Du discours de Sarkozy à Davos…
A force de vouloir ménager chèvre et chou… socialisme et capitalisme, à ce petit jeu là les socialistes eux-mêmes s’y sont brûlés les ailes, à force de mariage forcé entre carpe et lapin, eau et feu, de tout simplement de tenter gérer les contradictions au lieu de les lever intellectuellement, il y a dans ce discours, de Sarkozy à Davos, non seulement, tout et son contraire, mais également de véritables impaires pour ne pas dire de pures inepties !
Il est même à se demander s’il comprend réellement tout ce qu’il dit, s’il comprend réellement le discours qu’il tient : les concepts qu’il évoque ; un peu comme s’il était écrit, ce discours, non pas par le cerveau de celui qui le prononce, mais par un autre … comme celui du Maître à penser Guaino !
Tout et son contraire…
« Cette crise n’est pas seulement une crise mondiale. Ce n’est pas une crise dans la mondialisation. Cette crise est une crise de la mondialisation ».
Et un peu plus loin…
« Nous ne réconcilierons pas les citoyens avec la mondialisation, avec le capitalisme si nous ne sommes pas capables d’apporter au marché des contrepoids, des correctifs. Cela nous concerne tous ».
Comme, avec un cerveau de gauche, tel un alter mondialiste, critiquant la mondialisation, ainsi que le capitalisme, même violemment les vilipendant ; puis, avec cette fois un cerveau de droite, comme un libéraliste libre échangiste dans l’âme, persuadé que ce sont les riches seuls qui font l’économie, vouloir que les citoyens se réconcilient avec cette même mondialisation et ce même capitalisme pourtant tellement critiqué car soi-disant dévoyé ! En fait il n’y a là rien de dévoyé car tout est naturel : forcément et naturellement crisique !
La mondialisation et le capitalisme sont ce qu’ils sont, de purs sophismes, des lubies de libéraux libre échangistes et affairistes ; au même titre que l’économie pour l’économie, ou l’« économisme », ce sont des concepts dogmatiques, pour tout dire réducteur, simplificateur et simpliste comme tous les dogmes : qu’ils soient religieux ou rationalo technoscientiste ! Chassez le naturel de la « mondialisation », véritable négation des Etats en tant que tel, et notre Président à un autre moment de son discours semble en convenir, comme le naturel du « capitalisme » et ils reviennent au galop ! Il n’y a pas trente six solutions : il faut se débarrasser de ces concepts sophistes, cyniques, spécieux et fallacieux ; des concepts qui manipule la réalité économique et sociale, qui imposent pour servir leurs seuls tenants et aboutissants leur propre et seule réalité !
Des impaires voire de véritables inepties… parfois de très bonnes choses !
- C’est ainsi, au titres des impaires (en quittant un moment la lecture du discours), ceci en toute négation de la présomption d’innocence dont doit bénéficier tout accusé, mais il est vrai qu’il est plutôt coutumier du fait, ceci, bien sûr, sans jamais nommer personne… mais personne n’est dupe ; ainsi qu’il accuse Jérôme Kerviel d’avoir détourné des fonds ! Ce qui est totalement faux car il n’a rien fait de tel, tout juste aurait-il fourni de fausses informations (elles sont généralement légions en matière de marché financier les fausses informations) et tout le monde convient de cela ! Et, que faisait le service contrôle salle des marchés de la Société Générale pendant ce temps là ? Croyez moi sur parole, normalement, dans ce domaine des « autorisations », à faire ou ne pas faire quelque chose, tout est strictement surveillé et suivi dans les banques !
http://larageauventre.blogspot.com/2010/01/davos-sarkozy-accuse-kerviel-de.html
Ce n’est pas Jérôme Kerviel qui a fait le système mais le système qui a fait Jérôme Kerviel… mais c’est certainement trop compliqué de comprendre cela pour notre Président de la République maître ès sécuritaire ou plus exactement sécuritarisme !
- Toujours au titre des impairs, alors que son discours prévoyait de lire et de dire : « Il n’y a pas de prospérité sans un système financier efficace, sans que les biens et les services circulent librement, sans que la concurrence ne vienne remettre sans cesse en cause les rentes de situation » ; il dit :
« Il n’y a pas de prospérité sans un système financier efficace, sans libre circulation… libre circulation (Il insiste), des personnes et les marchandises, sans que la concurrence ne vienne remettre sans cesse en cause les rentes de situation »
La « libre circulation des personnes »… c’est quelque chose de nouveau chez Sarkozy : est-ce qu’on ne va plus reconduire aux frontières ? Là, il va sans aucun doute perdre des électeurs d’extrême droite !
- Toujours au même titre, celui des impairs … « Essayons de remonter à la source : ce sont les déséquilibres de l’économie mondiale qui ont nourri le développement de la finance globale ».
