Economie : en attendant les prêteurs sur gage

En fait, la rigueur, telle qu’elle pointe aujourd’hui dans tous les pays européens prend la forme d’une restriction supplémentaire des services dus à la population, un allégement drastique du personnel de la fonction publique, allant de pair avec des coupes salariales incluant les retraites, une augmentation des impôts indirects, mais la baisse des impôts directs et la préservation des avantages fiscaux des couches les plus favorisées. C’est, en langage « édulcoré », ce que Christine Lagarde identifie comme « un fin équilibre entre la rigueur des Etats et la croissance ». Ainsi, « la crise de la dette », une fois de plus, est facturée aux plus pauvres, aux plus démunis, à ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre. Le prix Nobel d’économie cette année est donné à trois économistes (Diamond, Mortensen et Pissarides) qui prévoient « une baisse salariale du secteur public de 25%, la compétitivité universitaire et l’abrogation des lois interdisant les universités privées, la privatisation progressive du secteur de la santé, la libéralisation d’ici 2025 des tous les marchés et la suppression de tous les métiers encore fermés ». (ITV de Christophe Pissarides, le 12 octobre au quotidien grec Cathimerini). Bref, des mesures de choc qui évacuent complètement la crise financière, et qui ne s’attardent, sans complexes, qu’à la crise souveraine, celle de l’Etat de droit et de l’Etat providence. Entre temps Fanny May, Freddie Mac et leurs compères, spécialisés aux prêts insolvables transformés en produit financier spéculatif, doivent toujours près de 120 milliards de dollars. Ces compagnies, par qui la crise financière est arrivée, seront vraisemblablement « sauvées », en douceur et en catimini.
En patron du FMI, Dominique Strauss Khan, magnanime, considère que la Grèce est sur le « bon chemin ». Contrairement au patron de la banque fédérale allemande, il considère que l’allongement de la dette grecque est du domaine du possible. Il considère qu’il « faudra un peu de temps » pour que le gouvernement grec récupère le sommes astronomiques des impôts dus par les plus fortunés, représentant un quart des entrées fiscales programmées. Saigner à blanc les « pauvres » soit. Brusquer les « riches », c’est une autre paire de manche. En tous les cas, le gouvernement grec (mais pas seulement) est sommé de brader au plus vite toutes ses entreprises sans faire de chichis, oublier les scandales liés à la privatisation des télécommunications au profit de Siemens et de Deutsche Télécom ; Par ailleurs DSK et se déclare satisfait que la Chine « fait confiance » aux bons du trésor grec et se prépare à investir massivement dans ce pays. En Grèce et partout ailleurs en Europe, France et Grande Bretagne inclues, le projet politique unique et affiché réside désormais au fait de devenir « fiable pour le marché », afin de pouvoir emprunter en toute quiétude et à faible intérêt.
Le temps des grands discours pour « contrôler les dérives suicidaires » de ce même marché appartient à l’histoire, une histoire lointaine et que tout le monde voudrait oublier. Ce qui permet à la Royal Bank of Scotland, la Goldman Sachs, la Lehman Brothers ou la Morgan Stanley, etc., toutes en état de faillite il y a à peine deux ans à s’ériger en contrôleurs et financiers de l’économie mondiale et en donneurs de leçons es orthodoxie libérale. On oublie vite que le secteur bancaire en avril 2009 était responsable de la perte sèche de plus de 4 000 milliards partis en fumée. Pendant que les entreprises de cotation, aujourd’hui régulateurs de notre vie et gendarmes intransigeants des Etats n’avaient rien vu venir (et pour cause)…
Face à une injustice himalayenne, qui prévoit une paupérisation encore plus forte des Etats et un appauvrissement systémique des citoyens comme seule solution à l’incompétence de la finance, ne reste que la révolte. Si l’on désire sauver quelque chose de ce tsunami et sauver même nos propres Etats, faisons comprendre et uns et aux autres que pour nous envoyer aux tartares, ils faudra qu’ils paient le prix, et que celui-ci, à la longue, sera exorbitant. Qu’une loi soit votée ou pas, ne change rien : réveillons ces Etats endormis, hypnotisés, paupérisés, qui ne désirent désormais que de créanciers magnanimes.
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