Crise financière (2) : comment ? Les mécanismes déséquilibrants
Nous traversons actuellement la plus grande crise financière depuis 1929. Comment cette crise a elle éclaté et quels sont les mécanisme responsable de cette crise ? Au delà de l’analyse directe de la bulle des subprimes cette crise provient avant tout de mecanisme systémique de déséquilibre dans la répartition des richesses. Elle est aussi la conséquence dramatique du progrés technique.
IV Le rôle de la monnaie et le caractère irrémédiable de la croissance de la dette
Si on souhaite expliquer la crise actuelle, on ne peut le faire sans aborder le rôle crucial qu’y tient la monnaie. La monnaie qui nous sert d’étalon pour nos échanges constitue en réalité une dette. Depuis 1971 et la suppression par Nixon de la référence du dollar à un bien matériel (l’or), la monnaie ne vaux plus que la confiance qu’on lui accorde. Comme toute l’économie est elle même basée sur le monnaie, cette économie devient elle même entièrement basée sur la confiance.
Aujourd’hui, dans le système de réserve fractionnaire, la monnaie est crée ex nihilo lors de la signature d’un emprunt. Cette monnaie représente la dette qui devra être remboursée à la banque. La banque qui vous octroie un prêt vous prête en réalité quelque chose qui n’existe pas et qu’elle n’a JAMAIS possédée. Elle crédite simplement un compte d’une somme correspondant au prêt. C’est l’emprunteur par son travail ou investissement judicieux qui va créer de la valeur apte a être échangée contre de la monnaie mesurant cette valeur et permettant ensuite de rembourser ce prêt créé ex nihilo. La monnaie remboursée par l’emprunteur sera progressivement détruite par la banque, à l’exception des intérêts. Le mécanisme du prêt permet simplement de convertir la génération de richesses futures en pouvoir d’achat immédiat.Tout ce mécanisme fonctionne uniquement parce que l’institution qui génère le prêt (la banque) reçoit la confiance de l’ensemble des autres acteurs économiques.
Toute nouvelle monnaie est créée par ce mécanisme de prêt. Or lors du prêt, la banque ne créée que la monnaie correspondant au prêt sans les intérêts. Les intérêts, eux, ne sont pas créés, à aucun moment. Au niveau globale les intérêts globaux ne pourront être payés que d’une manière : le recours à de nouveaux prêts générateur de nouveaux intérêts. En conséquence la dette globale ne pourra jamais être payée ni réduite. Cette dette ne peut qu’augmenter et avec elle la part d’énergie consacrée au paiement des intérêts augmente. Cette part atteint aujourd’hui un niveau critique. Par ailleurs cette énergie est totalement stérile puisqu’elle consiste à payer un service qui n’existe pas. On paie de plus en plus cher le droit de faire confiance aux banques, voilà la vérité.
Pourquoi paie on ? Parce qu’on a pas le choix. Si le système est mis en défaut et que la confiance dans les banques s’effondre, alors la valeur de la monnaie s’effondre parce que cette dernière n’est basée que sur la confiance dans les banques. Autrement dit nous sommes aujourd’hui littéralement pris en otage. C’est pour cela que les banques principales sont sauvées de la faillite quel qu’en soit le coût.
Les analystes font depuis quelques années essentiellement référence à la confiance, et les crises seraient des crises de confiances. A priori, une crise de confiance laisse entendre que les fondamentaux réels de l’économie sont solides. Et bien non, car l’économie réelle n’est en aucun cas déconnecté de l’économie financière. Comme l’économie financière, elle repose sur son principal outil, responsable de la totalité des échanges : la monnaie. Or comme je l’ai montré, la monnaie est basée sur la confiance.
Quelles seraient les conséquences si la "confiance" s’effondre et ne fait pas que vaciller comme en ce moment ? L’ampleur d’une telle crise dépasserait certainement celles de toutes les crises précédentes (1929 compris). S’ajoute donc à la bulle financière focalisée sur l’immobilier et débridée par la dérégulation une sorte de bulle de dette qui ne pourra jamais se résorber dans le système actuel...
