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Du monopole de l’Etat à la puissance financière

Le renflouement actuel des banques irlandaises correspond à une philosophie libérale, qui continue de séduire, selon laquelle il est mieux avisé de sauver les banques que les Etats. Ce concept est né au début des années 90 et se confirme avec la crise actuelle de la dette souveraine des pays européens. 

 

Milton Friedman et l’école de Chicago
Prix Nobel d’économie en 1976, cet économiste aura durablement marqué la pensée économique depuis plus d’un quart de siècle. Il défendit le monétarisme toute sa vie car il considérait que l’inflation était le principal ennemi des acteurs économiques (l’inflation érode la valeur de l’épargne). Cette vision fut retranscrite à travers le Consensus de Washington, dont le FMI et la Banque Mondiale appliquaient avec un zèle certain cette philosophie.

La Banque Centrale Européenne adopta également cette vision à travers son Pacte de Stabilité et de Croissance (Critères de Maastricht). La situation actuelle montre bien la résistance de la BCE à venir en aide aux Etats (les PIIGS notamment) puisque ces derniers, il est vrai, avaient bien souvent résolu leur problèmes financiers à travers l’histoire en inondant les créanciers avec de la monnaie de singe (Politique de la planche à billet). 

Néanmoins, la BCE comme les autres banques centrales (FED, Bank of China, Bank of Japan) sont les principaux responsables de cet afflux de liquidités cette dernière décennie. Ils avaient réussit à concilier une inflation faible avec un taux d’intérêt historiquement bas et c’est l’industrie financière et bancaire qui en a profité en créant des bulles successives (Asie en 1997, Bulle internet en 2001, Subprimes en 2007) et tout en effectuant des profits gigantesques sur toutes les places boursières internationales. 

Etats sacrifiés et sauvetage des banques non conditionnées
Dans le cas irlandais, on constate que l’intervention des institutions financières (BCE, FMI) pour sauver le secteur bancaire et financier est conditionné par un resserrement des dépenses budgétaires du pays. Jamais l’Etat irlandais n’a été contraint d’effectuer tant d’efforts (15 milliards d’euros d’économie supplémentaire en 4 ans)...pour sauver son secteur financier. Les contribuables irlandais apprécient déjà. 

Malgré les pertes records des banques irlandaises (dont l’actionnariat et le management est dicté par des échéances américaines et britanniques) et le prêt record accordé à l’Irlande (autour de 85 milliards d’euros), le système financier européen et international n’est toujours réformé. Les Etats ne prennent toujours pas des parts dans les industries financières puisqu’ils sont considérés comme inefficace (sauf en Grande-Bretagne). Les contreparties du secteur financier et bancaire n’existent pas. 

A cela s’accompagne le démembrement des services régaliens des Etats (Santé, Education) qui sont soit privatisés, soit subissent des diminutions budgétaires drastiques (Armée, hausse du droits d’inscriptions universitaires, etc.). Le président du FMI, Monsieur Dominique Strauss-Kahn, membre du parti socialiste, soutien ces directives pour le bien des Etats.

L’existence même des Etats est remise en cause, puisque la baisse de leur budget correspond à une baisse de leur puissance donc de leurs prérogatives et de leur présence sur leur territoire. Les intérêts des banques sont-ils devenus supérieurs à ceux des Etats ? Sont-elles capables d’oeuvrer au bien-être national comme les Etats ont toujours essayé de faire, souvent avec maladresse ? Notre vision du monde a bien changé depuis 100 ans...

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12 réactions à cet article    


  • tmd 3 décembre 2010 13:01

    « Le renflouement actuel des banques irlandaises correspond à une philosophie libérale ».

    L’État intervient dans l’économie et subventionnant les banques : c’est libéral ça ? C’est une blague ? Le libéralisme considère qu’il faut que l’État intervienne le moins possible dans l’économie. C’est difficile de commencer un article par une contre-vérité aussi édifiante !


    • Mark Hitti 3 décembre 2010 15:45

      Mea Culpa ! vous avez raison. 


    • tmd 3 décembre 2010 13:08

      « L’existence même des Etats est remise en cause »

      Là encore, est-ce que l’Amérique est plus puissante aujourd’hui avec un État fédéral qui représente 40% de l’économie, ou alors l’était-il plus il y a vingt ans, en 1990 lorsque l’État n’en contrôlait que 30% ?

      Ce n’est pas parce que les politiciens du gonvernement ont plus d’argent à gérer que l’État est plus puissant. (les politiciens, si !)

