Décoiffage, pour ne pas voter nul
Dans son dernier livre, Jacques Marseille reprend les statistiques économiques et sociales et tord le cou à des idées reçues.
Il y a deux mois et demi, Jacques Marseille, professeur à la Sorbonne, mettait sa pierre dans la campagne électorale en publiant son nouveau bouquin sur des statistiques nouvelles.
Titre du livre : Les 100 chiffres pour ne pas voter nul en 2007.
Vous pouvez lire l’introduction du bouquin sur son site internet.
Il détruit quelques certitudes par quelques statistiques incontestables qui, lorsqu’elles sont véhiculées, sont souvent mal comprises.
Quelques exemples ?
Le taux de chômage diminue et se rapproche de ceux de nos partenaires européens, dites-vous ?
Faux.
Il y a 22 millions d’actifs en France, et on évalue à 8,8% le nombre de chômeurs rapporté à ce nombre d’actifs. Au sens de la définition du Bureau international du travail.
Mais ce taux ne traduit pas la réalité humaine ni la réalité économique.
Pourquoi ? Jacques Marseille précise en effet que parmi ces 22 millions d’actifs, il y en a environ 7 millions qui n’ont aucune menace pour leur poste, puisque celui-ci est définitif. Ce sont les fonctionnaires, les employés d’organismes paritaires, etc. Il ne les montre évidemment pas du doigt, puisque lui-même en est, comme universitaire.
Mais il estime que le meilleur taux à prendre en compte pour palper l’angoisse sociale, c’est le nombre de chômeurs (le même), mais rapporté au nombre des actifs soumis aux aléas de la conjoncture.
Et calculé ainsi, ce taux atteint 20%. Nettement supérieur aux autres voisins européens.
Autre chiffre concernant le chômage : 21,8% des jeunes de 15 à 24 ans sont au chômage.
Non ! En fait, ce sont 21,8% des jeunes de 15 à 24 ans qui ont terminé leurs études et qui cherchent un emploi.
Ce qui signifie qu’à être au chômage, ils ne sont que 7,8% de l’ensemble des jeunes de 15 à 24 ans. Les 21,8% ne prennent pas en compte l’immense majorité des jeunes qui sont encore en train de faire des études.
Les comparaisons avec l’étranger peuvent faire mal. Ainsi, cette croissance moyenne des effectifs des entreprises sept années après leur création : en France, +7% alors qu’en Allemagne, +22% et aux États-Unis... +126% !
Il situe d’ailleurs l’enjeu économique des prochaines années sur la cession des 500 000 entreprises dont les patrons souhaitent prendre leur retraite. Entreprises qui marchent bien,qui ont des clients, qui ont des bénéfices. Ces entreprises peuvent être liquidées (et leur personnel aussi !) si elles ne retrouvent pas de repreneurs.
Jacques Marseille, par ailleurs, explique que certaines statistiques peuvent être tendancieuses ou politisées, ce qui n’est pas une nouveauté.
Il cite des raisons d’être optimiste, que la France est bien placée dans les investissements étrangers (devant la Grande-Bretagne !) mais aussi d’autres raisons pour croire à son déclin, notamment sur les salaires plutôt faibles et la « smicardisation » de la société française.
15,6% des salariés français étaient payés au SMIC en 2004, alors qu’au Pays-Bas, 2,1% et en Grande-Bretagne, seulement 1,4%.
La moitié de la population française dispose, après impôts et cotisations sociales, de moins de 1315 euros par mois, ce qui est très faible.
Mais les solutions simplistes ne sont pas efficaces. Comme prendre aux riches et redonner aux pauvres.
Par exemple, plafonner la rémunération des grands patrons. Même si certains exemples sont affligeants de démesure, une telle mesure n’aide en rien à la réduction des inégalités.
Ainsi, si Jacques Marseille prenait l’ensemble des rémunérations des quarante patrons des entreprises cotées au CAC 40 (soit 200 millions d’euros annuels, bonne moyenne de... 5 millions d’euros par patron !), et les redistribuait à l’ensemble des Français qui n’ont pas atteint le seuil de pauvreté (soit 3,7 millions de personnes), eh bien, chacun n’obtiendrait que... 50 euros par an.
Bref, quelques statistiques qui décoiffent, et qui permettent de prendre la mesure réelle des enjeux économiques et sociaux de la France.
Pour choisir, le 22 avril 2007, en toute connaissance de cause.
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