V Le rôle du progrès ou comment le libéralisme transforme une chance en problème majeure.
D’un point de vue plus général, observant les évolutions civilisationnelles majeures de l’humanité, cette crise apparait sous un autre jour.
L’homme se distingue des animaux de nombreuses manières : son intelligence et sa capacité à communiquer lui permettant de transmettre de générations en générations ce que les générations précédentes ont appris, ses rituels d’enterrement qui prouve sa conscience de la mort, son altruisme qui fait qu’un groupe n’abandonne pas les individus défaillants, etc...Il y a maintes choses qui distinguent l’homme de l’animal. Entre autre l’homme a la faculté, par son ingéniosité et le progrès technique de réussir à s’extraire constamment des taches qui constituent pour lui des contraintes, lui permettant de s’adonner à d’autres activités.
Passons sur l’évolution de l’âge de pierre au 18éme siècle et que observons ce qui s’est passé depuis lors. La révolution agricole a permis à l’homme de se libérer des taches agraires, aussitôt, le passage dans l’ère industrielle a permis de produire en quantité beaucoup plus grande des biens de plus en plus variés. Le perfectionnement de l’organisation du travail comme les progrès techniques et la substitution progressive des taches manutentionnaires par des systèmes de plus en plus automatisés ainsi que le développement des transports ont permis à l’homme de se délivrer encore de plus en plus de taches. Une partie du temps ainsi gagné fut, grâce aux luttes sociales converti en temps libre tandis qu’une autre partie a permis de s’adonner à d’autres taches. Depuis peu, une nouvelle révolution industrielle est en cours. Cette révolution concerne une partie des travaux qui n’avaient, jusqu’à peu, reçut peu d’aide grâce au progrès technique : les travaux intellectuels. L’arrivée massive de l’informatique a permis d’accroître considérablement la productivité des travailleurs intellectuels. L’alliance de l’informatique et des machines a également permis de faire un nouveau bond dans l’automatisation des taches manuelles. La productivité a explosée.
Or dans le même temps la société s’est converti au libéralisme économique où la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande règne en maître. Quelles sont les conséquences de tout ceci si l’on se place dans le cadre de l’offre et de la demande ?
Plaçons nous à un instant t arbitraire dans le courant de cette évolution technique avec pour seule loi celle de l’offre et de la demande.
1 La société, à l’instant t a un pouvoir d’achat donné et d’une demande de biens et services donnée qui est limité à la fois par le pouvoir d’achat globale et par les attentes des individus. Cette demande de biens et services correspond à une demande de volume horaire de travail par le biais de la productivité. Il existe une par ailleur offre en terme de volume horaire de travail qui correspond au nombre gens qui cherchent à travailler ou qui travaillent. La loi de l’offre et de la demande détermine le prix du travail, ou le salaire. Tant que l’offre sera supérieure à la demande le prix du travail baissera. Tant que la demande sera supérieure à l’offre, le prix du travail augmentera. A l’instant t le prix du travail est stable ce qui signifie qu’on est à un équilibre entre l’offre et la demande.
2 Le progrès technique permet d’accroître la productivité.
3 En conséquence, la demande de travail en terme de volume horaire va diminuer. Il y a besoin de moins travailler pour produire autant. Par la loi de l’offre et de la demande, puisque la demande de travail baisse sans que l’offre ne soit modifiée, alors le prix du travail va baisser.
(Il faut ici dissocier la société en deux parties. 1 les actionnaires et 2 les travailleurs en partant du postulat que les actionnaires représentent essentiellement une élite de personnes qui ne vivent que de la fructification de leur actions et de leurs dividendes et que les travailleurs représentent ceux dont la source principal de revenu est le travail)
4 Si le prix du travail diminue, le pouvoir d’achat des travailleurs va diminuer, alors que celui des actionnaires va s’accroître : ils sont les vrais bénéficiaires de la productivité. Alors la demande en bien et service courant (pour les travailleurs) va diminuer tandis que la demande pour les biens de luxe va s’accroître.
