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Ce que la bourse dit des Etats-Unis et de l’Europe

A plus de 26 000 points, le Dow Jones a quasiment doublé par rapport à son point le plus haut atteint avant la grande crise financière de 2008, rejoignant mon exercice de politique-fiction de 2009. En revanche, je n’avais pas imaginé un tel décalage avec les bourses européennes, qui restent encore sous leurs plus hauts de l’époque. Que signifie cette grande divergence boursière ?

 

La grande victoire des actionnaires
 
Bien sûr, il est difficile de ne pas voir la part de bulle dans cette envolée des actions depuis 2009 : le Dow Jones a purement et simplement quadruplé, dans un des épisodes les plus longs de marché haussier. Il y a une vraie part d’exubérance irrationnelle quand les marchés accordent à Tesla une valorisation de 50 milliards (plus que Renault et PSA réunis), alors que l’entreprise accumule les pertes. Mais il y a aussi une part de rationalité à cette envolée des marchés. En effet, jamais les entreprises n’avaient gagné autant d’argent (60 milliards en un trimestre pour les banques aux Etats-Unis), et distribué autant de dividendes (près de 500 milliards dans le monde au second trimestre).
 
Il y a donc un sens à cette progression des marchés financiers : cette hausse des cours reflète la capacité des entreprises à dégager toujours plus de profit. Qui plus est, la faiblesse des taux courts et longs favorise la demande d’actions par rapport aux obligations. Bien sûr, il y a des excès, mais ils reposent quand même sur une réalité : les profits tellement hauts des multinationales que The Economist, la bible du monde des affaires, s’inquiète régulièrement de leur niveau trop élevé. En clair, le niveau du Dow Jones reflète un fort déséquilibre de nos économies, en faveur des grandes entreprises, du monde financier et des plus riches, en position de rapport de force toujours plus favorable.
 
En somme, c’est la victoire de quelques riches intérêts particuliers sur l’intérêt général qui est célébré tous les jours à Wall Street. Mais que signifie alors le décalage avec la situation européenne ? D’un point de vue positif, on peut se dire que nous n’avons pas atteint les excès étasuniens, et que le déséquilibre est moins grand. C’est vrai, mais malheureusement, nous continuons à en prendre la direction, les inégalités ne cessent de progresser, les plus forts obtiennent toujours plus, au détriment de tous les autres. Notre retard dans la marche oligolibérale nous préserve un peu, mais la situation se déteriore, comme nous le voyons en France avec cette présidence au service du monde des affaires.
 
Les ultralibéraux affirmeront sans doute que le décalage transatlantique représente une supériorité du modèle étasunien, mais par delà le fait que la situation outre-Atlantique n’est guère réjouissante, on peut aussi y voir une illustration du fardeau que représente l’UE, l’intégration ne cessant d’accentuer le décalage. La moindre envolée des indices européens, c’est aussi le poids de cette monnaie taille unique, inadaptée aux pays européens, et qui a freiné les ardeurs de la BCE à monétiser les dettes publiques, au contraire des autres grands pays occidentaux. Enfin, c’est une ouverture plus extrême et destructrice au libre-échange, qui a fait tant de mal à de nombreux pays du continent.
 
 
A ce titre, il est intéressant de constater que ce qui a été vu comme un apaisement avec la Chine (avec le choix de taxes à 10% au lieu de 25%) ait profité au marché, indiquant à nouveau à qui profite l’anarchie commerciale. A moins que leur éventuelle mise en place aujourd’hui même et que l’escalade commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ne douchent leur optimisme.

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3 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 26 septembre 2018 11:54

    Et vos bourses, qu’est-ce qu’elles en disent ?


    • canari 26 septembre 2018 15:22

      plus ça monte .....plus ca degringoleras ,le probleme c est de savoir quand ... !!!


      • Alren Alren 27 septembre 2018 13:06

        Toutes ces transactions boursières portent essentiellement sur du vide, celui de l’argent monnaie de singe, loin de l’investissement dans l’économie réelle, qui est celle de l’ajout de plus-value par le travail.

        Le cycle financier de l’économie réelle producteur-consommateur-producteur ... se voit progressivement asséché par les prélèvements excessifs opérés par les détenteurs de cet argent monnaie de singe au nom du droit de propriété des moyens de production.

        Cet assèchement qui devrait se traduire dans nos pays par une sévère perte du pouvoir d’achat est masqué par le remplacement de produits locaux par des produits importés à bas coût de main d’œuvre, bon marché.

        Comme on ne peut financer ces importations par des exportations équivalentes et comme les ultra-riches fraudent en France pour 100 milliards d’impôts, il est clair que le système devra lâcher un jour ou l’autre.

        Le problème sera alors de présenter la « note » non pas aux travailleurs mais aux capitalistes.

        Il faudra pour cela un gouvernement et une Chambre fortes et fortement à gauche

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