Des talents divinatoires en économie...
La vérité est que personne n’est capable de prévoir si la situation aux Etats-Unis est susceptible de s’améliorer à moyen terme, pas plus Greenspan, Soros ou Bernanke...
Ainsi, une des possibilités les moins encourageantes serait que, au fur et à mesure que l’immobilier plonge et que l’économie américaine s’installe dans la récession, les banques soient de moins en moins tentées à consentir des prêts. La conséquence directe serait une dépréciation des prix de tous les actifs américains, dont les bourses, une série de faillites et un afflux de chômeurs qui entraîneraient à leur tour un resserrement supplémentaire des crédits consentis ! De fait, les économies américaines, britanniques, espagnoles pour ne citer qu’elles se retrouvent d’ores et déjà dans un tel cercle vicieux, en état de voie dislocation, dirai-je même, tant et si bien que réductions de taux d’intérêt et baisses d’impôts ne produisent quasiment plus aucun effet.
Les revenus des ménages américains vont augmenter de 14 % (taux annualisé) lors du troisième trimestre de cette année grâce à un chèque compris entre 600 et 1 200 dollars que chaque ménage recevra dans le cadre du stimulus fiscal de 165 milliards de dollars récemment décidé par le gouvernement Bush. La consommation dans le pays s’améliorera si seulement la moitié de cette somme était dépensée dans les six mois suivant l’encaissement de ce chèque et ce d’autant que les aides les plus importantes sont évidemment destinées aux ménages les plus modestes qui ont le plus besoin de cette enveloppe. De plus, la réduction de la politique monétaire américaine commencera à produire ses effets bénéfiques vers la fin de cette année, soit à partir de la période où les aides de l’Etat auront été dépensées. Effectivement, comme une modification de politique monétaire n’affecte l’économie réelle que dans un délai compris entre 12 et 18 mois, la baisse des taux de l’automne dernier devrait se répercuter positivement dès le premier semestre 2009... Il semble donc que les calculs des autorités américaines, s’ils se révèlent exacts, devraient donner une décharge d’adrénaline à l’économie américaine à partir de l’été 2008 et ainsi récession et crise du crédit pourront dès lors être rangées dans les albums souvenirs en attendant la prochaine crise... à moins qu’un effondrement financier ne survienne dans les trois mois à venir, ce qui constituerait le pire des scénarios.
Donc, on le voit, des scénarios diamétralement opposés sont plausibles et il ne faut pas chercher de réponse non plus du côté des investisseurs ou des spéculateurs car les différents marchés envoient des signaux confus, voire contradictoires. Ainsi, les obligations indiquent-elles la pire des dépressions depuis quarante ans pendant que les marchés boursiers prévoient, eux, une récession molle et alors que les denrées (commodities) et le billet vert alertent au sauve-qui-peut... Le fait est que des forces puissantes et surtout contradictoires sont à l’œuvre au sein de l’économie globale et qu’il est impossible de prévoir à l’avance si les conséquences expansionnistes des baisses de taux combinées aux stimuli fiscaux pourront contrebalancer les conséquences récessionnistes de la chute de l’immobilier et de la crise du crédit.
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