Dix raisons de s’intéresser au Bitcoin en 2020
Après une année 2019 qui aura vu le Bitcoin alterner des hauts et des bas, 2020 débute dans un contexte favorable au Bitcoin, qui est en hausse de 22% depuis le 1er janvier.
Pourquoi s’y intéresser ? Voici dix éléments de réponse.
« C’est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin... » (Henry Ford, 1922)
Les raisons macro-économiques
1/ Le retour de la planche à billets
60 milliards de dollars, 20 milliards d’euros, tels sont les montants que la Federal Reserve et la Banque Centrale Européenne se sont engagées à investir chaque mois sur le marché de la dette gouvernementale, dès l’automne 2019.
Avant de laisser sa place à Christine Lagarde, Mario Draghi a annoncé que cet exercice durera « aussi longtemps que nécessaire ». Si la Fed prévoit de le faire jusqu’au 2ème trimestre 2020, on peut supposer qu’elle interviendra bien plus longtemps que prévu, vu le déficit budgétaire abyssal des Etats-Unis ($1'100 milliards prévus pour 2020) et le désintérêt de Donald Trump à le résorber.
Rappelons que l’achat de dette gouvernementale par la banque centrale équivaut à de la création monétaire. En effet, les gouvernements américains et européens financent leurs déficits budgétaires par l’émission de nouveaux emprunts souscrits ex nihilo par les banquiers centraux.
Il semble loin le temps où seuls certains pays du tiers-monde faisaient tourner la planche à billets pour financer leurs dépenses - et finissaient sans exception en banqueroute. Désormais, c’est une réalité dans la majorité des pays développés et les chiffres donnent le tournis.
L’algorithme du Bitcoin prévoit que seuls 21 millions de bitcoins seront créés d’ici 2140. Ce nombre ne peut pas être modifié sans l’accord de la majorité des acteurs du réseau, qui n’ont aucun intérêt à le faire, vu que la rareté du Bitcoin est un important vecteur de sa valeur.
A ce jour, 18.1 millions bitcoins sont en circulation et il y en aura pour tout le monde. En effet, vous pouvez acquérir jusqu’à un cent millionième de Bitcoin pour coût de 0.07 centimes d’euro.
2/ Les taux d’intérêt négatifs
Le coût de l’argent est représenté par le taux d’intérêt, et suit la loi de l’offre et la demande.
En finançant les déficits des gouvernements, les banques centrales augmentent l’offre de monnaie dans le système financier. Ce qui est abondant est bon marché, c’est pourquoi les taux d’intérêt baissent partout dans le monde.
Les autres créateurs de monnaie sont les banques commerciales, lorsqu’elles octroient des prêts aux entreprises et aux particuliers. Les taux bas encouragent les agents économiques à s’endetter, amplifiant donc la création de monnaie et la baisse des taux jusqu’en territoire négatif.
58% des banques allemandes ont facturé des taux d’intérêt négatifs à leurs déposants en 2019. Si cette mesure concerne principalement les comptes de sociétés, 23% des banques admettent avoir aussi ponctionné les dépôts de privés, ce qui existe dans un nombre grandissant de pays.
En France, les rendements du livret A sont négatifs, une fois l’inflation déduite.
A la façon de l’or, le Bitcoin ne génère aucun intérêt, positif ou négatif. Personne ne peut ponctionner vos bitcoins si vous les conservez de façon sécurisée.
3/ Les retraites
Les manifestations de décembre en sont la preuve : le problème des retraites est insoluble.
Pas qu’en France. Partout.
Pour les pays qui pratiquent la retraite par répartition comme la France, l’allongement de la durée de vie et la baisse du ratio actifs/retraités font que les rentes diminueront. Sinon, l’Etat comblera la différence par l’emprunt.
Pour ceux où les retraites sont capitalisées auprès de fonds de pension, les taux d’intérêt négatifs font que les rentes seront plus faibles qu’avant. Là aussi, l’Etat s’endettera en cas de contestation populaire.
Peut-on compter sur l’Etat pour nos vieux jours ? La détresse financière de nos aînés aux petites retraites montre le contraire.
Peut-on compter sur les banques pour rémunérer notre épargne ? Non plus.
Il faut – si possible – investir par ses propres moyens. Mais dans quoi investir quand tout est cher ? La réponse n’est pas évidente. Est-ce que le Bitcoin est trop cher ? Certains le pensent.
Ou peut-être est-il sous-évalué ? En 2017, le site Internet « The Money Project » estimait que toute la monnaie disponible dans le monde se montait à 90'000 milliards de dollars, 600 fois plus que la valeur actuelle du Bitcoin.
