Ce que nous apprend la taxe sur les sodas
La mise en place par le Gouvernement d'une taxe sur les sodas est symptomatique du fonctionnement de la majorité actuelle. Elue sur la promesse de baisser la fiscalité elle l'a alourdit aux moyens de taxes gadgets. Muselés durant la première partie du quinquennat de Sarkozy, ses parlementaires n'hésitent plus désormais à défier le Gouvernement. Il n'est pas exclu non plus que cet épisode ne révèle pas en plus le mélange des genres entre décision publique et intérêts privés dans la Sarkozie.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH559/Soda-bae75.jpg)
Le Canard Enchaîné de la semaine dernière le rappelle ("Ali Sarko et les trentes taxes"), Sarkozy s'est fait élire sur la promesse de baisser les impôts. Or depuis qu'il est élu les prélèvements obligatoires sont passés de 43,6% du PIB à 44,5%. Une belle réussite. En fait seul les contribuables bénéficiant du bouclier fiscal, c'est à dire les plus riches, peuvent lui dire merci. Et pour ne pas avoir l'air de renier ses promesses, Sarkozy a fait preuve de créativité en créant plus de 30 nouvelles taxes, comme la taxe sur les clés USB, la taxe sur les nuits d'hôtels à plus de 200 euros ... Et fin août, face à la crise qui gonfle en Europe, le Gouvernement nous propose une nouvelle vague avec notamment la taxe sur les sodas.
Officiellement l'on nous a bien précisé que cette taxe devait servir à lutter contre l'obésité. Mais avec un impact initialement prévu de 1 centime pas bouteille, il y avait peu de risque que cela freine la consommation. Pas plus d'ailleurs avec le doublement de cette taxe finalement retenu sous la pression des députés UMP. C'est aussi au nom de la lutte contre l'obésité que le Gouvernement s'est opposé à l'inclusion des boissons "light" dans l'assiette de la taxe, pour finalement plier devant les amendements des députés de son propre camp. Comme si les édulcorants étaient une recette miracle pour éviter de grossir. Si cela était le cas, cela se saurait. Par contre des rapports scientifiques dénoncent de plus en plus les risques de cancers associés à la prise d'aspartame comme le rappelle régulièrement le député socialiste Gérard Bapt. En fait le véritable objectif de cette taxe est de financer de manière quasi indolore une diminution de 10% des cotisations sociales payées par les agriculteurs pour leurs salariés. Alors que la campagne présidentielle va s'ouvrir, il faut bien que la droite soigne ses électeurs. Mais même si elle sera à peine perçue par les consommateurs (encore que, on peut s'attendre à ce que les producteurs de soda augmentent leur prix au-delà des 2 centimes de la taxe), elle représente quand même un manque à gagner pour ces industriels qui ne se sont pas laissé faire. Pour une société comme Coca-Cola, défendu par le géant mondial de la communication, Publicis, les boissons light représentent 50 % des ventes en France. Et pour Pepsi, défendu par Euro RSCG on est à priori dans les mêmes proportions. Alors, après avoir compris qu'elles n'éviteraient pas la taxe, elles se sont ralliés à l'idée de ne pas taxer les boissons avec édulcorants au nom de la lutte contre l'obésité.
C'est là qu'il y a peut être matière à s'interroger sur certains discours au sein du Gouvernement. Les deux Ministres les plus en pointe sur ce dossier, qui nous vendent le thème de la lutte contre l'obésité, qui exhortent les députés à ne pas inclure les sodas light, sont Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Cela semble normal sur ce dossier, l'un gère le Budget, l'autre la Santé. Mais ce qui est quand même troublant dans l'affaire c'est que ces deux Ministres ont pour conseillers en communication deux anciens de l'agence Euro RSCG C&O : Jean-Marc Zakhia pour Pécresse et Gwladys Huré pour Bertrand. Or Euro RSCG gère des budgets comme Pepsi ou Mc Donald's, deux sociétés un peu concernées par cette taxe. Et Xavier Bertrand a montré par le passé sa grande proximité avec les causes défendues par Euro RSCG C&O comme le révèle le livre Les Gourous de la Comm : participation à des inaugurations de projets de la Fondation Mc Donald's, visite du siège social, repas pris dans des Mc Do lors de déplacements forcément accompagné par des journalistes, déclaration à la presse en faveur du bon équilibre des petits déjeuners de cette chaîne de fast-foods (il n'y a qu'à voir le résultat sur lui ...). Peut être tout cela n'est-il qu'une coïncidence, mais le problème avec ce Gouvernement, c'est que l'on a eu maintes occasions de vérifier le mélange des genres entre décision publique et intérêts privés. Et même si c'est anecdotique au niveau de la taxe sur les sodas, ce n'en est pas moins révélateur des atteintes portées par l'UMP à l'idéal républicain.
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