Dette publique et courage politique
François de Closets, journaliste et écrivain de renom, s’est récemment fendu d’une belle interview dans le journal France Soir, sous le titre à peine provocateur « Aujourd’hui, nous payons trente cinq ans de mensonges… ». Fustigeant la démagogie purulente de notre caste politicarde, l’écrivain tente d’éclairer l’actuelle crise économique en pointant du doigt l’une de ses principales causes : l’absence totale de courage politique des derniers gouvernements républicains.
Pour étayer son point de vue, le journaliste s’appuie sur quelques arguments imparables : du non-remboursement de la dette en 1997 par pure démagogie aux largesses chiraquiennes des années 2000 en passant par l’affaire de la « cagnotte » de 1999. Fort d’un raisonnement étayé et complet au premier abord, François de Closets veut mettre en exergue l’importance cruciale d’un véritable courage politique lors des futures élections présidentielles de 2012, ce qui à l’évidence n’apparaît nullement dans les actuelles mesures des présidentiables… « Halte au clientélisme et aux bons sentiments ! »
S’il pointe à raison les faiblesses de nos politiciens, il est fort regrettable de constater que François de Closets ne pousse pas assez son raisonnement politique et économique.
Au niveau politique, il est évident que les mesures qu’il propose, telles que la suppression des niches fiscales, la surtaxe des hauts revenus ou l’encadrement du droit de grève, ne verront jamais le jour au sein de notre république, pour deux raisons : l’instabilité gouvernementale et la faiblesse politique inhérentes à notre actuel système démocratique.
La Démagogie et la Xylologie ont depuis longtemps renvoyé aux vestiaires le courage et l’abnégation. Faut-il s’en étonner ? Le quinquennat a réduit à néant tout espoir de stabilité politique, de vision réformatrice à long terme et de courage politique. Quel gouvernement républicain se couperait l’herbe sous le pied avec des réformes si impopulaires ? Quel gouvernement républicain se tirerait une balle politique en mettant en œuvre « ces décisions radicales » (dixit F.de Closets) ? A l’évidence, aucun.
Au niveau économique, revenir sur le taux de dépenses publiques par rapport au PIB remet en cause la Loi de Wagner qui pose que « le développement économique s’accompagne toujours d’une hausse des dépenses publiques ». De cette loi découle l’axiome quasi-dogmatique actuel de « l’Etat, source de développement économique », revêtant la forme d’un véritable casse-tête économique pour l’actuel gouvernement, qui oscille entre la nécessaire austérité budgétaire et l’incontournable dépense publique.
Firmin Bacconnier écrivait dans son article Les Assurances Sociales, en 1923 : « Poser l'assistance comme principe de l'ordre économique et social, est une grosse erreur. On tue ainsi cet esprit de prévoyance et d'épargne, qui est à la base du développement économique, du progrès social et de l'affranchissement des personnes. L'assisté dépend de celui qui l'assiste. Il n'est pas libre : Assistance, c'est sujétion. Cela présente des avantages pour un gouvernement électif, qui trouve ainsi chez les assistés des électeurs dociles. Mais pour le pays les inconvénients sont immenses. »
François de Closets a donc, dans cet interview, amorcé une réflexion de fond sur les intrinsèques défauts de la république. Par peur de la conclusion sans doute, il ne l’a pas fini… Pourtant, en reprenant là où il s’est arrêté, il apparaît clairement que c’est le système républicain lui-même qui est intrinsèquement défaillant, par l’instabilité gouvernementale et l’assistanat économique qu’il implique, par la faiblesse politique et la démagogie qu’il entraîne.
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