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Des emplois d’abord, des retraites ensuite…

L’agenda social-politique de cette année prévoit, selon les accords de 2006, une révision et une adaptation des politiques des retraites.

Les débats commencent avec une polémique récurrente sur l’âge de départ à la retraite qui serait décisif en termes de garantie du niveau de ces retraites et d’équilibre du système de répartition.

Il nous semble que le problème n’est pas bien posé, en particulier par le patronat et le gouvernement : la vérité, c’est que, quelles que soient les déclarations et pour un ensemble de raisons qui remontent à l’après 68, le patronat français n’aime pas l’emploi : la culture dominante, c’est que le recrutement d’un salarié est un coût pour l’entreprise, à la différence de l’investissement dans une machine qu’on amortit.

Parler des retraites sans parler de l’emploi consiste à prendre le problème du côté des conséquences et non pas des causes.

Quels sont donc les termes de l’équation ?

Les Français et leurs représentants syndicaux disent tous être attachés à la répartition - qui implique que les actifs (qui cotisent, donc qui touchent un salaire) financent les retraités (et les chômeurs suivant le même principe). Si on ne met pas en cause ce principe de financement et si on ne crée pas d’emploi (pour les jeunes qui peinent à entrer dans la vie active et pour les seniors qui présentent déjà un taux de chômage record dès 55 ans, nonobstant les déclarations et exhortations des uns et des autres) et si on ne relève pas les salaires (donc le montant des cotisations) comment on va résoudre ce problème ?

Les politiques, qui sont les champions du dégagement en touche, nous dirons que, de toute façon, le problème existe du fait de l’allongement de la durée de vie. Argument spécieux : s’il y avait de l’emploi, beaucoup de seniors accepteraient de travailler plus longtemps, éventuellement avec une durée de travail et un traitement allégés pour pouvoir former des jeunes qui sont les cotisants de leurs futures retraites.

Donc, le problème des retraites pose la véritable question de l’emploi, qui renvoie elle-même au problème du modèle économique de développement en France ; la Chine ne réussit pas par magie ou sous l’influence des astres : elle a opté pour un modèle productiviste qui en fait l’usine du monde avec des coûts de production bas et une monnaie faible pour prendre les marchés ; globalement, ça marche. Que veut être la France, que veut l’Europe, comment tirons-nous parti de nos atouts (pour en faire des avantages compétitifs) avec un euro fort ?

Peut-être peut-on cesser de se dire qu’on a les meilleurs politiques, patrons, haut fonctionnaires, grandes écoles,...du monde, à les lire, à les entendre et à constater les résultats. Peut-être peut on revenir au vrai débat, en privilégiant d’autres voies tout en préservant ce qui peut l’être en attendant.


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14 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 6 février 2010 08:59

    Débattre est une bonne chose. Mais pourquoi débattre ? L’intérêt du débat est de permettre à chaque participant d’exposer ses arguments, d’entendre, d’analyser et de critiquer ceux des autres (critiquer dans le sens littéral).

    Les participants sont conduits à la fois à traduire leurs pensées en mots et à découvrir d’autres perspectives, d’autres logiques et d’autres intérêts.

    Le but du débat étant plus la confrontation des idées par l’exposition des argument que de convaincre et de trouver la solution miracle à un problème complexe. Si évolution de la pensée il doit y avoir, elle se fera après analyse, rejet ou appropriation des arguments exposés.

    Pour en revenir au problème du financement des retraites, il me semble qu’il ne doit pas être séparé de celui du financement de la protection sociale en général. La Sécurité Sociale porte bien le nom du but poursuivis par le Conseil National de la Résistance, amoindrir l’angoisse lié aux risques de la vie humaine, la maladie, la famille, la vieillesse.

    La recherche de la sécurité qu’elle soit sociale ou civile, est la cause première de la construction des sociétés humaine et la nier, comme l’a fait mme Parisot qui la comparait à la vie amoureuse, c’est nier la société humaine et donc stérile et sans issue.

    Nos hommes politiques n’ont pas su ou pas voulu voir que le financement de la protection sociale devait s’adapter à l’évolution de la société.

    Il était certainement logique et conforme à l’esprit de l’époque de faire financer la protection sociale par les salariés à l’époque du plein emploi des ouvriers-employés, des études et d’une retraite courte. Ce système de tontine privilégiait scandaleusement les cadres aux études et aux retraites longues mais c’était la rançon de l’égalitarisme et de la solidarité.

