Chômeurs , « Ensemble tout est possible »... surtout le pire
Alors que la crise financière bat son plein, le gouvernement n’a trouvé qu’une solution immédiate pour ne pas plomber les futurs chiffres du chômage : rendre encore pus difficile la vie des chômeurs.
Selon la loi, tout demandeur d’emploi est "tenu d’accepter les offres raisonnables d’emploi" telles que définies dans le texte.
Refuser, sans motif légitime, à deux reprises une offre raisonnable d’emploi expose à une radiation de deux mois, au lieu de quinze jours actuellement, selon le décret. A partir d’octobre, "au plus tard dans les quinze jours suivant l’inscription à l’ANPE", un demandeur d’emploi devra élaborer avec son conseiller un projet personnalisé d’accès à l’emploi.
Au bout de trois mois de chômage, il devra se satisfaire d’"un emploi compatible avec ses qualifications et compétences professionnelles", dès lors qu’il est "rémunéré au moins 95 % du salaire antérieurement perçu".
Après six mois de chômage, il devra accepter une offre d’emploi, même si le salaire proposé atteint 85 % de la rémunération précédente et devra accepter d’aller travailler plus loin. Après un an d’inscription à l’ANPE, une offre d’emploi sera "raisonnable" si elle est "compatible avec les qualifications et les compétences du demandeur d’emploi et rémunéré au moins à hauteur du revenu de remplacement" versé par les Assedic ou, pour les chômeurs en fin de droit, l’Etat.
Environ 40 000 sanctions par an
Selon l’entourage de Laurent Wauquiez, "l’objectif n’est pas d’augmenter le nombre de sanctions, mais d’avoir un système plus efficace qui incite davantage la petite minorité de gens qui ne cherchent pas forcément activement un emploi à rentrer dans le jeu".
Environ 41 000 sanctions, quel que soit le motif (refus d’emploi, absence aux entretiens, fausses déclarations, etc.) ont été prononcées en 2007, et 42 000 en 2006, par les Directions départementales du travail, selon la même source.
Un chômeur s’exposera aussi à une radiation s’il refuse d’élaborer ou d’actualiser au moins tous les trois mois son projet personnalisé d’accès à l’emploi. Source Nouvel Obs.
Ces mesures ont été, il faut le préciser, prises sous la pression ou avec l’accord des parlementaires de la majorité présidentielle. Mais, au fait, puisque ceux-ci semblent agir en experts du monde du travail, est-il possible de connaître la profession d’origine de nos députés ?
Eh bien oui, et c’est disponible sur le site INEGALITE
L’origine sociale des députés - le 9 septembre 2008
Employés et ouvriers représentent la moitié de la population active, mais à peine 6 % des députés.
Alors que les employés et les ouvriers représentent plus de la moitié de la population active, seul 1% des députés proviennent de leurs rangs. Et encore, certains élus ont quitté leur profession d’origine depuis de longues années. A l’inverse, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 59 % de l’ensemble. Avec les professions libérales, ils forment les trois quarts des députés.
Pour se faire élire, il faut d’abord pouvoir mobiliser des moyens importants, notamment financiers. Il est préférable d’appartenir aux réseaux du pouvoir, mais aussi de savoir et d’oser s’exprimer en public, notamment. Toutes ces "compétences" vont souvent de pair avec un bon niveau de diplôme et un niveau de vie suffisant. Il faut aussi pouvoir être candidat, c’est-à-dire y consacrer de longues heures au-delà de son temps de travail. Enfin, il faut assumer le risque d’un "retour sur terre" difficile en cas de non-réélection. Dans ce domaine, les catégories les plus avantagées sont les fonctionnaires - qui peuvent se mettre en disponibilité - et les indépendants qui peuvent faire gérer leurs affaires par un tiers (par exemple, les médecins ou les avocats).
… / …
Dominique Andolfatto, maître de conférence en science politique à Nancy-Université. Tableau extrait de "Revue politique et parlementaire" n° 1 044 - juillet/août/septembre 2207. Source : Calculs réalisés par l’auteur * d’après les données de l’Assemblée nationale. Année des données : 2007 - Sources INEGALITES
Révélateur non ?
Mais par contre, en termes de chômage, les premiers à se protéger ont été ces mêmes députés comme nous le révélions dans un article de Slovar :
Avant de quitter la présidence de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, nouveau président du Conseil constitutionnel, a fait un joli cadeau à ses amis députés de tous les partis : une loi, votée en catimini par tous les groupes, permettant à tous les députés non-réélus en juin prochain, de continuer à percevoir leur indemnité parlementaire pendant encore soixante mois au lieu de six actuellement.
