Danger pauvreté
Pour ceux qui pensent que la pauvreté et son principal facteur, le chômage, ne sont pas des priorités, les statistiques d'Eurostat constituent un rappel cruel à la réalité. La France par le biais des transferts sociaux a limité les dégâts avec 19,3% de sa population menacée. Maigre consolation qui ne doit pas faire oublier les 8,6 millions de pauvres de l'hexagone.
Comme le relève l'Observatoire des inégalités, la pauvreté a baissé des années 1970 au milieu des années 1990. Elle est ensuite restée plutôt stable jusqu’au début des années 2000. Depuis 2002, le nombre de personnes pauvres au seuil de 50 % a augmenté d’un million (+ 27 %) et le nombre au seuil de 60 % a progressé de 1,1 million (+ 15 %).
Même si la France demeure l’un des pays qui compte le moins de pauvres en Europe, le mouvement de hausse est très net et devrait continuer jusqu'en 2014 compte tenu de la progression du chômage. Alors que les courbent tendent inexorablement vers les 4 millions de chômeurs, il apparaît que le régime d'assurance-chômage laisse, proportionnellement, de plus en plus de personnes sur le bord de la route, avec désormais moins d'un inscrit sur deux indemnisés (48 %).
Trois cas de figure sont alors possibles. Les chômeurs qui ont travaillé au moins 5 ans sur les 10 années précédentes et qui perdent leurs allocations chômage voient en moyenne leurs revenus fondrent de moitié. Ceux qui n'ont pas droit à l'ASS basculent, eux, sur le RSA. Enfin, les derniers, trop jeunes pour toucher le RSA ou dont le foyer dépasse les plafonds de revenu ne touchent ni allocations ni minima sociaux.
Selon le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), analyse validée par le Secours Catholique, la majorité des chômeurs sont en dessous du seuil de pauvreté soit 954 euros par an. Le MNCP pointe également les six millions de chômeurs/salariés précaires à toucher moins de 750 euros par mois.
"Masses chômeuses, masses dangereuses" a-t-on pour habitude de dire en s'appuyant sur un autre adage plein de bon sens "ventre vide n'a point d'oreilles". Or, les derniers chiffres du chômage en France publiés le 24 octobre 2012 sont inquiétants avec une accélération de la hausse aux allures de marée montante. Les jeunes et les seniors sont toujours ceux qui pâtissent le plus de la dégradation de la conjoncture. On peut faire mine d'ignorer ce cancer, premier facteur d'inégalités, jusqu'au jour où il nous rattrapera brutalement. Il est temps d'en faire la priorité absolue de l'action publique.
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