Croissance, productivité et pouvoir d’achat : trio de choc
Repris à toutes les sauces pendant la campagne électorale sous forme de slogans publicitaires, ces termes ont pu faire basculer le scrutin. Qui sait de quoi on parlait vraiment ?
"Travailler plus pour gagner plus", "Un partenariat donnant-donnant" : deux slogans de publicitaires qui se sont affrontés. Il faut faire mouche, le temps télévisuel étant désormais tellement fractionné qu’il ne permet plus de long discours. Alors on s’en remet aux formules choc. Au détriment de l’explication. Il a suffi que l’on entende "Travailler plus pour gagner plus" pour tout comprendre du programme du candidat qui prononçait cela. Travailler plus pour gagner plus, pour faire progresser le pouvoir d’achat en vue de relancer la croissance et pouvoir embaucher à nouveau. Tout le monde se plaint du manque de pouvoir d’achat. Mais ce qui fut au coeur de la campagne est une invention de la grande distribution : les magasins Leclerc, en tête, qui disent vouloir lutter contre la baisse du pouvoir d’achat, incitent à dépenser plus.
Le pouvoir d’achat correspond au revenu net disponible par habitant. Donc le revenu moins les dettes. Autrement dit, il s’agit de l’ensemble de biens et services que l’on peut acheter et dont la capacité sera fonction des prix. Si ceux-ci augmentent pour un salaire constant, le pouvoir d’achat baissera sensiblement. Alors que si la hausse du revenu est supérieure à celle des prix, le pouvoir d’achat suivra cette tendance haussière. Elémentaire, mon cher Watson.
Mais le problème ne dépend pas que de cela. La croissance est aussi tributairede la productivité. Et plus précisément de la productivité horaire par personne en âge de travailler. Et en France, la productivité n’est pas mauvaise. Au contraire, c’est même l’une des meilleures au monde. Donc en France, nul besoin d’augmenter le nombre d’heures de travail pour en augmenter la productivité. On le doit à des outils de production du personnel non qualifié très performant. Mais, la vraie faiblese qui mine la France se trouve dans un très mauvais taux d’emplois. C’est-à-dire notre capacité à faire participer tout le monde à l’effort de croissance du pays. C’est ce que l’on appelle communément le plein emploi. Ce qu’il faut résoudre au plus vite afin de retrouver une croissance de la productivité au niveau de celle des Etats-Unis, qui savent allier productivité horaire et taux d’emplois élevé.
Alors pourquoi faut-il douter objectivitement de la réussite d’une partie du programme de Nicolas Sarkozy sur un aménagement de déficalisation des heures supplémentaires et sur sa façon de revaloriser le travail ? Tout simplement parce que l’Europe, et plus particulièrement les membres de la zone euro, à l’instar de la France, sont entrés dans la société du loisir. Et du donc du moins travailler. Dans ces conditions, il paraît difficile de faire machine arrière en remettant comme cela, d’un claquement de doigt, les gens au travail au prétexte qu’il ne sont pas assez productifs. La mesure la plus pertitnente consisterait à faire croître notre pouvoir d’achat en agissant sur deux leviers : le taux d’emplois (ceux qui cherchent un travail doivent pouvoir en avoir un, cela doit passer par une phase de remotivation des employeurs et des chômeurs) et la reconstruction de logements.
Le déficit de logements (sociaux compris) a donné lieu à un emballement du prix de l’immobilier qui est un des facteurs indiciels de la santé du pouvoir d’achat. Le fameux principe de l’offre et de la demande en somme. Avec 79% d’augmentation ces dernières années, l’immobilier est l’un des principaux contributeurs de l’effet de stagnation du pouvoir d’achat subi par les Français. Alors qu’en Allemagne, dans le même temps, les prix baissaient d’environ 12%. Dont acte.
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