Bien entendu, cette généreuse "indemnité chômage" est totalement inconditionnelle, et l’heureux bénéficiaire de cette jolie rémunération sur cinq ans n’est tenu à aucun engagement quelconque, comme par exemple justifier de la recherche d’un nouvel emploi, d’une visite mensuelle auprès d’un conseiller ANPE, ou d’une activité justifiant cette "aide sociale", bref, tout ce qui est demandé à des chômeurs ordinaires.
(...) Les indemnités attribuées aux députés ont été définies par l’ordonnance n° 58-1210 du 13 décembre 1958. L’indemnité de base est calculée "par référence au traitement des fonctionnaires occupant des emplois de l’État classés dans la catégorie présentement dite hors échelle. Elle est égale à la moyenne du traitement le plus bas et du traitement le plus élevé de cette catégorie", ce qui correspond au traitement d’un conseiller d’État ayant moins d’une année d’ancienneté dans son grade.
S’y ajoute l’indemnité de résidence, comme pour les fonctionnaires, au taux de 3 %. Selon l’article 2 de l’ordonnance précitée : "L’indemnité parlementaire est complétée par une indemnité dite de fonction. Le montant de cette indemnité est égal au quart du montant de l’indemnité parlementaire (indemnité parlementaire proprement dite majorée de l’indemnité de résidence).
Depuis le 1er février 2007, les indemnités mensuelles brutes sont les suivantes : • Indemnité de base : 5 400,32 € • Indemnité de résidence (3 %) : 162,01 € • Indemnité de fonction (25 % du total) : 1 390,58 € Soit un brut mensuel de 6 952,91 €.
Retenues obligatoires. Doivent être déduites du brut mensuel diverses retenues : • Cotisation à la caisse des pensions pendant les quinze premières années de mandat : 1 153,08 € • Contribution exceptionnelle de solidarité : 55,62 € • Contribution sociale généralisée et contribution au remboursement de la dette sociale : 539,55 € • Cotisation au fonds de garantie de ressources : 27,00 € Soit un net mensuel de 5 177,66 €.
Source : Altermedia-Info
On a vraiment la sensation que ceux qui sont ou vont être au chômage vont se sentir encore un peu plus seuls, surtout s’ils ont voté aux dernières élections législatives. La célèbre phrase de Coluche : "Un chômeur qui vote, c’est comme un crocodile en visite dans une maroquinerie", est semble-t-il en train de devenir une sordide réalité.
Il est à noter que cette mesure sort en même temps que le nouveau cheval de bataille du Medef : "La présidente du Medef, Laurence Parisot, a déclaré mardi que la priorité du patronat dans la prochaine négociation sur la convention d’assurance chômage va être d’étudier la possibilité d’une baisse des cotisations".
"Alors que nous sommes sur le point d’aborder la négociation, notre priorité va être d’étudier la possibilité d’une baisse des cotisations d’assurance chômage. Les taxes ne sont pas la solution, elles sont le problème", a-t-elle dit lors de sa conférence de presse mensuelle. Source Le Monde.
Là où le serpent se mord la queue, c’est lorsqu’on lit : "La ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, Christine Lagarde, a expliqué mardi qu’elle ne savait pas si l’objectif de faire baisser le taux de chômage à 5 % en 2012 serait atteint, compte tenu des chocs extrêmes du type de celui que prennent actuellement les économies".
"L’objectif défini par le président de la République et le Premier ministre c’est 5 %. C’est l’objectif vers lequel on tend tous nos efforts", a déclaré Mme Lagarde mardi lors d’un point de presse à Paris devant l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS).
"Est-ce que c’est tenable ? C’est comme si vous me demandiez quel sera le taux de croissance en 2012", a-t-elle ajouté. "Les chocs extrêmes du type de celui que prennent actuellement les économies arrivent forcément à des ralentissements qui étaient imprévisibles", a-t-elle ajouté.
"Le ralentissement, s’il devait se poursuivre, aurait forcément des effets en matière d’emploi et de chômage qui sont inchiffrables", a-t-elle souligné. Source Nouvel Obs.
EUREKA, on a trouvé un système pour faire moins contribuer les entreprises tout en mettant en route la machine à déclasser et à radier !
Si cette fois-ci, il se trouve encore quelqu’un pour prétendre que "Ensemble tout est possible" reste un slogan d’actualité, ce sera à n’y rien comprendre...
Crédit image
Sud Autoroute
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