Ce ne serait pas plutôt la globalisation économique et financière, précisément la finance globale voulue par les économistes de l’Ecole économique libérale de Chicago (dont Milton Friedman), voulue par les Etats-Unis, désireux d’un nouvel ordre mondial, celui de la mondialisation économique, qui, en réalité, serait à l’origine du déséquilibre de l’économie mondiale, ceci, en niant les économie nationales ! C’est la dérégulation et la déréglementation prônée par les économistes libéraux, tout ceci accepté par les politiques, ainsi que l’ingénierie financière, qui sont à l’origine de tout ce bordel !
Au titre des inepties :
« On a déréglementé la finance pour pouvoir financer plus facilement les déficits de ceux qui consommaient trop avec les excédents de ceux qui ne consommaient pas assez ».
Le déficit des Etats-Unis et leur surconsommation on comprend… mais les excédents de ceux qui ne consomment pas assez ?
« La perpétuation et l’accumulation des déséquilibres a été le moteur et la conséquence de la globalisation financière. Comme l’instabilité des marchés financiers a été le moteur et la conséquence du développement du trading ».
Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs : honneur et horreur à la globalisation financière !
La mondialisation a d’abord été la mondialisation de l’épargne »
Une mondialisation de la finance qui a détourné l’épargne, oui, mais il n’y a pas eu de facto une mondialisation de l’épargne ! De plus nous sommes d’avantage dans une économie du « tout crédit » mondialisé même, dans laquelle, hélas, l’épargne compte bien peu !
Pour mesurer à quel point cette comptabilité peut être absurde il suffit de savoir qu’avec le système de la valeur de marché une entreprise en difficulté peut enregistrer un bénéfice comptable du seul fait que la dégradation de sa signature diminue la valeur de marché de sa dette » !
Que comprenne qui pourra !
« En mutualisant à l’excès la propriété… et le risque, nous avons dilué la responsabilité. »
Quelle mutualisation de la propriété ? Quelles propriétés ?
« Une des caractéristiques les plus frappantes de cette économie est que le présent y était tout et que l’avenir ne comptait plus »
L’avenir est hypothétique et seul le présent compte, seule la réalité, celle du temps présent, compte, pour bien juger les choses ! Pour ma part, c’est le présent qui est absent, même nié, et l’avenir, qui, seul, est présent ! Dans cette époque de fuite en avant rationalo économico technoscientiste, dans ce monde moderne au modernisme… paroxysme de modernité et plus simple modernité, par la prospective, la prévision, l’anticipation, nous ne justifions le présent que par l’avenir ; c’est ainsi que nous nions toute réalité présente et que nous sommes incapables de résoudre de façon satisfaisante tous nos problèmes ! Nous avons abandonné la temporalité humaine, qui fait l’intelligence humaine (Le temps, la temporalité humaine, est dialectique… disait Plotin), ceci, pour le temps de la science et de la technique qui, visiblement, ruine l’intelligence humaine… « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » !
« Aujourd’hui nous avons besoin d’un nouveau Bretton Woods ».
C’est grâce à Bretton Woods, véritable jeu de dupes orchestré par les Etats-Unis, que tout ce bordel a été permis ; ce n’est pas d’un nouveau Bretton Woods dont nous avons besoin mais de tout repenser fondamentalement !
Au titre des bonnes choses… assez surprenantes
« En mettant la liberté du commerce au-dessus de tout nous avons affaibli la Démocratie parce que les citoyens attendent de la Démocratie qu’elle les protège ».
« En privilégiant la logique du court terme, nous avons préparé notre entrée dans l’ère de la rareté. Nous avons épuisé les ressources non renouvelables, abîmé l’environnement, provoqué le réchauffement du climat. I1 ne peut y avoir de développement durable quand le profit immédiat et la valeur pour l’actionnaire sont les seuls critères. »
« En dérégulant à l’excès, nous avons laissé s’installer les dumpings et les concurrences déloyales. Nous avons laissé s’installer une mondialisation fondée sur la croissance externe où chacun cherchait à se développer en prenant les entreprises, les emplois, les parts de marché des autres plutôt qu’en travaillant plus, en investissant plus, en augmentant sa productivité, sa capacité d’innovation. »
« La mondialisation dont nous avions rêvée c’était celle où, au lieu de prendre aux autres à coups de dumpings monétaires, sociaux, fiscaux ou écologiques, chacun appuyait son développement sur le progrès social, l’augmentation du pouvoir d’achat, la réduction des inégalités, l’amélioration de la qualité de la vie, de la santé, de l’éducation... »
« Alors, il nous restera à faire émerger un nouveau modèle de croissance, à inventer une nouvelle articulation entre l’action de la puissance publique et l’initiative privée, à investir massivement dans les technologies de demain qui vont porter la révolution numérique et la révolution écologique. Il nous reste à inventer l’État, l’entreprise et la ville du XXI è siècle. »
« Il y a quelques années on prédisait la fin des nations, l’avènement du nomadisme. Mais dans la crise même les entreprises les plus mondialisées, les banques les plus globales ont redécouvert qu’elles avaient une nationalité. »
« Il y a quelques années on annonçait le déclin des organisations, la fin des entreprises. On voulait leur appliquer les principes de la gestion de portefeuilles. On redécouvre qu’elles sont d’abord des communautés humaines, des organismes vivants. »
Serait-ce le retour à l’économie avant tout nationale ?
