Comment la JP Morgan a perdu 2 milliards de dollars
Boaz Weinstein. Ce nom circule énormément dans le monde de la finance depuis quelques mois. Et c’est normal pusqu’il s’agit du trader qui a planté la JP Morgan de Jamie Dimon. En partie par sa roublardise, la banque accuse une perte potentielle de 2 à 5 milliards de dollars. Depuis ce fait d’armes, Boaz est la petite starlette de Wall Street. Mais qui est-il et comment a-t-il plombé la JP Morgan ?
D’après un article intitulé “Traders et maîtres de l’échiquier” rédigé par Louise Couvelaire et paru dans le journal “Le Monde” du 17 décembre 2011, Boaz Weinstein doit sa carrière aux échecs. Comme bon nombre de trader star c’est chez Goldman Sachs, à New York, que Boaz a commencé sa vie de parieur professionnelle. Pratiquant les échecs de façons assidue depuis l’âge de 5 ans, il devient maître à l’âge de 16 ans. C’est en postulant à un stage d’été cgez Goldman Sachs sans véritables connaissance financière que son parcours de trade va démarrer. Il ne pensait pas êtré recruté car trop jeune et sans expérience . Alors que sa candidature n’est pas retenue à la suite d’un entretien, il fait une halte aux toilettes avant de quitter les locaux de Goldman Sachs et croise un homme, un associé haut placé, qu’il avait déjà rencontré et affronté aux échecs dans un club de Manhattan. Coup de chance, c’est un admirateur. Ni une ni deux, il organise un autre rendez-vous dans le département qu’il dirige. Boaz est engagé.
Dès lors, il se pique de finance. A peine ses études terminées, il se lance chez Merrill Lynch. Et à tout juste 27 ans, alors qu’il est trader à la Deutsche Bank, il est propulsé directeur général. Du jamais-vu. Il entre dans la légende de Wall Street. Certains parlent de lui comme d’un génie, d’autres comme d’un prodige. Ses bonus atteignent les 40 millions de dollars par an. Et à son tour, il recrute des joueurs. ” Aux échecs comme sur les marchés, ni la chance ni le bluff n’existent, insiste-t-il. Vous devez être constamment hyperrationnel dans la façon dont vous évaluez votre position : il faut avoir une vision claire de l’ensemble et composer avec les paramètres inconnus. “ Le jeu peut coûter cher. En 2008, Boaz a manifestement mal évalué sa position : lui et son équipe ont perdu 1,8 milliard de dollars. ” Perdre est une expérience importante pour un trader,commente-t-il. Si vous ne jouez que lorsque vous êtes sûr de gagner à 100 %, alors vous n’avancez jamais votre pion. Il n’y a pas de coup parfait. Il faut savoir être pragmatique et prendre des décisions. Avoir raison six fois sur dix, c’est déjà excellent. “ L’année suivante, après avoir quitté la Deutsche Bank, il a monté son propre fonds spéculatif, Saba Capital. Un succès : en août 2009, il démarrait avec 150 millions de dollars, il en gère aujourd’hui près de 5 milliards et offre un retour sur investissement de plus de 9 %, bien au-delà de la moyenne générale.
Le 2 février 2012 lors d’un discours donné par ironie dans les locaux de la JP Morgan à New York, il va recommander l’achat d’un indice CDS dénommé IG9 Index. En tant que spécialiste reconnu de l’arbitrage de ce type de produits, la salle écoute. “Cet indice est trés bon marché et trés attractif” déclara-t-il à son audience. En réalité si cet indice était si peu cher par rapport à sa qualité, c’est parce que Bruno Iksil un trader de la JP Morgan réalisait depuis un bon moment une vente à découvert massive afin de parier sur une diminution du risque de crédit et donc à une détente de la crise que nous vivons. Avec son fonds d’investissement Saba qui gère 5,5 milliards d’actifs, Boaz prit une position inverse et se porta acheteur de cet IG9 Index à un prix proche de 120 points de base. La stratégie de Boaz avant de se dégrader se mis à devenir gagnante, le marché s’améliora et le prix de l’indice continua de plonger Bruno Iksil surnommé la baleine de Londres voyait sa stratégie se retourner et ses positions massives rendait un débouclage tendu.
- Boaz Weinstein trinque à la santé de Jamie Dimon. La morale de Wall Street
Le 3 avril les positions d’Iksil furent amplifiées dans la presse et connues de tous. Résultat chaque trader de dérivés de crédits chercha à tirer profit de cette position short en rachetant ces CDS à prix cassés et espérer corner la JP Morgan afin de revendre à Iksil des titres à un prix élévé. Rapidement l’IG9 Index remonta à 130 point de bases transformant la position d’Iksil en paris perdant. Ce que Jamies Dimon déclara alors être une tempête dans un vers d’eau se traduisit par une perte de 2 milliards qui selon Morgan Stanley pourrait s’étendre à 5 milliards. Aujourd’hui l’indice IGP à atteint les 149 points de base et de nombreux hedge fund composés d’anciens trader de la JP Morgan notamment, en profitent. C’est ça le monde de la finance, un casino géant sans morale. cette situation me fait penser aux tentative de corner de matières premières notamment l’argent qu’on observait dans les années 70. En somme rien n’a changé en 40 ans de finance…
Cette stratégie de corner le marché de l’indice IG9 est désormais suspecte. Un article de Bloomberg sorti des archives informait que Saba Capital Management LP avait débauché Toby Maitland Hudson alors employé par la JPMorgan Chase en septembre 2011. Toby Maitland Hudson, dirigeait le desk de trading de dérivés de crédits pour le compte propre de la JP Morgan. Plus particulièrement il était spécialiste du trading de CMBS d’après sa fiche Linkedin.
La question est donc de savoir quel était lobjectif de ce recrutement ? S’agissait-il d’aller à la pêche et de procéder à une pratique connue des hedge funds : job contre information ? pétrole contre dollars ? Le fait que Hudson tradait des CMBS et avait donc de grandes chances de travailler à coté de Bruno Iksil est trés trouble. C’est ce que soulève le blog Zerohedge. Et ils ont raison. Que savait Hudson des positions d’Iksil. En tant que membre du département dérivé de crédit ils devait avoir de bonnes connaissances des stratégies de la JP Morgan. Il a ainsi de bonnes chances d’être au courant de beaucoup de choses sur les positions de la JP Morgan qui se verrait alors attaquée par une ruse digne de Gordon Gekko.
Voilà ce monde de requins pourris dans lequel nous vivons. Pendant combien de temps encore ?
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