      Enfin, personnellement, je rechercherais à ce que les habitants d’un pays soient plus riches et vivent dans de meilleures conditions, plutôt que ce soit l’État qui soit plus riche ...


      • Mark Hitti 3 décembre 2010 15:53

        Je pensais dans le sens que l’Etat est puissant dans la mesure où il a le budget pour mener à bien ses ambitions, sa politique. Notamment à l’étranger, pour augmenter son influence économique. 

        Vous avez raison, malgré de gros budgets les Etats sont capables de mener des politiques extrêmement inefficaces et coûteuses. Malgré tout un Etat influent dans le secteur économique, notamment à travers des politiques de R&D, d’éducation et d’actionnariat dans des sociétés stratégiques, lui permet de mener à bien ses objectifs. Des objectifs de bien-être collectif que lui seul peut représenter et non le secteur privé qui gagne en influence malgré la crise financière à travers sa demande de « plus d’éfficacité ». 

      • Croa Croa 4 décembre 2010 00:10

        « L’existence même des Etats est remise en cause »

        J’ai cru un moment avoir lu la seule chose pertinente de cet article. Maintenant que l’auteur a précisé ce qu’il entendait par là, j’ai changé d’avis !


      • plancherDesVaches 3 décembre 2010 14:56

        Vous auriez dû commencer votre article en disant que :
        « Les états ont été obligés de sauver les banques pour sauver les »libéraux«  »
        Cela aurait été plus vrai.

        Pour ce qui est des états, et vu la situation en cours, il faudra qu’il y ait destruction pour qu’il y ait reconstruction.
        Comme pour les banques.


        • Mark Hitti 3 décembre 2010 15:45

          j’acquiesce, vous avez raison. la première phrase est à côté de la plaque. 

          en écrivant cela, je pensais oui que les acteurs centraux du système (banques centrales), bien qu’ils soient des libéraux et donc théoriquement contre l’intervention du marché, préfèrent soutenir les agents privés que publics. 
          L’exemple est celui de la BCE qui pendant longtemps a refusé d’acheter des obligations d’Etat des pays européens car ele craignait que cela n’entraîne un abus et donc une inflation. L’argent est prêtée aux industriels de la finance qui re-prêtent aux Etats. Ces agents sont considérés comme des acteurs essentiels pour l’allocation efficace de l’argent. 

        • plancherDesVaches 3 décembre 2010 20:32

          Il me semble indispensable que vous voyez ceci :
          http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/alex-jones-la-vraie-pyramide-du-28452

          Rotchild et rockfeller ainsi que quelques familles mafieusement associées sont ainsi à tuer.

          Et en écrivant cela, je me mets en danger. Vu leur puissance.


        • Mark Hitti 5 décembre 2010 01:16

          Ce Alex Jones est fortiche. 

          il fait des émules un peu partout dans le monde. 

        • Blé 3 décembre 2010 18:40

          L’ état représente « qui » aujourd’hui ? Le peuple ou les banques ?

          La France appartient-elle à la minorité qui a la main mise sur tout ce qui peut rapporter des bénéfices ou bien au peuple tout entier y compris ceux qui la pillent ?

          J’ai la très nette impression que le pays est mis en coupe réglé au nom de la « mondialisation ».
          Un banquier a t-il besoin d’un régime politique républicain et démocratique ? Je ne crois pas.
          Sarko s’est assis sur le non des français au T C E, je pense qu’il continuera à faire selon l’ intérêt des banquiers, du peuple il n’ en a rien à faire, ce n’est vraiment pas ses préoccupations.


          • tmd 4 décembre 2010 23:08

            L’État aujourd’hui représente surtout la soit-disant élite qui nous gouverne. L’État aujourd’hui, c’est avant tout nos politiciens (à gauche et à droite) qui profitent du système pour s’en mettre plein les poches.

            Ce sont nos politiciens qui sont sensés gérer l’État, au travers de son budget. Ce sont nos politiciens qui n’ont pas voté un budget en équilibre depuis 1973. C’est pourtant simple un budget en équilibre : on ne dépense pas plus qu’on gagne !

            Ce sont nos politiciens qui ont accumulé des déficits, année après année. Ce sont eux qui forcent l’État à emprunter chaque année encore plus, pour pouvoir dépenser encore plus, pour pouvoir en détourner une partie, et pour pouvoir utiliser l’autre partie à brosser l’électeur dans le sens du poil afin de se faire réélire.

            Ce sont les politiciens qui ont foutu l’État dans la merde où il est actuellement.


          • Croa Croa 4 décembre 2010 00:05

            « un banquier est un commerçant »

            A mon avis ce serait autre chose... Les commerçants sont honnêtes .

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