    Aujourd’hui, le chômage de masse à remplacer le plein emploi, les études et les retraites sont plus longues, les machines et l’informatique ont remplacé les ouvriers et les employés. Les quelques manufactures de main d’oeuvre encore nécessaires sont envoyés dans les pays à bas coût sociaux, réglementaire et écologique dégageant de gros bénéfices à l’abri du fisc dans les paradis fiscaux.

    La conclusion logique est qu’il faut asseoir le financement de la protection sociale sur une assiette plus conforme à la réalité actuelle sous peine d’effondrement du système sous le poids de la dette.

    La CSG était une solution provisoire qui devait nous mener vers la TVA sociale (débattue par ailleurs) mais la frilosité, le populisme et la démagogie de tout bord ont fait échouer cette évolution nécessaire. Il s’agit ni plus ni moins de transférer le financement de l’entreprise productrice (discriminatoire et de plus en plus réduit) vers la consommation (universel).

    La TVA sociale modulée en fonction de la priorité des besoins (produits de base, produit courants, produits de luxe) est le mode de financement adaptée à l’époque actuelle basée sur le capitalisme.


    • Emile Domski 6 février 2010 12:54

      Mon cher Daniel,
      Entièrement d’accord avec toi. Comme quoi, ouvrir le débat a du bon, car je crains que la question ne sqoit pas abordée sous cet angle de « refondation » tant au Parlement que dans les media traditionnels.


    • zelectron zelectron 6 février 2010 12:57

      J’avais proposé en 1980 le transfert des charges sociales sur la TVA et avais recueilli une attention polie (vous savez ce que ça veut dire) La gauche est arrivée au pouvoir l’année suivante et tout ce qui venait de droite était jugé idiot et à mettre au panier. Pour un certain nombre de raisons aujourd’hui c’est beaucoup plus difficile de mettre en œuvre une réforme de cette envergure, la croissance n’etant plus au rendez-vous.
      Un avantage indubitable que j’avais souligné à ce moment là rendait cette TVA augmentée semblable à des droits de douane déguisés et à une sorte de prime à l’exportation (aujourd’hui il en serait de même, sauf si nos partenaire hurlent, auquel cas il faudrait prendre des décisions Européennes.)


    • Daniel Roux Daniel Roux 6 février 2010 19:55

      Cher Emile

      Le problème est que l’homme politique standart est conformiste par nature. Au parlement, il vote ce qu’on lui dit de voter et ne bronche pas en réunion. Seul ceux qui ont reçu l’autorisation de s’exprimer devant le peuple ont le droit de rapporter la position du parti.

      Ces politicards ne pensent qu’à leur élection, et s’il se trouvait un jour qu’ils aient un jour une bonne idée ou une opinion, ils se garderaient bien de la faire connaitre de peur de froisser leur chef de parti et de risquer leur carrière de rond de cuir.

      Quant aux vrais hommes politiques, la machine à sélectionner les candidats se garde bien de les mettre en avant pour ne pas faire de l’ombre aux ténors soutenus par les riches actionnaires des multinationales.


    • Daniel Roux Daniel Roux 6 février 2010 20:03

      @ Zelectron

      Cette TVA sociale ne plaît pas aux multinationales qui sont les vrais maîtresse du grand Jeu. Leur truc, celui qui rapporte beaucoup de dollars, c’est de fabriquer à petits coûts et de vendre cher, en plaquant leur bénéfice dans les paradis fiscaux. Ce sont des entreprises prédatrices.

      Sans surprise, chaque fois que l’on parle de cette réforme indispensable, on entend un éléphant démagogue de gauche ou un turlupin populiste de droite, hurler à l’impôt injuste. Même les syndicats s’y mettent comme s’il ne voyait rien de ce qui se passe (dans le meilleur des cas).


    • BA 6 février 2010 09:43

      Samedi 6 février, les grands médias traditionnels ont relayé la propagande de l’administration Obama.

      Les télévisions françaises, les radios françaises, les journaux de la presse papier ont répété que le chômage avait baissé aux Etats-Unis.

      Ce matin, tous les grands médias traditionnels ont agi comme des perroquets, répétant, et répétant encore, et répétant toujours la même propagande  :

      « Aux Etats-Unis, le taux de chômage a reculé à 9,7 %. Aux Etats-Unis, le taux de chômage a reculé à 9,7 %. Aux Etats-Unis, le taux de chômage a reculé à 9,7 %. »

      Chose étonnante : aucun grand média français n’a expliqué comment l’administration Obama truque les statistiques du chômage.

