Bitcoin : A l’aube du cycle de la raison
Quel est le point commun entre les gilets jaunes, les invectives de Trump envers ses partenaires commerciaux et le refus du budget italien par l’Union Européenne ?
L’argent, et plus précisément la dette.
Si le gouvernement d’Edouard Philippe augmente les taxes sur le diesel, ce n’est pas tant pour favoriser la « transition écologique » que pour atténuer un déficit budgétaire de 83 milliards d’euros, qui va porter la dette nationale au-delà des 2300 milliards.
Si Donald Trump impose des tarifs douaniers à tout-va, c’est que la colossale dette américaine (21'600 milliards de dollars) l’oblige à jouer la carte du « America First ». La commission budgétaire du Congrès prévoit que, d’ici 4 ans, le paiement des intérêts de la dette représentera la plus grande dépense fédérale, devant l’armée et la santé.
Avec une dette équivalente à la France, mais un PIB inférieur d’un quart, l’Italie se trouve dans une situation financière critique. Rejetant la rigueur préconisée par l’UE, le gouvernement italien maintient son objectif de recourir à de nouveaux emprunts pour stimuler son économie. La Commission Européenne se trouve dans l’embarras : comment sanctionner la troisième force de l’Union sans fragiliser l’ensemble de ses membres ?
Bien que le sujet soit peu évoqué par les médias, la dette transparaît dans l’actualité sous différentes formes, montrant l’incapacité de la classe politique à régler cet épineux problème.
A l’échelle mondiale, la dette atteint le montant astronomique de 250'000 milliards de dollars. Pour la rembourser, il faudrait que la planète entière travaille gratuitement pendant 3 ans. Il s’agit d’un programme qu’aucun dirigeant ne voudra proposer à sa population.
Toutefois, la dette ne va pas partir. Pire, elle enfle chaque jour davantage.
Les solutions sont pourtant connues :
- L’austérité qui prévoit une hausse des impôts et une baisse de la dépense publique. Une telle politique pourrait entraîner des mouvements contestataires bien plus graves que celui des gilets jaunes.
- La confiscation qui revient à une taxe extraordinaire sur les dépôts bancaires, les sociétés, l’immobilier, etc. C’est l’option qui a été récemment choisie en Arabie Saoudite ou en 2013 à Chypre où les déposants les mieux nantis ont dû s’acquitter d’une taxe de 47.5% sur leurs avoirs.
- Le défaut sur la dette ou son rééchelonnement, traitement dont la Grèce a fait l’objet avec des conséquences très lourdes pour le pays sur plusieurs décennies.
- La croissance économique et l’inflation, la piste américaine, mais malheureusement financée par davantage de dette.
Si la dette a d’abord frappé les pays les plus fragiles, nul n’est désormais à l’abri.
Des économies importantes comme la Turquie et l’Italie sont à leur tour en danger. Etant donné l’inaction de notre classe politique, le risque de contagion est réel.
C’est dans ce cadre qu’un actif indépendant des états comme le Bitcoin prend tout son sens.
Infalsifiable et hautement sécurisé, il permet des échanges commerciaux sans passer par un intermédiaire financier.
A la manière de l’or, il protège contre l’inflation déclenchée par la création monétaire effrénée de gouvernements en déroute comme au Venezuela ou au Zimbabwe.
Toutefois, le Bitcoin est plus facile à conserver et à transporter que l’or. S’intégrant mieux à l’économie d’Internet, son authenticité peut être vérifiée en un clic, tandis qu’estimer la valeur d’un lingot n’est pas à la portée de tous.
Enfin, le Bitcoin peut s’ajouter aisément aux moyens de paiement d’une entreprise.
A ce sujet, la société Pundi Labs vient de lancer son terminal de paiement XPOS acceptant à la fois les cartes de crédit et les crypto-monnaies. Le commerçant peut décider de changer ces dernières sur le champ en euros ou d’en conserver une partie.
Le Bitcoin est à l’aube du quatrième cycle de son histoire.
Le premier date de 2011, porté par les cypherpunks, les libertaires d’Internet, qui ont rejoint le réseau Bitcoin et lui ont permis de grandir.
Le second a eu lieu en 2013 lorsque les Chinois ont massivement utilisé Bitcoin pour spéculer et surtout sortir des fonds du pays.
Le troisième s’est produit l’année dernière, celui des ICOs et du « tout blockchain ». Il se termine en ce moment par une correction sévère dont les causes sont multiples.
Valorisation excessive des ICOs de 2017, entraînant une chute des cours et une prise de conscience que chaque projet blockchain ne se traduit pas forcément en investissement rentable.
Professionnalisation du marché. Les petits investisseurs se retrouvent désormais face à des acteurs institutionnels. Ces derniers peuvent facilement vendre à découvert les crypto-actifs qui leur semblent surévalués.
Lutte autour de Bitcoin cash (BCH). Lancé l’an dernier, BCH peinait à convaincre le marché que sa technologie était supérieure à celle du Bitcoin original (BTC). S’en est suivi une lutte entre ses trois principaux concepteurs pour le modifier.
D’un côté, Mr Craig Wright, qui prétend être le créateur du Bitcoin (et qui est le seul à le croire), veut augmenter la taille des blocs de données de 8 à 128 mégabytes, dans le but de faire baisser les coûts de transaction.
De l’autre, Roger Ver (surnommé un temps Bitcoin Jesus, désormais Bitcoin Judas) et Jihan Wu (propriétaire de la société de matériel de minage Bitmain) veulent maintenir l’architecture de base de BCH tout en y ajoutant les contrats intelligents à la façon de la monnaie Ethereum.
Le divorce a été consommé le 15 novembre et deux monnaies BCH SV et BCH ABC se sont livrées à une concurrence acharnée pour surpasser l’autre en puissance de calcul. L’incertitude du résultat a fait plonger leurs cours, à tel point que les deux camps minaient à perte. Cela signifie que les coûts en électricité étaient supérieurs à la récompense monétaire tirée du traitement des blocs.
Nul doute qu’on a vendu des BTC de part et d’autre pour financer cet « effort de guerre » faisant davantage plonger les cours. Après une dizaine de jours et de millions dépensés, on se dirige vers une victoire à la Pyrrhus du camp ABC.
Toutefois, la dispersion de la puissance de calcul de BCH sur ces deux monnaies favorisera à long terme le Bitcoin (BTC) dont le réseau est soutenu par 20 fois plus de puissance.
Le prochain cycle du Bitcoin sera donc celui de la raison.
Seules les ICO solidement conçues trouveront preneur et à des prix plus raisonnables qu’en 2017. Les concurrents du Bitcoin sont loin derrière et risquent de souffrir d’un désintérêt des mineurs comme du marché.
La baisse des cours conjuguée à l’émergence de nouvelles solutions d’investissement favorise l’arrivée d’argent institutionnel en 2019.
Le 22 novembre, un produit indexé sur les crypto-monnaies a été lancé à la bourse suisse.
Le gendarme boursier américain (SEC) va prochainement rendre sa décision sur le lancement d’un fonds régulé (ETF) sur le Bitcoin. Nul doute que l’arrivée d’un tel produit sur le plus grand marché boursier du monde assiérait définitivement le statut du Bitcoin comme un actif à part entière.
Enfin, le cycle de la raison amènera des épargnants du monde entier à envisager le Bitcoin comme moyen de défense contre un système financier incertain. Dès le 1er janvier en France, 3000 bureaux de tabac vont permettre l’achat de Bitcoin à leurs clients.
Un pas de plus vers la démocratisation d’une solution complexe mais au combien puissante ?
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