouverts à toutes les options en présence. Ce qui est certain, c’est que plus que jamais, nous sommes à un grand tournant !
 
MALTAGLIATI
 
 
(1) (1) Les calendes étaient le premier jour du mois romain. Il n’existait pas de « calendes » dans le calendrier grec. « Renvoyer aux calendes grecques » c’est donc repousser à une date qui n’existe pas, comme « renvoyer à la Saint Glinglin ».

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5 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 15 février 2012 14:18

    Tout le monde reconnait, les économistes « en catimini », que tout l’argent donné ou prêté aux Grecs et autres, ne reviendra jamais sur nos comptes. C’est de l’argent perdu QUI NOUS ENDETTE POUR DES GENERATIONS.

    Tout le monde sait aussi que nos dettes, toutes les dettes des Etats NE SERONT JAMAIS REMBOURSEES. C’est une fuite en avant, interdite aux particuliers et permise aux Etats, une CAVALERIE.

    Tout le monde se rend compte qu’en l’occurence, il s’agit AVANT TOUT DE SAUVER LES BANQUES et non les Etats, qui ne voient pas la couleur des sommes annoncées.

    Tout le monde peut encore se rendre compte que ces processus se font à l’encontre de la majorité d’entre nous, pour sauver une toute petite minorité, les ACTIONNAIRES.

    Tout le monde se rend bien compte, toujours, que les décideurs politiques sont « à la botte » des financiers et prennent des décisions à l’encontre de nos intérêts.

    Tout le monde commence à se rendre compte que nous sommes sur la pente fatale et qu’il ne reste plus qu’un sursaut des peuples pour changer le paradigme en place, regagner notre souveraineté individuelle et collective.

    Tout le monde encore peut imaginer que la suite du film va être très douloureuse pour nous ; paupérisation, famine, grèves, émeutes ... pouvoir policier et fascisme d’Etat.

    Par conséquent, tout le monde peut se rendre compte que nous sommes dans un processus de « fuite en avant », destinée avant tout à GAGNER DU TEMPS. Encore un mois, six mois, un an ... avant la grande chute.

    Et tout cela me rappelle le film « la haine »... la personne qui saute dans le vide depuis le toit de l’immeuble et qui à chaque étage se dit : « jusques là ... ça va ».... « jusques là, ça va »...

    La grande question est : Combien de temps avant de toucher le sol ?


    • Daniel D. Daniel D. 15 février 2012 20:39

      En France aussi, la seule chose qui compte est de sauver les banques, on les as renfloué massivement, au lieu de les nationaliser et on le feras encore tant que la seule chose qui as de la valeur pour la masse est l’argent, et non le bonheur.

      Les prêts avec intérêts étaient passible de prison d’excommunication il y as 300ans a peine.
      Maintenant, Dieu as été remplacé par le corrupteur, et l’Homme ne compte plus, seul l’argent compte. Les banques sont devenues le pilier du monde, et leur appétit est féroce. La Bête est là, visible par tous.

      Le retour a la réalité seras douloureux et brutal pour tout les adorateur du veau d’or, et ce moment est proche. Il n’y auras pas de pardon et aucune de leurs fautes ne seront oubliées.

      Daniel D ;


    • adeline 15 février 2012 14:44

      Les banques devraient être sauvées par leur assurance, les CDS Alpo, ah bon ce sont les mêmes organismes ?
      Merci pour cet article Junker avance comme explication qu’il exige que tous les partis signent l’accord.
      Sinon ce sont 130 Mi en mars , pas 13


      • BA 15 février 2012 15:58

        Le président du directoire de Bosch, l’un des industriels les plus respectés d’Allemagne et proche conseiller de la chancelière Angela Merkel, a plaidé pour une sortie de la Grèce de l’Union européenne dans un entretien à Manager Magazin.


