Dépenser plus pour gagner plus
Une récession est un état où la production, les revenus et les dépenses se situent sous leur niveau normal ou tout au moins sous leur niveau potentiel. La production et le revenu ne pouvant effectivement - et en toute logique - s’accroître que si les dépenses progressent, il devient dès lors prioritaire de trouver un ou des intervenants convaincus d’ouvrir leur bourse...
Cette dépense ne peut être espérée de la part des consommateurs, pour la plupart sinistrés par la réduction de leur pouvoir d’achat ou par des crédits dont ils parviennent difficilement à supporter la charge. Il serait donc hautement souhaitable que les entreprises prennent le relais en investissant mais le contexte déprimé n’est guère plus favorable à une augmentation des dépenses de la part de ce secteur. Nous devons donc apprendre à vivre avec la récession et même - pourquoi pas ? - apprendre à l’aimer : N’est-ce pas nous, après tout, qui l’avons provoquée ?
La limitation des dépenses, l’austérité sont souvent présentées comme remèdes à ce mal qui ronge nos économies. Nos Gouvernements se devant ainsi de réduire dépenses et emprunts afin de progresser sainement tout en évitant d’hypothéquer la richesse des générations futures. Certes, nos dépenses gouvernementales sont incontestablement trop élevées. Certes, le gaspillage inconsidéré, généralisé et indéniable des ressources devrait être interrompu ou maîtrisé afin que notre fiscalité puisse être réduite de manière draconienne et productive. Toutefois, rien de ceci ne cassera la dynamique de la récession : Réduire les dépenses Gouvernementales et donner ces liquidités économisées aux contribuables dans le but de stimuler la dépense ne favorisera pas directement le facteur crucial qu’est la demande agrégée ou demande totale.
L’amélioration de ma condition financière individuelle sera nécessairement dépendante de l’augmentation de mes revenus ou de la diminution de mes dépenses. Néanmoins, les problèmes auxquels je suis personnellement confrontés ne sont pas similaires à ceux que la société doit gérer. En effet, pour la société, la demande agrégée égale très précisément la dépense agrégée de telle sorte à ce que, si je réduis ma dépense afin d’améliorer ma propre condition financière, c’est le revenu global de la société qui baissera du fait de la décision d’un individu de dépenser moins !
De même, si je souhaite augmenter mes dépenses sans creuser mes emprunts, je devrai fatalement faire appel à mon épargne. La logique est donc inexorable : si la consommation de la société doit progresser sans aggraver ses emprunts, c’est l’épargne qui devra être sollicitée et il serait terriblement contre-productif de plaider pour améliorer le niveau de cette épargne. Certes, l’économie post-crise devra obligatoirement être refondée sur des valeurs saines comme l’épargne mais aujourd’hui cette épargne entrave la résolution de notre problème immédiat en freinant l’augmentation de la demande agrégée au sein de nos économies. Keynes avait bien identifié ce paradoxe de la frugalité : Promouvoir l’épargne dans les conditions présentes ne fera qu’accentuer la récession...
Les défis de la société ne sont donc pas équivalents aux miens tout comme les mesures d’assainissement et de consolidation de nos économies à long terme ne sont pas similaires aux actions qu’il convient d’entreprendre aujourd’hui afin que cette récession ne se transforme en dépression...En fait, certaines décisions susceptibles d’améliorer nos conditions sur le long terme ne font que la détériorer aujourd’hui !
Tous nos efforts doivent ainsi être orientés vers une progression de la demandé agrégée et, dans cette optique, nos Gouvernements devront être lourdement mis à contribution et creuser leur endettement afin de promouvoir la demande ainsi que la consommation qui, elle, devra nécessairement soit faire appel à notre épargne soit alourdir notre endettement individuel...
Ces deux moteurs de la demande - et de la croissance - seront par la suite remplacés par les exportations et par l’investissement des entreprises qui permettront aux Gouvernements de réduire leur endettement du fait d’une réduction de leurs dépenses conjuguée à une recette fiscale stimulée par la croissance. A ce stade, les stimuli fiscaux et autre plans de relance ne seront qu’un mauvais souvenir.
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