      Voici un graphique concernant le chômage aux Etats-Unis  :

      C’est le nombre de demandeurs d’emploi découragés qui sortent chaque mois des statistiques officielles  :

       

      http://business.theatlantic.com/assets_c/2010/02/discouraged%202010-01-21440.php

       

      En septembre 2009, au total, 700 000 demandeurs d’emploi découragés sont sortis des statistiques officielles.

      En janvier 2010, au total, 1,1 million de demandeurs d’emploi découragés sont sortis des statistiques officielles.

      Avec 1,1 million de demandeurs d’emploi découragés en janvier, le gouvernement Obama peut faire sa propagande : « Les chiffres du chômage ont baissé ! Les chiffres du chômage ont baissé ! Les chiffres du chômage ont baissé ! »

      En France, Pôle Emploi a déjà prévénu : un million de chômeurs arriveront en fin de droits en 2010. C’est-à-dire : un million de chômeurs sortiront des statistiques officielles.

      Et là-encore, Sarkozy viendra faire sa propagande sur TF1 :

      « Les chiffres du chômage ont baissé ! Les chiffres du chômage ont baissé ! Les chiffres du chômage ont baissé !  »


      • Francis, agnotologue JL 6 février 2010 10:23

        « En France, Pôle Emploi a déjà prévénu : un million de chômeurs arriveront en fin de droits en 2010. C’est-à-dire : un million de chômeurs sortiront des statistiques officielles. Et là-encore, Sarkozy viendra faire sa propagande sur TF1  » (BA)

        Non seulement il viendra le dire, mais il l’a déjà « annoncé », et les médias ont répété comme un seul homme : « Sarkozy a annoncé une baisse prochaine du chômage ».

        Sarkozy, la naissance d’un prophète !  : -))


        • Francis, agnotologue JL 6 février 2010 10:29

          « Je ne crois pas à l’utopie libérale d’autorégulation par l’offre et la demande  » (Chantecler)

          De fait, seule l’UE croit encore en la min invisible du marché. L’UE est l’idot du village global !


        • Le péripate Le péripate 6 février 2010 10:35

          La sophistication des rames... quelle galère.... smiley


        • Emile Domski 6 février 2010 13:00

          Mon cher Chanteclerc,
          Ne broyons pas du noir ; asseoir plus généralement la solidarité d’une société sur la création de richesse est une piste sérieuse. Quant à penser que la richesse accumulée depuis une centaine d’année va fondre, je ne partage pas ; deux exemples récents : 1/ l’inventaire du patrimoine public mal valorisé en France ; 2/ la vente de l’homme qui marche du pauvre Giacometti pour 74 milliosn d’euros !


        • Francis, agnotologue JL 6 février 2010 10:27

          C’est bien de recadrer le débat ainsi. Vous écrivez : « Parler des retraites sans parler de l’emploi consiste à prendre le problème du côté des conséquences et non pas des causes. »

          En fait, tout discours sur les retraites qui n’évoque pas l’emploi et le chômage, n’est que de l’enfumage et politique de gribouilles impuissants.


          • Blé 6 février 2010 11:50

            Je suis tout à fait d’accord avec l’auteur, avant de parler retraite, il faut parler emploi. C’est là que le bas blesse car nous allons vers une société où le salariat va diminuant, les emplois se raréfient, le MEDEF veut casser tout ce qui ressemble de loin ou de près à du social.

            Les richesses produites durant ces 30 dernières années sont complètements occultées dans les débats. Rallonger la durée de travail devient incohérent quand la jeunesse frappe aux portes des entreprises ou veulent créer leur propre entreprise.

            Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de trouver 3 plombiers, 2 menuisiers, 6 tricoteuses auto entrepreneur par village ou par quartier. Avec l’A G C S ces personnes auront beaucoup de mal à vivre avec leur travail.


            • Emile Domski 6 février 2010 13:04

              Cher Blé,
              Je ne pense pas que la terre va s’arrêter dans quelques années : alors, les solutions dépendent de notre capacité à penser l’avenir (plutôt que de celle de Parisot à conserver le patrimoine) !


            • Lemiamat 8 février 2010 09:43

              Bon qu’est ce qu’on fait alors ????? De toutes façons on ne pourra pas continuer comme çà, le système est en faillite.
              On sacrifie les jeunes ou les anciens, faites votre choix camarades mais dans tous les cas çà va gueuler dans les chaumières... :->

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