Bons Baisers de Davos
En ce début d’année 2010 et alors que nos autorités politiques et monétaires conseillées par d’éminents spécialistes ne semblent débattre que de l’ampleur de la reprise et de la croissance économiques, récapitulons quelques vérités glaciales.

Avec des déficits publics par rapport à leur P.I.B. respectifs de l’ordre de 12.7%, de 12.2% et de 6.7%, la Grèce, l’Irlande et le Portugal sont en plein processus de "mort lente". La croissance quasi inexistante de leur économie les condamnant effectivement à aggraver leurs déficits du fait de leur impossibilité à dévaluer leur monnaie, l’alternative - à savoir la faillite souveraine - n’est guère plus réjouissante...
Avec un déficit comparé à son P.I.B. de 9.6%, c’est toutefois l’Espagne, quatrième économie de l’Union, qui cause le plus de soucis à l’Euro car ce pays, qui subit un chômage effroyable (20% de la population active), a également le système bancaire le plus fragile de l’Union Européenne. La baisse généralisée des salaires et la réduction massive des dépenses Gouvernementale, seules planches de salut pour éviter la spirale déflationniste, n’y étant pas à l’ordre du jour car Zapatero, le chef du Gouvernement, n’a pas encore jugé opportun de préparer son opinion publique à des mesures d’austérité.
En fait, les "credit default swaps" mesurant le risque de faillite de 54 pays à travers le monde sont aujourd’hui en progression de plus de 14% en quatre mois, démontrant ainsi une crainte accrue de banqueroute de certaines nations, (source : Depository Trust & Clearing Corp.). Dans la conjoncture présente, il est affligeant de constater que c’est les pays Européens qui sont en grande partie responsables de cette vague de pessimisme sans précédent du marché, les risques du dépôt de bilan du Portugal et de l’Espagne étant respectivement en progression de 23 et de 16% !
Il est ainsi tout naturel que le rendement du bon à 10 ans de l’Etat Grec ait hier atteint un sommet à 6.92% démontrant la surprime fort coûteuse que doit payer ce pays afin d’être en mesure de financer sa dette ! Ce rendement, de 3.6% au-dessus du rendement obligataire US ou Allemand pour la même période et de 2.97% supérieur au rendement d’une obligation d’un pays émergent de taille moyenne, prouve de manière cinglante que les investisseurs considèrent aujourd’hui qu’un pays émergent présente moins de risques de défaut de paiement que la Grèce...
En réalité, c’est l’ensemble du marché de la dette, Européenne et Américaine, qui semble en ce début d’année en proie à un questionnement existentiel puisque les ventes d’obligations publiques et privées ont régressé de 20% en Janvier par rapport à Décembre 2009 (source Bloomberg). Comment s’étonner d’une telle frilosité d’investisseurs stupéfaits du déficit budgétaire US annoncé cette année à 1’350 milliards de dollars, soit à 9.2% du P.I.B. Américain ?
Et comment réconforter nos amis spéculateurs boursiers qui, en tenant compte de la variable inflationniste et du pouvoir d’achat des devises, ont perdu 50% sur l’indice Standard & Poors 500 et 70% sur le Nasdaq 100 en l’espace de 10 ans ? Que dire à notre pauvre propriétaire immobilier Américain qui constate avec amertume que le prix de sa maison est au même niveau qu’il y a 10 ans alors que 25% au moins des prêts hypothécaires US accusent des défauts de paiement et que le revenu des ménages y est pour solde en régression sur la même période et en données corrigées de l’inflation et ce en dépit du doublement du prix de l’essence... ?
La "reprise économique" (2003 - 2007) subséquente à l’implosion des valeurs technologiques s’est accompagnée - et à été rendue possible - par une aggravation de 66% de la dette globale (publique et privée) des Etats-Unis d’Amérique passée de 32 à 53’000 milliards de dollars, ce chiffre étant attendu autour des 90’000 milliards (soit en augmentation de 40% supplémentaires) à l’issue de la "reprise" actuelle ! Il est vrai que le P.I.B. de la première puissance mondiale est aujourd’hui en amélioration de l’ordre de 40% en 10 ans ... progression entièrement redevable au gonflement de la dette Américaine ayant permis de consommer car strictement rien n’a été crée aux Etats-Unis en une décennie !
Cette fameuse croissance estimée par certains à 5% en 2010 coûtera donc la modique somme de 37’000 milliards de dollars au contribuable Américain. L’alternative - autrement le prix à payer pour ne pas alourdir l’endettement US - étant une diminution de 20% du P.I.B. Américain !
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