Crise de l’immobilier et manque d’intelligence professionnelle
En attendant l’Intelligence Artificielle.. L’immobilier va mal, très mal. L’immobilier est en crise. Seulement, ça ne se voit pas. Pas trop. Les puissantes entités qui vivent sur la bête conjuguent savamment leurs efforts pour entretenir l’illusion et, bon an mal an, tenir les prix et le nombre de transactions : l’Etat, les banques, les notaires, les agents immobiliers, les experts, les grands syndicats qui les fédèrent, la multitudes des opérateurs Internet qui se sont abattus sur l’immobilier.. Et puis, bien sûr, les propriétaires, toujours attachés, on les comprend, à « ne pas brader ». Pour masquer la réalité, l’intelligence ne manque pas.
Petite parenthèse : l’expression “manque d’intelligence professionnelle” esquisse un schema, elle ne prétend pas du tout à l’universalité. Comme nous le verrons, certains professionnels ont des traits de génie stupéfiants, certains savent très-bien que crise = opportunité. Ils sont peu nombreux, et leurs insolents succès s’expliquent en partie par leur décalage.. Dans l”ensemble, le secteur pâtit de la crise économique comme tout le monde. Tout le monde si l’on exclut la caste intouchable de la haute finance.
En matière de crise de l’immobilier, Le pire est devant nous car, comme disait Jean Monnet quelque peu énigmatique et cité par un grand de la profession il y a peu : Nous n'avons que le choix entre les changements dans lesquels nous serons entraînés et ceux que nous n'aurons su vouloir et accomplir.
Changements et bouleversements
Dieu sait s’il y en a du changement en ce moment ! Dans les lois et les règlements de l’administration, dans la situation économique du pays, dans les pratiques métiers, dans les goûts et les aspirations des gens, dans les technologies et leurs applications, dans la façon de travailler, avec les perspectives de développement de l’économie participative.. Le changement, c’est même la marque de notre époque. Nous n’avons jamais vu de telles cadences et de telles ampleurs dans le changement.
Il est évident qu’acheter un appartement ou une résidence avec un crédit sur 25 ans pour s’attacher au même endroit et s’aliéner pour la même durée de temps est une opération en contradiction flagrante avec les nécessités et les opportunités du moment.
Et que dire du grouillement incessant des menaces très terre à terre qui désespèrent aussi bien les propriétaires que les candidats à l’accession : taxe d’habitation, taxe foncière, plus-value immobilière, revenus locatifs, frais de notaire, TVA, mises aux normes, etc .. Jamais en diminution ni en nombre ni en volume ces innovations.
Pour l’Etat, le changement, c’est permanent .. c’est l’accroissement des prélévements, en de savantes combinaisons qui tentent tant bien que mal de maintenir l’illusion des diminutions.
Au passage, imaginez le déficit fiscal si les prix étaient globalement corrigés de 30 à 40 % ? Personne n’ose l’envisager, et pourtant ..
Mais la réalité est là, brutale
Dans le JDD Axel de Tarlé écrit :
“Pas d'emploi… et pas de toit ! Voilà le triste sort que la France réserve à sa jeunesse. Une étude du Crédit foncier montre que les jeunes n'ont quasiment plus accès au logement. À Paris, les trentenaires ne représentent plus que 7% des acheteurs. Le phénomène touche toutes les grandes villes. Et pour cause, entre 1998 et 2010, le pouvoir d'achat immobilier des acheteurs a chuté de 42% à Marseille, 25% à Lille, 24% à Bordeaux, 22% à Lyon… En clair, un jeune ménage qui s'installe doit se contenter d'un appartement riquiqui. Et tant pis pour la "chambre du petit" ! Pas facile de fonder une famille quand on vit dans un cagibi avec un emploi en CDD…”
A propos de changement toujours, nous somme servis ces temps, vous avez vu ce drôle d’événement à londres il y a quelques jours ?
Des centaines de personnes campent dans la rue depuis trois jours pour acheter leur appartement en dessous de 200 000 livres, prix de départ. C’est à Trinity Square dans Hounslow, London .. Il s’agit d’un des plus grand projet à Londres pour mettre sur le marché, à destination des “primo-accédants”, 230 appartements dont les prix vont de £199,000 à £315,000. La moitié de ces biens est en dessous de £250,000.
C’est Galliard Homes qui, inspiré peut-être par une opération précédente et similaire à New-York a lancé le brûlot. Galliard Homes illustre bien l’intelligence professionnelle que j’évoquais plus haut.
Plus de 1600 personnes se sont déjà montrées acheteuses.
Il est certain que de telles initiatives ne font pas le Bonheur de tout le mone. A quand Paris.
Fin 2015, la situation est sans précédents
Le contexte général des affaires est chaotique, plein de difficultés et lourd de menaces.
“Apocalypse now.. Le prochain crash financier géant a-t-il déjà commencé.. ?” s’interroge Paul Mason dans le très sérieux « The Guardian » du 1er novembre. Le papier donne des frissons.