Aussi, le Bitcoin est un actif de réseau. Plus il y a d’utilisateurs, plus le réseau prend de la valeur. Qui pouvait prédire la vitesse à laquelle les sociétés d’Internet ont accru leur réseau ? Qui peut prévoir celle du Bitcoin, dont la valeur est passée de 0 à 150 milliards en dix ans ?
4/ Les tensions géopolitiques
L’année 2019 a été marquée par les frictions diplomatiques. Il est difficile de trouver un pays ayant échappé aux menaces de Trump.
L’arme ultime : couper l’accès au billet vert, geler les avoirs en dollars.
En mai 2018, Trump interdisait les transactions en dollar avec l’Iran. En octobre, il menaçait la Turquie du même sort si elle continuait à commercer avec Téhéran.
La Russie continue de subir les sanctions survenues après l’annexion de la Crimée en 2014. Vladimir Poutine dédollarise son économie au maximum. 42% de ses échanges avec l’UE ont été réglés en euro au 1er trimestre 2019. La Russie commerce principalement en roubles avec l’Inde.
Si les Etats élaborent des solutions aux sanctions américaines, qu’en est-il de la population ? Elle souffre, comme en témoigne l’inflation galopante en Iran et au Venezuela.
L’accès au dollar peut être coupé même sans sanction américaine. Au Liban, la banque centrale empêche les déposants ayant des devises étrangères de les retirer, par peur d’une fuite des capitaux. Si certains Libanais ont pris la nouvelle avec humour, en rebaptisant leurs dollars bloqués « lollars », comment réagirions-nous si cela nous arrivait ?
Le Bitcoin n’est ni une solution miracle ni un investissement sans risque, mais il permet de rester souverain sur une partie de son patrimoine, dans un contexte géopolitique de plus en plus incertain.
5/ L’arrivée des Millenials
Le courtier immobilier Coldwell Banker, prévoit dans une étude d’octobre 2019 que les Millenials américains (personnes nées entre 1980 et 1999) vont hériter de 68'000 milliards de dollars des Baby Boomers (nés entre 1946 et 1964) d’ici 2030.
Les Millenials ont grandi avec Internet et ont contribué à son développement.
Comment vont-ils investir les avoirs dont ils hériteront dans ce contexte de taux zéro et d’incertitudes ? Nul ne le sait, mais ils auront sûrement moins de peine que les Baby Boomers à appréhender un actif de réseau comme le Bitcoin.
L’environnement du Bitcoin
6/ Le halving
Tous les quatre ans, la récompense de minage d’un bloc (« block reward ») par les mineurs du réseau Bitcoin est réduite de moitié (« halving ») par l’algorithme.
Rappelons que les blocs de la blockchain du Bitcoin surviennent environ toutes les 10 minutes. Les blocs contiennent les transactions entre participants à valider par le réseau. Ces transactions sont vérifiées par les mineurs au moyen de la puissance de calcul des machines qu’ils mettent à disposition du réseau. Actuellement, la récompense de minage d’un bloc est de 12.5 bitcoins. C’est ce que touchent le/les mineur(s) ayant validé un bloc.
Au 630'000ème bloc, soit autour du 24 mai 2020, la récompense baissera à 6.25 bitcoins par bloc, ce qui correspond à 900 bitcoins créés par jour, contre 1800 aujourd’hui. Vu que les mineurs financent leur coût d’équipement informatique et d’électricité par la vente des bitcoins qu’ils ont gagnés, les acheteurs « se battront » pour moitié moins d’unités.
A demande constante, une baisse de l’offre fait normalement monter le prix. La question est de savoir si cette réduction est déjà reflétée dans le cours actuel du Bitcoin.
Or, les deux derniers booms du Bitcoin se sont produits en 2017 et 2013, soit un an après les précédents halvings de 2016 et 2012. Comment l’expliquer ?
Une explication serait que le marché s’ajuste progressivement à la hausse suite au halving, jusqu’à un point où le Bitcoin dépasse son précédent cours record. A ce moment-là, la presse et les nouveaux investisseurs s’emballent, ce qui provoque un choc du côté de la demande et une nouvelle flambée des prix.
7/ Une puissance de calcul historique
Le 1er janvier 2020, les mineurs du réseau Bitcoin ont atteint un nouveau record, celui d’une puissance de calcul mise à disposition du réseau de 120 Exahash par seconde. En bon français, cela équivaut à 120 milliards de milliards d’opérations par seconde…
En décembre 2017, le cours du Bitcoin était plus du double de celui d’aujourd’hui, alors que le réseau était dix fois moins puissant. Pour quelle raison les mineurs investiraient maintenant davantage en machines et en énergie alors que la récompense monétaire est bien inférieure qu’à l’époque ?
