Chèque en bois ou chèque en blanc ?
Les mesures qui se succèdent pour maintenir le pouvoir d’achat donnent le tournis. On pourrait croire (mais ce serait une erreur) que le ruissellement théorisé par les économistes à la petite semaine est en train de produire des effets, sauf que l’argent sort des poches percées de l’Etat, les vôtres, donc, et non de celles des bénéficiaires des cadeaux fiscaux de début de mandat (ISF, flat tax,…).
Nous sommes à trois mois des élections présidentielles, c’est tout !
Y’en aura pour tout le monde
Entre une prime inflation, une prime pour les travailleurs de première ligne, un chèque énergie, le blocage des tarifs du gaz et de l’électricité, la majoration des déductions fiscales pour les contribuables aux frais réels, on serait tenté de donner un chèque en blanc à ce gouvernement qui se préoccupe à ce point du sort des travailleurs et des personnes en difficultés. On parle de 25 Milliards, ce qui n’est pas rien. Rappelons que le conflit des gilets jaunes s’était terminé par 14 Milliards de dépenses supplémentaires (mais il n’y avait pas d’élections en vue)
Et ce n’est pas tout ! Il y a eu aussi la suppression de la Taxe d’habitation destinée à favoriser les plus modestes et qui s’est terminée par une exonération des 20 % les plus aisés pour une bête histoire d’égalité des citoyens devant l’impôt.
N’oublions pas non plus la baisse des cotisations sociales des salariés destinée à leur « redonner du pouvoir d’achat » pour conclure que jamais un gouvernement se sera autant démené pour distribuer autant d’argent, de manière parfois aléatoire, y compris à ceux qui ne sont pas dans le besoin, et qui se sont contentés de s’enrichir au lieu de ruisseler sur l’économie.
Enfin, un petit mot sur le « quoi qu’il en coûte » qui coûtera quand même cher aux finances publiques parce que des escrocs ont profité de l’aubaine pour créer des sociétés fictives et encaisser des aides et que d’ores et déjà des entreprises ont annoncé qu’elles ne pourraient pas rembourser les prêts garantis par l’Etat pendant que d’autres en ont profité pour se faire de la trésorerie à bon compte. Mais tout est permis dans le pays où la fraude fiscale est un sport de riches…
Tout cela serait très bien, à deux ou trois détails près
Tout d’abord le budget de l’Etat est en déficit chronique depuis plus de 30 ans, par conséquent tout cela a été financé à crédit par de la dette supplémentaire. Je n’oublie pas le budget de la sécurité sociale qui a fait les frais des baisses de cotisations sociales successives et sur lequel seront imputées beaucoup de dépenses dues à la pandémie. Par conséquent toutes ces mesures prises à la va-vite pour éviter tout mouvement social, ne sont rien d’autre que des chèques en bois émis par un Etat en faillite qui vous fera payer la note sans broncher, après les élections.
Les économistes complaisants vous diront qu’on emprunte depuis quelques temps à taux zéro, voire moins, ce qui permet de s’endetter à bon compte, sauf que cela ne durera pas aussi longtemps que les contributions comme on dit, et que la charge de la dette risque fort d’exploser si cette cavalerie financière continue dans les années à venir.
Ensuite, on est à la recherche de la cohérence de ces mesures qui s’empilent et se chevauchent. Serait-ce pour éviter des mesures générales de baisses d’impôts et de taxes (énergie, essence, par exemple), ou pour de bêtes raisons électoralistes ? Dans cette hypothèse, il convient d’analyser les bénéficiaires divers et variés des aides, primes et autres chèques pour constater qu’on a surtout cherché à ratisser large pour satisfaire un maximum de gens, avec effet attendu dans les urnes…
Autre hypothèse, l’existence d’un agenda caché de réformes à venir…
Macron et la réforme soft en marche
Dans cette cavalerie financière on retrouve plusieurs ingrédients l’ultralibéralisme mondialisé (privatisation des profits et mutualisation des pertes) qui laisse peu de place à des orientations politiques différentes (ça tombe bien, le gouvernement actuel est bien dans le moule). On ne dit plus aujourd’hui « le travail doit payer » puisque c’est l’Etat qui pourvoit désormais au maintien du revenu des actifs avec ces primes, exonérations et autres chèques. Les augmentations actuelles de salaires dans la restauration ne sont que du différé de la baisse de TVA décidée sous Sarkozy.
Sauf que ce que vous aurez touché en « primes » diverses et variées, ne sera pas pris en compte pour vos prestations au titre de la maladie, du chômage ou bien des retraites : prévoyez dès aujourd’hui la couverture premium pour vos assurances et vos pensions. Votre retraite s’annonce mal.
Prévoyez aussi l’endettement pour les études de vos gosses pour cause de privatisation rampante des facs, quelques autres privatisations avec services devenant payant, ainsi que la fin des 35 heures…
Le vieux rêve du Medef de « baisse des charges » est donc en train de prendre forme, à bas bruit, sans manifestations, avec en sus la diminution des impôts de production. Bientôt la formule « le travail doit payer » sera remplacée par « l’Etat doit payer pour le travail », et l’Etat c’est vous et moi.
Elle est pas belle, la vie ?
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