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Danaïdes boursières

 Manifestement, les conseils de Dassault au début de l’année qui conseillait de profiter de la crise pour acheter des actions qui gisaient au caniveau, ont été largement suivis. D’aucuns présentent cette embellie boursière comme une sagesse qui pousse les opérateurs de voir loin (reprise) tandis que les signaux de l’économie réelle continuent, eux, à peiner et que le chômage, les plans sociaux, les difficultés des entreprises et l’absence d’une relance du crédit (du moins au secteur des emprunts) est toujours manifeste. Elle le serait probablement, si les indicateurs ne montraient pas parallèlement que le marché est, une fois de plus, attiré par les actions pourries, et qu’il délaisse les investissements à long terme.
 
La logique est implacable : spéculer sur de l’aléatoire, sur des actions déclassées, pour accumuler un capital qui deviendra sans risques si et quand la reprise, la vraie, sera au rendez-vous. Mais il y a, au sein de cette logique une situation oxymore : le marché remplace le crédit, tout comme le crédit des ménages palliait, les dix dernières années au manque d’augmentations salariales. En d’autres termes, le marché a contribué à « surendetter » les ménages (avec les conséquences que l’on connaît) et aujourd’hui il « surendette » les entreprises qui le « préfèrent » faute de crédits intéressants. Cette mécanique, au lieu de pousser les entreprises vers la reprise, rallonge le temps qu’il leur faudra pour s’en sortir, et surtout, si par malheur la consommation n’est pas au rendez-vous, si le prix des matières premières s’envole avant l’heure en anticipant le reprise, si tout simplement celle-ci devient régionale, le pic nécessaire à la relance sera spolié.  Entre temps, la reprise se faisant attendre, les « investissement hasardeux » auprès des Junk bonds, face à la réalité économique s’essouffleront, des milliards seront perdus, ceux justement qui auraient permis le décollage économique.

Une fois encore, on est pressé. En cherchant désespérément les signes annonciateurs de la reprise, on ne fait que la retarder, voire à la compromettre. Bien entendu, la faute majeure n’est pas à mettre sur la fougue et l’impatience. Mais sur le fait que l’on cherche, une fois encore, de gagner vite, beaucoup et maintenant, en dépit de la réalité économique ambiante. On n’investit pas, on spécule. On n’entre pas dans le marché obligataire pour partager les risques que l’on prend mais pour remplacer le produit industriel par le produit financier.

Les banques, qui ont boudé la politique du crédit quémandée par le marché et les Etats le remplacent par des obligations, bien plus profitables à court terme, mais participant à l’étranglement des ménages et des entreprises. La demande en souffre et souffrira longtemps encore. L’immobilier, le BTP, l’automobile, secteurs symboliques d’une reprise s’envoleront avant l’heure à cause de politiques volontaristes qui cherchent les symboles de la reprise et du coup, ils deviendront inaccessibles dans un premier temps puis risqueront l’effondrement.

Les Etats, qui auraient dû réguler, sont trop contents de voir des signes annonciateurs d’un mieux économique et donc participent à cette fuite en avant. Ils ont sous estimé la crise, les voilà qui sur estiment les signes de reprise. 


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6 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 11 août 2009 11:03

    J’ai pour habitude de dire que nous sommes actuellement , dans « l’oeil du cyclone ». Une zone de silence où on se remet des premières bourrasques.
    Tous les fondamentaux sont au rouge et cette « embellie », largement initiée par la spéculation va surtout « lessiver » les actuels investisseurs individuels. Les institutionnels sentiront tourner le vent et se retireront à temps, les particuliers non.
    Comme toujours ...


    • le naif le naif 11 août 2009 13:04

      Le « rallye » actuel des bourses fait penser à la dernière démarque avant fermeture définitive.
      Les fondamentaux sont désastreux et les voies sont sans issues.

      Ou les consommateurs continuent à consommer à crédit (ce qui n’est pas le cas) et ce n’est pas bon cotés déficit, ou ils cessent de consommer et épargnent (quand ils le peuvent) et ce n’est pas bon non plus car la consommation s’écroule.(Taux d’épargne US passé de 1 à 7% au cours du premier semestre)

      Actuellement aux Etats-Unis nous sommes dans la deuxième configuration, résultat, alors que la crise des subprimes n’est pas encore soldées, se pointe une crise encore plus importante sur l’immobilier commercial. (sans oublier les CDS & LBO)
      AIG malgré 185 MILLIARDS DE DOLLARS injectés continue à avoir besoin de liquidités !!!

      Les sommes en jeu seront tellement abyssales qu’il sera impossible de « socialiser les pertes » et pour le coup la crise systémique sera impossible à enrayer.


      • Tommy Tommy 11 août 2009 20:23

        Encore un exemple de l’intérêt privée qui surpasse l’intérêt communs et surtout la logique. C’est vont s’enfermer dans leur bulle financière et tout va recommencer.


        • monbula 16 août 2009 13:21

          Le titre est parfait

          le tonneau sans fond était percé, maintenant peine perdu de vouloir le remplir ;

          Que va dire et faire le PEUPLE PENELOPE !

          @ le naîf pas si naîf que cela
          Il s"est arrêté en chemin et ne précise pas la suite du programme :

          Dictatures ou Peuples en action  !


          • monbula 16 août 2009 13:34

            Un pays qui aurait déjà compris, l’Allemagne qui recentre ses entreprises avec d’autres entreprises étrangères comme la Russie.

            http://www.lesechos.fr/depeches/monde/afp_00174765.htm


            • monbula 16 août 2009 14:28

              le financier, c’est comme l’alcoolique qui pique dans l’enveloppe du budget enfant, pour reboire.

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