Choc pétrolier 1973 2013, 40 années de gâchées

Les années 70 marquent indéniablement la fin de la prospérité suprême des pays occidentaux, l’agonie de ce que Jean Fourastié appellera les Trente Glorieuses. S’ouvrira alors le lien entre croissance et énergie bon marché, parallèlement, l’arrivée sur le devant de la scène des producteurs de pétrole et de leur cheval de bataille l’OPEP, organisation tant économique que politique. Les Arabes, humiliés par Israël, indéfectiblement soutenu par les Etats-Unis, tiennent là un moyen de rebattre les cartes. La face du monde en sera bouleversée. La guerre du Kippour en 1973, la révolution islamique en 1979 en Iran, la première guerre du golfe, puis la deuxième, les attentats du WTC en septembre 2001, ces évènements successifs ont mis en exergue cette partie du monde qui n’avaient connu pareil intérêt que par les prophètes qu’elles avaient enfanté.
En réalité, le premier choc pétrolier date de 1971. les Etats-Unis atteignent leur pic de production . L’économie US se goinfre d’énergie sans souci de modération, et le pétrole se négocie à 3 dollars le baril.
De surcroît, le 15 août 1971, les États-Unis annulent la convertibilité du dollar en or ( accords de Bretton Woods) Le système des taux de change fixes s'écroule définitivement en mars 1973 au profit d’un système de changes flottants. Le dollar américain se déprécie fortement, les revenus des pays exportateurs, fixés dans cette monnaie baissent d’autant ; l’OPEP décide dorénavant de réajuster ses prix en fonction des cours de l’or.
1973 marquera la fin de l’énergie quasi gratuite, car aux revendications purement économiques s’ajouteront des exigences politiques. L’arme du pétrole en réponse à la suprématie de Tsahal, portée à bout de bras par l’oncle Sam. La guerre du kippour, en octobre 1973 sera la dernière tentative à ce jour pour les arabes de reprendre les territoires occupés de Cisjordanie et Gaza , voire de déloger les Juifs de leur terre promise.
Suite au naufrage militaire, réunis à Koweit city le 16 octobre 1973, les producteurs du Golfe augmentent le prix de l’or noir de 70 % , et décident un embargo envers les Etats-Unis et l’Europe occidentale. L’embargo sera levé 5 mois plus tard, mais l’inexorable montée des prix du pétrole se poursuivra. Aujourd’hui en 2013, il se négocie au dessus de 100 dollars, et il semble assez vraisemblable que son prix s’orientera toujours vers une hausse plus ou moins régulière.
Ce petit rappel historique montre qu’en cette fin d’année 1973, toutes les cartes sont sur la table, 40 ans plus tard, devant l’impéritie des politiciens, il est permis de s’interroger sur l’inefficacité patente et leur absence de vue à long terme.
Car on vient nous rebattre les oreilles désormais avec la transition énergétique alors qu’il y a 40 ans que nous aurions dû nous en inquiéter. Combien de milliards en moyens militaires ont été dépensées pour sécuriser le Moyen Orient afin d’ abreuver notre addiction au pétrole.
Ce n’est pas pour des raisons écologiques uniquement qu’il eut fallu s’alarmer, mais bien pour des raisons d’indépendance énergétique, sous entendu, avoir les coudées franches en matière économique. Notre facture pétrolière a été en 2012 de 54 milliards d’euros et 14 milliards pour le gaz, ce chiffre est à rapprocher du déficit commercial de 2011, soit 69 milliards d’euros. Troublant non, cette superposition quasi parfaite des chiffres ? Hors énergie , nous serions à l’équilibre.
40 années donc de perdues à tergiverser, à prendre des mesures marginales comme l’heure d’été, pour économiser quelques gouttes du précieux sésame, alors qu’il aurait fallu investir massivement dans la recherche. Mon propos n’est pas de savoir s’il fallait favoriser telle ou telle énergie, mais regardons les progrès dans tous les domaines, informatique, électronique et bien d’autres, seul le secteur de l’énergie est resté inefficient, les véhicules consomment à peine moins qu’il y a 40 ans, le fuel reste un moyen de chauffage fortement implanté, l’isolation des logements en est encore aux balbutiements… et la faute à qui ? des gouvernants, manipulés par les lobbies pétroliers et les pays producteurs pour refourguer leur liquide visqueux jusqu’à la dernière goutte, quitte à polluer l’atmosphère, les océans. Pas plus tard qu’en 2009, la Conférence de Copenhague a été torpillée, outre par les Etats-Unis, mais aussi par l’Arabie saoudite, bien consciente qu’en cas de succès du processus, elle devrait remballer ses gaules et aller pêcher à terme rapproché bien moins de dollars en vendant des chameaux à Riyad.
A cet échec économique s’est greffé un imbroglio politique, les Arabes continuent de fustiger Israël qui n’en a cure et qui continue sa politique de colonisation à marche forcée de la Cisjordanie, approuvé par le Ponce Pilate yankee, les islamistes radicaux, qui n’en demandaient pas tant, vomissent leur haine à coups d’attentats suicides.
Voilà comment le capitalisme financier, avec pour stratégie ses profits à court terme, a corrompu les politiques et nous contraint désormais à agir dans l’urgence, à chercher des solutions toujours à court terme, comme l’éventualité des gaz de schistes. Souhaitons que l’histoire s’accélère enfin, et que cette transition énergétique, nécessaire et souhaitable, ne soit plus soumise aux lois iniques de lobbies corrupteurs.
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