Tout le monde a peur de l’avenir dit quant à lui le président de la FNAIM, repris par de nombreux media, RTL notamment.
A Hong Kong, la bulle immobilière pourrait exploser dit Boursorama.
Les cris d’alarme se multiplient, tout le monde court aux créneaux, Fillon propose des mesures, Hollande sème du PTZ à tous vents, Ben Bernanke fait du conseil et des conférences, et nous offre le récit “ fascinant de ses tentatives pour sauver le monde d’une catastrophe identique”.. (à celle de 29, NDR)
Le vaste monde de l’immobilier a effectivement des soucis à se faire.
Si même ceux qui sont en charge du service de l’espoir, de l’optimisme et de la perpétuation des illusions se mettent à douter et à répandre la peur, où va-t-on ?
Evoquons encore l’un des pires problèmes qui mine la situation : la corruption et les pratiques illégales :
Dans son blog, ‘ novembre, Gérard Faure Kapper écrit :
“Grand banditisme : après l’Islande, la Russie punit ses banques-voyous
Panique dans les banques : un crédit immobilier sur deux serait irrégulier”
Et voilà ce qu’on peut lire dans un papier du 1er octobre 2014 dans Capital :
“Vous avez négocié un emprunt pour acheter votre logement ? Peut-être faites-vous partie des 1,4 million de clients dont le taux de crédit a été mal calculé et qui pourraient obtenir des substantielles réparations.
Est-ce le prochain grand scandale immobilier ? Alors que le réseau Foncia fait l’objet de la première class action à la française (procédure judiciaire de groupe) pour avoir fait payer des frais abusifs à plus de 318.000 locataires, les réseaux bancaires sont sur les dents. Motif : leurs crédits immobiliers ne seraient pas conformes à la réglementation et lèseraient les emprunteurs.”
Depuis .. une certaine discrétion ..
Helvet Immo & BNP.. BNP Paribas Personal Finance a été mise en examen .. voilà un nouveau scandale.
Un couple ayant emprunté 111 196 euros pour l’achat d’un appartement en 2010, doit à présent 158 609 euros, alors qu’il a déjà remboursé plus de 40 000 euros.. Dans ce dossier, plus d’un millier d’emprunteurs ont déjà porté plainte.
Autre exemple ? Avec un milliard d’euros d’actifs, l’affaire Apollonia est l’une des plus grosses escroqueries financières et immobilières de France. Début juillet, la Banque Patrimoine et Immobilier (BPI), le Crédit Immobilier de France Rhône-Alpes Auvergne (Cifraa) et leur holding, le Crédit Immobilier de France Développement (CIFD), ont été mis en examen comme personne morale pour complicité d’escroquerie en bande organisée.
.. écrivait dans lyon Capitale Emmanuelle sautât en novembre 2011
Où en est-on en novembre 2015 .. Il règne une certaine discrétion ..
Les professionnels au défi
Ils vont devoir faire face à des phénomènes nouveaux, inattendus, et les années de vaches grasses ne les ont pas préparés à cela.
La précarisation de leurs clients, l'appauvrissement des gens qui entrent dans la vie, les changements radicaux de comportements tels qu’évoqués supra, l'apparition de concurrence agressives et nouvelles, les revolutions technologiques les prennent au dépourvu.
Ils sont inadaptés au changement, ils n'ont pas la culture du changement permanent.
Encore un exemple, celui de la mondialisation. Des étrangers achètent la France .. cela passe par les notaires pour des raisons légales .. les notaires n'accompagnent pas le phénomène .. Vous seriez surpris de constater la faible représentation de l'information en Anglais dans l'ensemble de leurs sites Internet, vous seriez surpris de constater le faible nombre de ceux qui sont à l'aise dans la langue de Shakespeare.
Les structures qui fédèrent les pros, qui sont censées les représenter ne font pas leur boulot. L'organisation type actuelle, c'est un hyper président qui donne des interviews, qui joue le jeu des media et organise le lobbying gouvernemental, ensuite un staff d'organisation des congrès à Nice, Paris ou à Miami, qui place la réflexion sur l'avenir au centre des programmes.
Et pendant ce temps, les accueils des sites Internet en Anglais font défaut, et pendant ce temps, la home page d’un des plus grands nous propose de remplir des formulaires d’arrières Grand-mères, avec des critères de choix qu’une arcanique classification chinoise ne renierait pas ou de mèlent comiquement les terres agricoles, les appartements, les parkings, les mètres carrés ..
Et si on laissait l’acheteur exprimer sa demande sur une simple et unique boite de dialogue ? en mode libre, texte, quelle que soit la langue ?
Certes, derrière, il faut aligner un peu d’intelligence .. C'est là que commencerait la vraie révoluton en Immobilier.
Arthaud / Off grid / Novembre 2015
Graphiques
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Sources
http://www.lejdd.fr/Chroniques/Axel-de-Tarle/Immobilier-le-grand-scandale-706628
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