Comment les comportements moutonniers influencent-ils les cours mondiaux ?
J’ai choisi ce titre provocateur pour tenter de capter votre intérêt. Etant seulement étudiant en Finance je ne prétends pas être un expert. Néanmoins très intéressé par ce domaine, je vais aborder un phénomène dont l’on nous parle assez peu. Comment les comportements moutonniers influencent t’ils le cours des actions ?
Les médias traditionnels nous présentent toujours la même information concernant les marchés financiers. Ainsi quand vous écoutez les spécialistes sur BFM, ils expliquent que le cours d’une action est corrélé en fonction des bénéfices de l’entreprise et de d’autres résultats.
Autrement dit que les marchés sont rationnels, qu’ils sont capables d’évaluer précisément la valeur d’une action. Ce point de vue sous-entend que les analystes financiers ont à leur disposition toute une gamme d’outils outils leur permettant de faire une analyse de la juste valeur des actions.
Dans beaucoup de cas, cela se passe effectivement comme ça. Toutefois il y’aussi un facteur psychologique qui est à l’origine de nombreuses bulles spéculatives. Il y’a une phrase qui illustre mes propos. « Sur les marchés financiers, il faut mieux avoir tort à cinquante que raison tout seul ».
C’est-à-dire que ce qui prime c’est d’anticiper le comportement des autres. En fait, il vaut mieux suivre tout mouvement haussier ou baisser. Si on reste à l’écart, on se retrouvera soit à acheter à des prix trop élevés ou au contraire à vendre à des prix trop bas.
Le but du jeu est d’acheter bas pour revendre haut. Ainsi, ceux qui amassent le plus d’argent sur les marchés financiers, sont ceux qui se comportent comme des moutons en anticipant le comportement d’autrui et non ceux qui font de réelles analyses. Des traders se mettent ainsi à acheter des actions alors qu’ils savent pertinemment que leurs valeurs sont surévaluées.
On peut citer plusieurs exemples. Au début des années 2000, lorsque l’euro était sous-évalué, des journalistes de Libération étaient allés à la rencontre de traders. Certains avaient affirmé qu’ils savaient que l’euro était sous-évalué par rapport aux fondements macroéconomiques. Cependant ils n’osaient pas en acheter car sinon ils se trouvaient face à cinquante vendeurs. C’est la loi de l’offre et de la demande, l’essence même du capitalisme qui dicte ses règles.
Il y’a un épisode plus récent qui illustre ce phénomène : l’envolée du cours de l’action Facebook. Depuis son introduction en mai 2012, le titre de l’action introduit à 38$ avait sévèrement dévissé. Le 22 juillet 2013, le titre était coté à un peu plus de 20$. En un an Mark Zuckenberg et son directeur financier étaient devenus la risée de Wall Street. Tous les experts s’accordaient à dire qu’ils avaient fixé le prix d’introduction de manière trop élevé. Le prix de l’action ne reflétait pas les résultats économiques de la société. Bref que l’action était surévalué dès le départ et que le marché apportait une correction légitime à la « juste » valeur. Seulement voilà, fin juillet Facebook publie des bons résultats semestriels. Et là tout d’un coup, on assiste à une frénésie sur le cours de l’action Facebook. Résultat, trois mois plus tard le cours de l’action a quasiment doublé passant de 22 $ à 50$.
Alors certes, les bons résultats semestriels permettent d’expliquer en partie le phénomène. Néanmoins, certains opérateurs sur les marchés se sont mis à acheter des actions non pas parce qu’ils jugeaient la croissance de Facebook solide mais parce qu’ils anticipaient le comportement d’autrui. Ils se sont alors dit, si je n’achète pas maintenant, il sera trop tard. En un mot ils se sont conduits tels des moutons de panurges ne méritant pas mieux que d’aller à l’abattoir
Ce type de comportement est amplifié par le système de cotation en continu. Aujourd’hui chaque action est coté minute par minute dès l’ouverture de la bourse. Il n’y pas si longtemps, une cotation à la semaine permettait aux analystes de prendre le recul nécessaire pour mener à bien leurs missions. Aujourd’hui tout doit se faire le plus rapidement possible, ce qui peut amener à biaiser des analyses. Enfin, par cet article je voulais montrer à quel point le concept de la juste valeur de marché est une aberration.
Aujourd’hui, le monde anglo-saxon a imposé ce concept à l’ensemble de la planète. Le principe de prudence a pratiquement disparu dans les pratiques des grandes entreprises. C’est-à-dire que les titres financiers ne sont plus valorisés à la valeur historique du cout d’achat mais à la valeur de marché à l’instant T.
Or on l’a vu avec Facebook les actions des entreprises sont souvent surcotées ou sous cotés en raison des comportements moutonniers. Prendre davantage en compte la valeur au cout historique permettrait de repartir sur des bases plus saines et plus proches de la réalité.
Les crises de 1929 et de 2008 doivent nous rappeler les dangers du principe de la juste valeur de marché. Les américains ne remettront jamais en cause ce concept tout comme l’hégémonie du dollar. Ils défendent à la fois leurs intérêts et leur philosophie. Il faut alors espérer que les autres nations fassent contrepoid aux principes de la toute puissante Amérique. Malheureusement on n’en est encore loin.
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