         »Cet Etat, avec ses retraités fantômes et ses gens riches qui ne paient pas d’impôts, un Etat qui n’a pas d’administration qui fonctionne, n’a pas sa place dans l’Union européenne," a="a" franz="franz" fehrenbach="fehrenbach" dans="dans" un="un" entretien="entretien" vendredi="vendredi" 17="17">

         

        Il s’agit du dernier en date d’une liste de grands dirigeants d’entreprises allemandes à s’élever contre le rôle de la Grèce dans l’UE et contre la mise en place d’un deuxième plan d’aide. Selon une enquête menée auprès de plus de 300 dirigeants parue dans le magazine, environ 57 % d’entre eux souhaitent une sortie de la Grèce de la zone euro et un retour à la drachme. 


        A la question de savoir ce que les dirigeants politiques devraient faire si la Grèce ne quittait par la zone euro de son propre chef, Franz Fehrenbach, qui ne s’exprimait pas en tant que conseiller du gouvernement, a répondu : "Alors, l’Union Européenne doit modifier ses lois et l’expulser, aussi difficile que cela puisse paraître."

         

        Reste par ailleurs un désaccord sur le point de savoir s’il faut conserver l’objectif d’un niveau d’endettement public grec ramené à 120% du PIB d’ici 2020 ou si on peut le laisser atteindre un niveau plus élevé, par exemple 125% du PIB. Sur ce point, "il y a les fétichistes du 120% qui n’en démordent pas", en particulier les Pays-Bas, l’Allemagne et la Finlande, selon une source proche des négociations.

         

        "Nous faisons face à une situation particulière, on nous pose toujours de nouvelles conditions, et cela est dû au fait qu’il y a des puissances dans l’Europe qui jouent avec le feu, qui croient que la décision d’octobre sur le nouveau prêt pourrait ne pas être appliquée, et qui veulent que la Grèce soit hors de la zone euro", a déclaré le ministre des Finances grec M. Vénizélos, à l’issue d’une rencontre sur l’économie avec le président grec Carolos Papoulias.

         

        Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a réaffirmé mercredi la volonté de son pays d’aider la Grèce, mais seulement si celle-ci n’était pas « un puits sans fond ».

         

        Mais le Luxembourg, quatrième pays de la zone euro toujours noté « triple A » par les trois grandes agences de notation avec l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande, a également manifesté son impatience ces derniers jours.

         

        Son ministre des Finances, Luc Frieden, a laissé entendre lundi que la Grèce pourrait être exclue de la zone euro si elle ne tenait pas ses promesses de réformes et de réduction du déficit public. "S’ils ne font pas tout cela, je pense qu’alors nous devrons continuer avec 16 pays" dans l’Union monétaire et « qu’ils s’excluent eux-mêmes de la zone euro », a-t-il dit.

         

        http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-amere-et-determinee-face-a-des-europeens-intransigeants-2116d225dbd6ea3b0c2c988bd4ad4cd6

         

        En clair :

         

        L’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Finlande, ne veulent plus prêter des dizaines de milliards d’euros à la Grèce, car ils savent que la Grèce ne les leur remboursera jamais.

         

        L’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Finlande, veulent que la Grèce quitte la zone euro.


        • xray 15 février 2012 16:12


          Avant l’euro,  l’Italie et la Grèce n’avaient pas besoin d’aide.

          Dans cette Europe dominée par les curés,  l’argent sert à créer les problèmes.  Non pas à les résoudre ! 

          Aujourd’hui on nous parle d’un grave problème de finance avec la Grèce. 
          Il s’agit d’un problème fabriqué de toute pièce. La Grèce n’est pas un cas unique. 

          En Grèce,  il n’y a qu’un pouvoir.  L’église Orthodoxe ! 
          L’église Orthodoxe échappe à toute fiscalité.  Elle possède 90 % du foncier. On ne compte pas non plus les milliards investis sur les marchés boursiers (de 50 à 100 milliards selon certains dires). 

          Qu’importe-les contraintes pour la population puisqu’il y a 130 milliards d’euros à la clef ! 

          Le Grand Guignol politique (L’Europe des curés) 
          http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/ 

          Le capital de la Dette publique 

          La Taxe Tobin  (Le face à face de l’économie active et des marchés boursiers) 


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