Cocorico pour les jeux vidéo
Le groupe français Vivendi va fusionner avec l’américain Activision et va prendre ainsi une position dominante sur le marché mondial. Du côté de la création, le français Ubisoft résiste bien à l’hégémonie américaine.
Le journal Les Echos annonce le lundi 3 décembre la fusion prochaine (premier semestre 2008) du groupe français Vivendi avec l’éditeur américain de jeux vidéo Activision.
Une conquête du marché mondial
Dans ce nouvel ensemble, qui donnera naissance au plus important éditeur indépendant de jeux vidéo dans le monde, Vivendi possédera jusqu’à 68 % du capital. Vivendi Games a connu depuis trois ans un retour au premier plan avec le succès du jeu en ligne de World of Warcraft (9,5 millions de joueurs), mais accusait un gros retard dans le secteur des jeux sur console alors que les consoles connaissent un succès foufroyant (Wii de Nintendo, la PlayStation 3 de Sony et la Xbox 360 de Microsoft). Or, l’américain Activision est très présent sur ces consoles avec en particulier le jeu Guitar Hero, dont la dernière version a permis à Activision d’être l’éditeur numéro un aux Etats-Unis en octobre. Par ailleurs, l’opération se fait à moindre coût pour Vivendi. Dans un secteur qui affiche un taux de croissance de 9 % en moyenne par an, cela ne peut que constituer une excellente nouvelle.
Cinq Bretons dans le vent
Dans le secteur créatif, le français Ubisoft marche très bien aussi. Cette société française de développement et de distribution de jeux vidéo a été créée en 1986 par les cinq frères bretons Guillemot, originaires du Morbihan. Aujourd’hui, elle possède des filliales de production dans 22 pays et de distribution dans 55 pays. C’est le quatrième éditeur indépendant dans le monde (Japon excepté), le deuxième éditeur indépendant en Europe, le cinquième aux États-Unis.
Ubisoft est le créateur du mythique Rayman, d’Assassin’s Creed. Il résiste bien au marché dominé par trois Américains (Electronic Arts, Activision et THQ). Deux jeux très atendus, Rayman contre les lapins encore plus crétins et Assassin’s Creed ont été lancés le 15 novembre au niveau mondial. Contrairement à Vivendi, Ubisoft a depuis longtemps conquis les consoles. Ainsi, le premier épisode Rayman contre les lapins crétins a été, selon l’éditeur, l’une des trois meilleures ventes de ce début d’année sur la Wii, la nouvelle console de Nintendo. Assassin’s Creed a été développé pour la Xbox 360 de Microsoft et PS3 de Sony. Ce jeu est classé dans une catégorie nouvelle dite d’"aventure-action". Les joueurs peuvent évoluer dans le jeu avec une grande liberté d’action et de multiples scenarii possibles. Avec sa présence forte sur les consoles de marques différentes et son dynamisme innovant, Ubisoft peut espérer continuer de croître malgré la forte concurence étrangère. Ubisoft représente aujourd’hui 680 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2006, pour 40 millions de résultat net. C’est un des très rares éditeurs français encore capable de financer des sorties mondiales de cette envergure. Il faut savoir en effet que de telles éditions requièrent des investissements gigantesques. Assassin’s Creed a nécessité un budget d’environ 25 millions d’euros, dont 10 millions rien que pour la promotion !
La guerre impitoyable des jeux
Sur ce marché en croissance rapide, la concurrence est féroce et les chutes peuvent être fulgurantes. On se souvient d’une autre société française de création de jeu vidéo (sur ordinateurs et consoles), Delphine Software International (DSI), qui avait produit le célèbre jeu Moto Racer. Elle était d’abord devenue une filiale du développeur Doki Denki (tous les développeurs de Delphine Software avaient alors été licenciés). Puis, la nouvelle société avait à son tour déposé le bilan et une liquidation judiciaire avait mis fin au rêve en juillet 2004.
Aujoud’hui, le groupe Electronic Arts est entré au capital d’Ubisoft en 2004 et possède 15,4 % des parts, contre 13,4 %, et constitue une épée de Damoclès. Mais la famille Guillemot ne veut pas céder le contrôle...
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