Ces 147 sociétés qui dominent le monde
Selon une équipe de chercheurs de Zurich, l’économie mondiale est hyperconcentrée. Leur étude souligne la fragilité d’un système financier contrôlé par un petit groupe de multinationales, liées entre elles par des participations croisées. (Voir l’article du Courrier International)
Mon commentaire :
Comme souvent, sinon toujours dans la littérature libérale lorsque le système est désavoué, seules sont pointées du doigt les multinationales ou autres institutions anonymes dont les dénominations sociales sont données en pâture alors que le nom de leurs commanditaires, les grands actionnaires dont les familles se comptent sur les doigts de quelques mains, sont pudiquement tus. Distinguons bien ici les grands actionnaires des petits porteurs, des boursicoteurs du dimanche. Le cadre d’investigation de l’étude est en effet défini d’entrée : « un système financier contrôlé par un petit groupe de multinationales, liées entre elles par des participations croisées ». N’eut-il pas été plus instructif et honnête d’appréhender le système financier via le maillage des participations qui contrôlent de facto ces multinationales ?… Il est en fait plus prudent pour les grands bourgeois, les nouveaux seigneurs, de ne jamais apparaître en première ligne et de disposer entre eux et la « plèbe » des intermédiaires aptes à les innocenter de toute « indélicatesse ».
S’ensuit, après avoir évoqué l’utilité de l’étude, à savoir « renforcer la stabilité du capitalisme », une série de considérations destinées à disculper et même à justifier le système.
- « La plupart des actions sont entre les mains de gestionnaires de fonds qui ne contrôlent pas forcément ce que font réellement les entreprises qu’ils possèdent partiellement ». Quid des commanditaires de ces gestionnaires de fond, de leurs carnets d’adresse, de leurs intérêts partagés ?
- « La réalité est tellement complexe qu’il faut s’éloigner des dogmes, que ce soient ceux du libéralisme ou ceux des tenants de la théorie du complot ». Voila qui renvoi apparemment dos à dos « libéralisme » et « théorie du complot » mais la complexité du système, les subprimes, les fonds toxiques, la dette souveraine ne sont-ils pas d’indubitables complots ?
- « ces 147 entreprises sont trop nombreuses pour former une collusion. (…) elles se concurrencent sur le marché mais agissent ensemble pour protéger des intérêts communs ». Quels sont ces intérêts communs si ce ne sont les privilèges de leurs commanditaires, la classe dominante ?
- « Ce genre de structure est très répandu dans la nature ». Et voici le libéralisme naturalisé ! Quelle prétention n’est-ce pas que d’aller à l’encontre des lois naturelles ? Que n’abandonnons-nous pas la roue et le feu… et pourquoi pas l’argent tant que nous y sommes ?
- « Dans n’importe quel réseau, les nouveaux arrivants cherchent de préférence à créer des liens avec les membres les mieux connectés ». Voici l’éloge de l’opportunisme, qui s’en étonnerait ?
- « Le fait, dénoncé par les militants d’Occupy Wall Street, que 1 % de la population possède l’essentiel des richesses est le résultat logique de l’économie auto-organisée. Pourquoi ne pas appeler un chat un chat, l’économie auto-organisée ne s’appelle-t-elle pas « libéralisme » ?
Tout ceci pour mettre en garde contre ces textes aux apparences frondeuses – le titre à lui seul donne ici le ton – qui sont le fruit d’une institution et probablement inspirés par quelque think-tank à l’objectivité on ne peut plus opportuniste. Ceci aussi pour dénoncer l’usage d’entités anonymes telles que les multinationales, les banques, la finance pour préserver les véritables bailleurs et profiteurs de ce système qui gangrène le monde : la grande bourgeoisie.
Article parue sur RWAZA repris sur 2ccr
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