Coup de chaleur estival pour l’électricité
En France, la principale crainte est la panne d’électricité en plein hiver, causée par une demande d’électricité trop importante. Pourtant l’été, lorsque le besoin est bien moindre (ralentissement de l’activité économique, jours plus longs), les fortes chaleurs, les sécheresses et les orages estivaux sont de sérieux défis pour le bon fonctionnement du système.
Réseaux électriques sur le grill
L’été 2015 a débuté par une vague de chaleur particulièrement intense, à l’origine d’une coupure de grande ampleur dans l’Ouest de la France. En cause, des appareils de mesure en surchauffe qui ont déstabilisé une partie du réseau, plongeant 800 000 foyers dans le noir pendant quelques heures.
Si de telles températures sont inhabituelles en Bretagne et dans les Pays de la Loire, elles sont par contre plus fréquentes sur la Côte d’Azur, une péninsule électrique. La région produit en effet moins de 10% de l’électricité qu’elle consomme et n’est alimentée que par une seule ligne à haute tension (des lignes supplémentaires sont toutefois en train d’être déployées).
Dans ces conditions, le réseau est mis à rude épreuve par l’utilisation intensive des climatiseurs, très gourmands en énergie, pendant les épisodes de canicule. Pour soulager le réseau et éviter le black-out, la région a d’ailleurs été choisie pour expérimenter un smart grid (Nice Grid). Le but est d’utiliser l’électricité générée par les panneaux photovoltaïques des environs pour la climatisation, plutôt que d’« importer » de l’électricité des autres régions via la ligne haute tension.
Les lignes électriques sont également exposées aux orages, capables de priver simultanément plusieurs milliers de foyers de courant. Mais à la différence des grandes tempêtes hivernales, les orages touchent en général des zones relativement réduites, permettant aux techniciens de concentrer leurs efforts et de rétablir en quelques heures l’alimentation.
Chaleur et sécheresse, freins à la production d’électricité
Côté production d’électricité, forte chaleur ne signifie pas mécaniquement hausse du rendement des panneaux photovoltaïques. En fait, les panneaux génèrent de l’électricité grâce à la lumière. L’excès de chaleur, au contraire, peut provoquer des baisses de tension, et donc des baisses de la production. En outre, un temps particulièrement sec se traduit par davantage de poussières, qui nuisent également à la productivité des panneaux.
La ressource en eau est également essentielle. De manière évidente, une baisse des réservoirs des barrages hydroélectriques réduit leur production. Le Brésil, qui tire la plus grande part de son électricité des barrages, a ainsi connu un blackout géant. En cause, l’intense sécheresse qui a affecté le pays fin 2014-début 2015 (l’été dans l’hémisphère sud).
Par ailleurs, le niveau et la température des cours d’eau sont des paramètres essentiels au bon fonctionnement des centrales nucléaires et thermiques adjacentes. En effet, elles y puisent et y rejettent l’eau nécessaire à leur refroidissement. Cependant, si la température des fleuves et rivières augmente trop ou si leur débit est trop faible, les centrales doivent réduire voire stopper leur activité. En 2003, plusieurs centrales avaient ainsi dû être arrêtées.
Si la situation n’est pas encore critique, la hausse des températures annuelles et les changements des habitudes (climatisation) ne vont pas arranger les choses dans les prochaines années. Cet été, la Pologne, touchée par une vague de chaleur, a déjà du rationner l’électricité, provoquant la fermeture d’une partie des usines du pays et propulsant le prix de l’électricité à plus de 330 € par MWh.
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