Tout simplement parce qu’ils anticipent une hausse des cours suite au halving, ce qui attire de nouveaux mineurs et rend le minage plus difficile.
Rappelons que la sécurité du réseau augmente de pair avec la puissance de calcul. Toute tentative d’attaquer le réseau Bitcoin en détenant 51% de ladite puissance relève désormais de l’utopie, même pour les états.
En résumé, la sécurité du réseau est au plus haut, ce qui aura un effet positif sur le cours du Bitcoin à terme.
8/ L’institutionnalisation du Bitcoin
2019 aura vu l’arrivée de nouvelles solutions d’investissement en Bitcoin à l’attention des clients institutionnels, tels que les fonds de pension, SICAV et Hedge Funds.
En septembre, Bakkt a lancé une bourse de contrats à terme sur le Bitcoin régulée par les autorités américaines. Les clients de Bakkt peuvent également y déposer leurs bitcoins et sont couverts par une assurance de 125 millions de dollars.
Au même moment, Fidelity, le 5ème plus grand gestionnaire de fonds mondial, lançait également un service de conservation de crypto-actifs aux Etats-Unis, avec l’intention d’en permettre le négoce et de déployer ces activités en Europe en 2020.
Mentionnons également TD Ameritrade, une grande banque en ligne américaine, qui offre aussi des contrats à terme sur le Bitcoin.
Si ces services avaient été annoncés depuis longtemps, ils sont désormais « live » et permettent aux investisseurs qualifiés de disposer de contreparties solides pour leurs opérations en Bitcoin.
2020 devrait donc être l’année de l’ouverture du Bitcoin aux professionnels de l’investissement.
9/ Le déclin des altcoins
Début 2019, la capitalisation du Bitcoin ne représentait que 51% du marché. Un an après, la première monnaie numérique a renforcé sa position et en pèse plus de deux tiers.
Tandis que le Bitcoin s’appréciait de 98% durant l’année, les monnaies alternatives (altcoins) comme l’Ethereum (-6%) ou Ripple (-47%), buvaient la tasse. Si Litecoin, EOS et Bitcoin cash ont eu une performance 2019 positive en dollars, la majorité des altcoins s’est écroulée par rapport au Bitcoin.
Pourquoi ? Leur réseau ne grandit pas assez vite ou n’offre pas assez de sécurité par rapport à celui du leader.
Les spéculateurs sur monnaies alternatives en sont pour leur argent et semblent se tourner vers les outils spéculatifs liés au Bitcoin, comme les options et les contrats à terme, ce qui augmente la demande pour ce dernier.
Le renforcement du Bitcoin s’explique aussi sûrement par l’approche du halving, qui rend dangereuse toute surexposition aux autres monnaies. Les spéculateurs en monnaies alternatives pourraient donc être un soutien supplémentaire au Bitcoin en 2020.
10/ L’émergence des stable coins
Si la communauté « crypto » grandit jour après jour, il faut admettre qu’elle reste encore largement méconnue. La technologie semble compliquée. La volatilité des cours et le risque de piratage effrayent. Aussi, certains jugent que les problèmes macro-économiques cités plus haut ne sont pas insurmontables ou que le Bitcoin n’apporte rien.
Dans ce contexte, la thématique des monnaies numériques stables (stable coins) a pris de l’ampleur en 2019. L’été dernier, on comptait pas moins de 130 projets en développement, en plus des monnaies stables existantes comme Tether.
Pour être qualifiée de stable, une monnaie numérique est généralement adossée à un actif comme un panier de monnaies fiduciaires (Euro, Dollar, etc) ou de l’or physique. Son cours ne fluctue pas à la façon du Bitcoin. Avec un stable coin, on veut tirer avantage de la technologie blockchain en permettant des transactions rapides et à moindre frais, tout en offrant une stabilité financière aux utilisateurs. Le site Internet Bitcoinist rapportait l’été dernier que les commerçants chinois basés en Russie achètent pour $10 millions de Tether par jour pour leurs transactions avec la Chine.
Avec Libra, Facebook veut offrir un portefeuille numérique aux utilisateurs de ses plateformes et leur permettre d’échanger de la valeur entre eux de façon instantanée.
Les monnaies stables représentent donc une porte d’entrée facilitée dans l’univers crypto. Leur développement entraînera progressivement de nouveaux utilisateurs vers la première monnaie numérique, le Bitcoin.
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