Développement durable et utopie
Depuis la dernière décennie, le développement durable est devenu
le leitmotiv de tous les acteurs politiques qui ont la chance de pouvoir
trouver un micro à leur portée, et cela, quel que soit le pays.
Excepté des discours plus ou moins appropriés sur le sujet,
qu’ont-ils fait de concret ? Rien. Il faut dire que pour faire quelque chose
en ce domaine, il faut avoir du courage, et c’est exactement ce qui manque le
plus.
Cet article, à défaut d’être exhaustif, va tenter de
clarifier :
1. Les causes du non développement
2. Ce qui permettrait de résoudre les problèmes
3. Enfin, les freins que nous rencontrons à ce jour.
Les causes du non développement sont multiples et variées,
d’un pays à l’autre, tant pour les récipiendaires des aides nécessaires, que pour les pays dits ‘pourvoyeurs’. En effet, sur la liste officielle des
191 pays qui composent, à ce jour, les Nations-Unies :
a. 64 n’ont toujours pas un processus
démocratique électif, et donc un État de droit.
b. Ils n’ont pas non plus une presse libre qui permette de
rendre compte de manière ouverte des faits nationaux et internationaux..
c. Ces 64 pays sont néanmoins parties prenantes, en moyenne,
dans 43 organisations internationales.
d. 49 de ces pays ont été colonisés jusqu’ au milieu des
années 1960 par sept pays membres de la Communauté européenne, et les autres sont restés sous la
férule du communisme depuis la seconde guerre mondiale, et cela, jusqu’au début
des années 1990.
Les fonds dont ils ont bénéficié depuis leur indépendance
ont toujours été en inadéquation par rapport aux besoins réels, c’est-à-dire :
a. L’infrastructure était généralement démesurée par rapport
aux besoins locaux .
b. Cela trouvait sa justification dans le fait que, très
souvent, le pays prêteur exigeait sans un réel appel d’offre que cette
infrastructure soit construite par une entreprise de son pays .
c. Les prêts alloués, par ce biais, revenaient ainsi au
pays prêteur, la durée du remboursement était toujours trop courte, par rapport
à l’amortissement de l’infrastructure, qui, du fait de son utilité publique, ne
générait pas de profits, et enfin le taux d’intérêt sur le prêt rendait la
charge de la dette insupportable, voire impossible. Cela faisait -et fait toujopurs- rentrer
ces pays dans une spirale d’une dette s’autoalimentant .
d. L’infrastructure elle-même, quand elle voyait le jour,
n’était pas toujours construite dans les règles de l’art, car une partie de ce
qui aurait dû servir à la construction partait en commissions occultes .
e. Quand, et malgré tout cela, cette infrastructure était
terminée, elle ne pouvait fonctionner normalement, faute de budget de
fonctionnement et d’entretien ensuite.
Tout cela étant, qu’est-ce qui permettrait de parvenir à la
mise en œuvre d’un développement durable dans les pays émergents ?
a. Permettre que les choix de tels projets ne soient plus
liés aux suggestions pressantes des pays prêteurs, qui souvent, sont de
connivence avec le pouvoir des pays où ces projets doivent voir le jour .
b. Permettre que des experts totalement indépendants soient
responsables, devant les tribunaux internationaux, de la validité de leurs
recommandations sur l’évaluation technique, économique et financière de tels
projets. Cela aurait pour mérite d’éviter les projets pharaoniques dont nombre de
potentats rêvent.
c. Permettre que l’adéquation entre financements et projets
envisagés soit en parfaite phase avec un développement durable, et non pas un
faire-valoir politique local, n’ayant souvent servi qu’à l’enrichissement du
potentat local, avec l’accroissement du chiffre d’affaires d’entreprises
particulières du pays prêteur. C’est-à-dire que, comme lorsqu’il y a
investissement dans une entreprise privée, il y a nécessité d’ajuster le délai
du retour sur investissement avec le taux d’intérêt et la durée d’amortissement
de ce financement. C’est aujourd’hui loin d’être le cas, ce qui explique, d’une
part, l’accroissement de la dette extérieure de ces pays, et d’autre part,
l’importance des sommes prélevées tout au long du processus, à d’autres fins
que celles du projet.
d. Que les Nations-Unies, la Banque mondiale et le FMI
imposent le recours, sous contrôle international, à des élections ouvertes et à
la mise en œuvre d’institutions, exécutives, législatives et judiciaires, qui,
pendant au moins la durée d’une législature, seraient formées par des experts de
nations autres que l’ex-puissance coloniale ou la tutelle passée.
e. Que simultanément à la planification des infrastructures
nécessaires à un tel développement, il soit procédé à un audit national des
matières premières existantes dans ces pays, et qu’on en fasse une évaluation
au prix du marché, pour élaborer un partenariat de production avec des firmes
privées d’autres pays, qui du fait de l’état de droit garanti par les nouvelles
institutions, sous formation d’experts internationaux, interdirait le pillage, et
que seuls quelques potentats du cru puissent en profiter. Cela aurait pour
mérite de favoriser l’émergence d’entreprises privées, sous contrôle, mais sans
recours au Kolkhoze.
f. Ce faisant, une part des revenus générés par ces
activités productrices seraient mis dans un fonds international qui pourrait,
en contrepartie, servir de garant à d’autres prêts à long terme, nécessaires à
d’autres secteurs de services ou de production, en amont ou aval.
Cela ne peut voir le jour, du fait des freins suivants :
- L’ONU ne tient pas à ce que ces pays recouvrent une
souveraineté qui lui ferait perdre une part de son pouvoir, et en même temps les
budgets énormes qui sont consacrés et ’’utilisés’’ à de soi-disant ’’maintien
de la paix’’ ou à cette prétendue ’’interposition’’ .
- Ce sont de telles situations qui permettent à cette
organisation internationale de perdurer, par des jeux subtils entre certains
membres du Conseil de sécurité .
- Cela vaut également pour les autres organisations
internationales pourvoyeuses, pour compte de leurs mandants, des fonds prêtés ou
des emprunts alloués, entraînant les mêmes jeux subtils de pouvoirs indirects.
- Enlever aux ex-pays colonialistes le pouvoir de décision
qu’ils maintiennent ainsi sur leurs anciennes colonies, obtenant par ce biais des
votes acquis indûment, soit à l’ONU, soit dans d’autres organisations
internationales.
Si l’on veut réellement favoriser le développement durable
des pays émergents, tout en les mettant au niveau des nouvelles technologies du
savoir et de la communication, et en même temps réaliser le nôtre, il faudra
parvenir à ce que les dirigeants de nos propres pays aient le courage de se défaire
de cette situation de mainmise qui ressemble à s’y méprendre à l’ère du mercantilisme,
celle qui prévalait avant le colonialisme.
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