Il n’a visiblement pas les moyens intellectuels, ni même la capacité, et visiblement il n’est pas le seul car même à gauche on peut mesurer la même défaillance, pour faire en sorte que ses actes correspondent à ses discours : pour qu’il sorte de ses contradictions !
« C’est notre vision du monde qui, à un moment donné, a été défaillante. C’est elle qu’il nous faut corriger »
De quelle vision du monde est-il question ? Celle de la globalisation économique ! Une vision selon la méthodologie dite du « comme si » de l’école économique libérale de Chicago : faire en sorte que la réalité rejoignent la théorie : celle de la mondialisation économique ! Une théorie simplificatrice au simplisme qui se moque totalement de la réalité, qui entend bien la manipuler, et invente sa propre réalité en totale négation de la vraie réalité. Une mondialisation économique, un système économique unique, omnipotent, comme si les Etats-Nations, n’existaient pas, que l’économie mondiale n’était pas constituée d’un ensemble de systèmes « Nationaux », avant tout nationaux, accessoirement, et non principalement ouvert à l’international, mais seulement dans le cadre d’un système d’échanges internationaux, qui, en aucune façon, ne peut constituer une économie à part entière !
Cette vision du monde, celle de la mondialisation, n’a rien de défaillante ! Non seulement elle n’est pas défaillante mais elle fausse, même pire, elle est spécieuse et fallacieuse cette vision économique du monde : tout simplement utilitariste et manipulatrice ! Il faut abandonner cette vision économique du monde et non seulement la corriger ! Il nous faut en finir avec ce mondialisme totalement surréaliste, avec ce capitalisme financier, avec le capitalisme tout court, revenir à la réalité de cette économie mondiale qui se compose d’économies nationales, qui est un ensemble de système économiques avant tout nationaux. Des économies nationales ouvertes , nécessairement ouvertes, mais pas permissives, pratiquants nécessairement, mais accessoirement, de manière complémentaire, des échanges internationaux dans le cadre d’un système complémentaire des économies nationales, et non principal !
Notre humanité est crétine s’il elle est incapable de se servir du capital en économie sans tomber dans le capitalisme : sans réduire l’économie au seul capital ! Le capitalisme retombera toujours dans es travers : chassez le naturel et il revient au galop ; il n’y a rien à corriger en matière de capitalisme… il faut tout abandonné et tout à repenser sereinement de façon à avoir des économies nationale équilibrées entre sphère publique, service public et protection sociale, et sphère privée !
Il n’y a pas d’économie sans société, un individu seul ne peut pas faire une économie : par nature l’économie est sociétale ! Il nous faut donc cesser de raisonner l’économie en termes scientistes d’individualisme méthodologique et la raisonner en termes histologiques : de tissus économique sociétal vivant !
Il n’y a tout simplement pas de philosophie sociétale pour soutenir tout ça… il n’y a que de l’individualisme ! Il n’ y a pas d’approche globale, pas de vision « écosystémique » en économie ! En réalité, il n’y a plus de théorie économique, que des pratiques systémiques, qui, quand elles ne se combattent pas, s’ignorent totalement les unes les autres. La « micro économie », cette économie épiphénoménologique, a eu raison de la macro économie ; un macro économie qui est réclamée dans ce discours : est-ce que ce sera suivi des faits ? On peut en douter !
Il nous faut également, et comme proposé, repenser l’entreprise, dont « On redécouvre qu’elles sont d’abord des communautés humaines, des organismes vivants » ; ce qui veut dire, abandonner l’individualisme contractuel et revenir à la sociologie d’entreprise ! Là, il y a le risque de se retrouver en porte à faux avec le Médef, qui a tout fait pour détruire la sociologie d’entreprises.
Il faudra se souvenir de ces « bonnes choses » au moment de la réforme de la protection sociale ; l’attendre également sur l’entreprise et la réforme du système monétaire international !
Mais il y a beaucoup de contradictions à lever intellectuellement avant d’avancer !
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