5 L’industrie du luxe représentant une infime partie de l’économie, la demande globale de travail va suivre celle du pouvoir d’achat des salariés, c’est à dire se réduire. Tout en sachant que le progrès technique continue et réduit encore toujours plus la demande de travail.
Si l’on se trouve dans le cas d’un système totalement libérale (grande Bretagne) le prix et la demande de travail baissant, les travaux vont se retrouver de plus en plus précarisés, moins bien payés et à temps partiel. Mais comme l’équilibre entre l’offre et la demande n’est perturbé par aucune ou peu de réglementations, le plein emploi ne sera pas remis en question. Si l’on se trouve dans un système ou existe encore certaines règles comme en France (réglementation du travail, SMIC, 35H, etc....). Dans ce cas là la réglementation va faire obstacle à l’établissement d’un équilibre en protégeant le salarié. En conséquence les salaires vont tous progressivement se contracter dans une tranche proche du plafond imposé par le gouvernement (explosion du nombre de smicards), le recours au travail précaire va être maximisé et le chômage va permettre d’équilibrer la loi de l’offre et de la demande en fournissant juste le travail nécessaire.
6 le cycle engendre mécaniquement un accroissement toujours plus grand des inégalité. Au point ou les classes moyennes et défavorisées ne sont plus apte à stimuler suffisamment l’économie par la demande.
7 Le recours massif au crédit risqué est introduit pour que la consommation se poursuive sans pour autant modifier la spirale. Les classes favorisées endettent les autres classes et les inégalités s’en retrouve encore plus accrues.
8 Le cycle se rompt, c’est la crise actuelle. Si cette crise est liée au supprimes, elle est surtout la conséquence directe de l’accroissement des inégalités qui ont atteint un niveau critique.
L’état peut encore sauver ce système pour un temps en investissant énormément d’argent. Mais dans ce cas là l’état ne ferait que repousser l’échéance en aggravant encore le coût de la chute lorsqu’elle aura lieu.
Il faut tempérer ces déductions. En effet, le progrès technique permet de mettre au point de nouveaux services et biens qui modifient l’offre de biens et services et stimulent de cette manière la demande, cependant la tendance la plus claire suivit par la société est bien celle que je viens de décrire. Les énormes gains en productivité ne peuvent pas être absorbés par une demande consumériste pourtant attisée à son paroxysme (la pub est partout. Quand vous achetez quelque chose, vous êtes vous déjà demandé ce que représentait sur le prix que vous payez cet objet, le prix de la pub, mais aussi le prix du travail qui a consisté à chercher quoi vendre. Étude de marché, etc....). Enfin, j’ajoute que le coût du travail est encore réduit par la mise en place de libre échange mondialisé (véritable sens du mot mondialisation. La mondialisation n’accroît pas les échanges commerciaux entre les pays, elle supprime les barrière douanière par l’établissement du libre échange.....par la même, elle met en concurrence les peuples d’une façon bien plus agressive). Ainsi, nombres d’activités sont délocalisées. Néanmoins, cet élément ne modifie pas le schéma global car de toute façon les activités délocalisées se seraient retrouvées tôt ou tard confrontés à la concurrence de l’automatisation.
En conséquence, le système libéral est enfermé de façon systémique dans une spirale ou les inégalités s’accroissent constamment, entretiennent et accentuent le mécanisme responsable de cet accroissement. Par ailleurs, le travail toujours moins nécessaire coûte toujours moins cher et les conditions de travail se détériorent constamment. Par contre l’industrie du luxe se retrouve en plein essor.
Or d’où viennent à l’origine toutes ces conséquences désastreuses ? Du progrès technique de l’accroissement de productivité qui en résulte. C’est absurde.
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