Casablanca : « jouer » à la mondialisation à trois heures de Paris
La mondialisation, autrefois réservée aux grandes entreprises, connaît, grâce à la démocratisation des moyens de communication, une accélération. Aujourd’hui, avec Skype, Easyjet et autres eBay, ce sont les PME qui entrent dans la course et qui veulent, elles aussi, « jouer à la mondialisation ».
L’histoire que je vais vous raconter commence il y 1quinze ans. Un ami chef
d’entreprise, installé à Paris, avait choisi de « délocaliser » sa
société à Nantes. Sa société de marketing direct employait à l’époque quatre
personnes en région parisienne. Il avait peu de contact physique avec ses
clients, si ce n’est au travers de salons spécialisés. Il avait envie de soleil
et de s’acheter une petite maison au bord de la mer pour assurer sa retraite.
Le TGV Paris / Nantes venait d’être mis en place et permettait de joindre Paris
en trois heures. Il emploie aujourd’hui une dizaine de personnes et ne regrette pas
son choix.
Si mon copain se trouvait aujourd’hui à Paris, il ne penserait peut-être plus à déplacer son activité à Nantes. Les prix de l’immobilier ont grimpé et trouver des ressources compétentes est aujourd’hui beaucoup moins évident.
Pour la suite de cette histoire, je voudrais vous parler d’un
autre ami, Lionel. Agé de 33 ans, il a quitté Paris il y a un an et demi pour
s’installer à Casablanca. Il dirige une société de vente en ligne d’articles de
sport qui emploie aujourd’hui huit personnes. Ses clients sont en Europe, ses
fournisseurs en Chine ou au Pakistan et l’essentiel de son personnel réside au
Maroc. La raison de son installation ici est en grande partie économique.
Son activité repose essentiellement sur du travail à distance : des commerciaux travaillant au téléphone, un informaticien
faisant évoluer le site wWeb et du personnel traitant les factures et le suivi
des commandes.
L’informaticien perçoit un salaire net de 8 000 dh (1), les
commerciaux 4 000 dh (plus intéressement) et le personnel traitant les
commandes 3 500 dh. Il a gardé un infographiste en France. Il réalise une économie
de 6 000 à 8 000 euros net par mois en charge de personnel, soit pratiquement 80
000 euros net par ans, l’équivalent de son bénéfice.
Il me confiait qu’au-delà de l’économie de salaire, il avait
du mal à trouver du personnel stable en France. Le travail de back-office étant
répétitif, le turnover était fréquent et rendait périlleuse son activité. Il est
content d’être ici car il vit bien. Pour le loyer d’un studio à Paris il occupe
un appartement trois fois plus grand avec terrasse. Il compte acheter une villa l’année
prochaine, ce qu’il n’aurait jamais pu faire en France.
(1)
11 dh = 1 euro / Smic marocain = 1800 dh
(2) Relire "Johnny,
l’arbre qui cache la forêt"
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