Considérations bourgeoises
1. La bourgeoisie naît dans les bourgs : c'est dans son nom. Elle y bourgeonna. Quand ? Comment ? Au Moyen-Âge, des corporations de métiers et des villes, obtinrent des seigneurs, qu'ils les affranchissent, genre de libéralisme féodal envers les corporations de ville. Pourquoi ? Pour gagner des sous, l'impôt revenant aux seigneurs. Premier capitalisme féodal, accompagné de l'essor des banques depuis les coffres d'orfèvrerie, qui protégeaient et se mirent à prêter.
2. Qu'est-ce que la Révolution française ? Un doigt, un bras. La cupidité des bourgeois contre la volupté des seigneurs. Le tout, à travers la presse détenue par les bourgeois, certes plus ou moins contrôlée par la censure. Beaucoup plus de monde, même non-bourgeois, se sentit alors concerné, grâce à la diffusion des papiers, puis par les discussions. Rien n'a changé sur le fond, aujourd'hui, le modus operandi est le même, seuls les médias se sont diversifiés.
3. Que fait la bourgeoisie ? De base, elle gère des ateliers : textiles ou mécaniques, papetiers ou éditoriaux. Jusqu'à nos électroniques et numériques. Des ateliers, des ateliers, des ateliers. Le bourgeois, pour commencer, possède un atelier, dont les travailleurs sont des variables d'ajustement productifs. Entre salaire, motivation et compétence. Quiconque veut "se débrouiller soi-même" est dans le cas de ce travailleur, et le bourgeois-même travaille à son gain ou (super)profit, pour quoi il doit avoir des compétences de gestion au moins, au mieux dans le domaine concerné afin de faire dans la compétence et la qualité, ou encore l'artisanat d'art et luxe. L'actionnaire a l'ingéniosité de déléguer, et tout le monde s'en prend aux délégués représentatifs (PDG ou politique) : c'est ingénieux.
4. Le bourgeois est finalement rattrapé par la bourgeoise dans l'Histoire, après leur Révolution répartissant l'impôt pour leur soulagement. De base, elle enviait les dames nobles, les concurrençait grâce à l'argent des ateliers de son époux. La dame noble était pour elle une parasite de plus, voire la parasite par excellence. Tant que le monde était moyen-âgeux, elle l'imitait pour mode de vie suprême. Mais ces seigneuries déchues, elle n'avait plus qu'à divorcer et entreprendre à son tour : le nouveau maître c'était son homme, globalement blanc et fécondant. Comme la dame noble, elle confiait ses mioches à d'autres et finalement n'en voulut plus, ou moins. Le·a bourgeois·e, détenteurice des moyens de diffusion, enrôla les peuples dans sa cause.
5. Le bourgeois adore les causes surtout quand elles sont bonnes, et elles sont bonnes parce qu'elles passent pour morales selon quelque morale, en effet, et grâce à ses moyens de diffusion. Le bourgeois est un grand "causiste". Le "causisme" est foncièrement bourgeois et fait partie de son éthique du devoir. Il n'avait plus qu'à récupérer les plus ou moins bonnes causes que lui tendaient les antibourgeois à travers ses moyens de diffusion. Tout ceci sert ses ateliers, donc ses revenus.
6. Les ateliers, évidemment, se sont industrialisés. Et les ateliers ont besoin de ressources pour fabriquer (ce qu'on appelait "les usines, les fabriques"). Ces ressources font des revenus. De base, les seigneurs ont été libéraux avec la bourgeoisie pour ces revenus. Mais quand la planète entière est devenue une ressource, alors la planète est aussi devenue un vaste atelier. Que ces ateliers aient perdu leur caractère éprouvant n'y change rien : un webdesigner dans un bureau d'études reste membre d'un atelier, dont les paramètres sont devenus certes créatifs, déjà concurrencés par la machine (l'IA), extension du domaine de l'atelier. La domination bourgeoise est d'abord "la cause des ateliers". Un "ateliérisme" général.
7. La Terre s'appelle la Terre, parce que les hommes vivent principalement sur la terre ferme. On sait qu'elle mériterait de s'appeler "la Mer", même sans idéologie de type "Gaïa" et autres altermondialo-écologismes qui parlent confusément de "Dame Nature" ou surtout de "Terre-Mère"... "Dame Nature" ? Pour la bourgeoise, cela sonne trop comme une expression de "la culture du viol" masculin industriel. Mais quand c'est elle qui industrialise, ça va, ça passe. Ça s'appelle "émancipation".
8. En mythologie, Minerve est "la déesse de la pensée élevée, de la sagesse, de l'intelligence, des métiers et de ceux qui les pratiquent ainsi que de la guerre comprise sous l'angle de la réflexion stratégique et du savoir-faire tactique (par opposition au courage brutal de Mars)" selon Wikipédia. Les Anciens voyaient donc la sagesse comme une ingénierie : les bourgeois Modernes l'ont réalisée, et la bourgeoise adore le concept pour une énième preuve de sa suprématie. En astronomie, Minerve désigne un astéroïde, mais Minerve devrait désigner la Terre en vérité. Après tout, les bourgeois qui dominent sont des "Minerviens". Comme ils ont fait de la Terre un vaste atelier ils peuvent bien breveter son nom. Et puis entre humains, surtout français, tout le monde dit quant à cette situation : "ça minerve !"...
9. Manifestement "l'émancipation ateliériste bourgeoise" déteste la fécondité, et c'est dans son code génétique façon de parler. La fécondité est remplacée par la productivité, tout le reste en découle : in vitro, mariage pour tous·tes, PMA pour toutes, GPA, transgressions de genres généralisées, transhumanisme. Le monde-Lego. La vie-machine. C'était aussi dans le mécanisme philosophique des Lumières sous lesquelles s'agaillardit la bourgeoisie, etc. Tout ce que nous traversons aujourd'hui est d'un banal...
10. Et tout ça à cause qu'on jalousa la volupté des seigneurs, de l'ancienne chevalerie plus ou moins rustre ou preuse à la courtisanerie plus ou moins fielleuse ou joueuse. Nos cupides voluptés... Volupté générale !
11. Bref, Milady de Winter gouverne le monde or, comme chacun sait depuis Game of Thrones : "Winter comes"...
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