Economie : les sarkozettes du Quercy
L’Histoire retiendra peut-être un jour que c’est à Cahors que Nicolas Sarkozy, moins d’un an après sa nomination, a définitivement tourné le dos à toute volonté de rupture et toute entreprise ambitieuse.
C’est au cœur d’une ville moyenne, préservée des contestataires par tous les... moyens, qu’il a donc présenté son plan d’action, moyen lui aussi, forcément.
Plus question d’aller chercher de la croissance non, l’heure est à la
drastique quête d’économies. Publiques tant qu’à faire puisque le
paquet fiscal a préservé les autres et que l’UIMM voudrait bien l’aider,
mais ne retrouve plus ses valises...
Nous voici revenu au bon vieux
temps de la droite classique, celle-là même au pouvoir depuis 1995 et
qui a sclérosé tout autant que la gauche notre belle contrée.
Pour
gagner plus, l’Etat n’entend donc pas travailler plus, mais économiser
plus en ne remplaçant pas un départ en retraite sur deux. Quelle
incroyable découverte qui fera date dans les sciences économiques des
grandes universités du monde entier ! Et quelles bonnes nouvelles pour
nos enfants seulement 25 par classes de maternelles et qui feront
demain corps au milieu de leurs 35 ou 40 camarades...
En démantelant
pas à pas le service public, le président s’attaque à un secteur qu’il
a patiemment dénigré et qui concerne peu son monde comme son électorat
de base. Mieux, il a fait croire à plus nombreux qu’il les défendrait
au mieux de leurs intérêts. Les lendemains déchantent et cela ne fait
que commencer. Les services publics peuvent être raillés, critiqués,
mais il n’en assure pas moins une mission essentielle de continuité des
services régaliens de l’Etat pour tous et partout. Ils sont aussi
censés pallier les excès ou insuffisances de la société de marché. En
ces temps tourmentés, pas sûr qu’il soit si opportun de se couper de
cette possibilité pour les plus fragiles d’entre nous.
Alors que la
France se paupérise, que les situations se fragilisent, tout se passe
comme si celui qui s’est augmenté de 3 chiffres n’avait ses yeux que
rivés sur des tableaux de bords chiffrés.
Le social est donc pointé
du doigt comme la cause de tous nos maux, en particulier notre
incapacité économique. A croire qu’avec moins de prélèvements sociaux
Kleber et Arcelor seraient encore de notre monde...
Le social, c’est
d’abord le logement social avec la volonté désormais affichée non pas
de développer le parc existant mais d’... abaisser de 10 % le plafond
d’accession, histoire :
- soit de gagner plus d’argent sur le dos de gens trop "riches de 10 %" pour vivre en HLM ;
- soit de provoquer le départ de ces mêmes riches, pour quelle destination ?
Le
social, c’est aussi la suppression annoncée des dispositifs favorisant
les retraites anticipées. Une mesure étonnante si l’on suit les
nombreuses fermetures d’entreprises qui, toujours, s’appuient sur ces
départs anticipés pour relativiser l’impact final. Les politiques de
terrain apprécieront... les chefs d’entreprise également.
Notons que
Mittal, par exemple, ne doute de rien puisqu’il peut claironner "124
emplois seront créés à Gandrange" en omettant discrètement de rappeler
que 575 personnes seront au préalable remerciées. Mais ce ne seront pas
des retraites anticipées, nous voilà rassurés...
Le social, c’est
encore l’emploi, ils seront de moins en moins aidés. Voilà qui aura le
mérite de la clarté puisque, d’ici quelque temps, nous aurons par cette
politique visionnaire une photographie exacte de notre marché de
l’emploi purifié de tous ces emplois partiels...
Bientôt les
chômeurs ne pourront refuser deux offres raisonnables a dit Nicolas
Sarkozy. Le problème étant bien de définir ce qui est raisonnable de ce
qui ne l’est pas chez cet homme-là...
Tout ça et bien d’autres choses pour un objectif mineur d’... 1 % d’économie :
"sur
les 1 000 milliards d’euros de dépenses publiques, il s’agit de gagner
10 milliards par an dès 2009, 5 sur l’Etat et 5 sur l’ensemble de la
sphère sociale".
Enfin,
en théorie, car nos fines lames de l’économie n’ont pour l’instant pas
fait de miracles. Bien loin du monde enchanté de Disneyland, le
président PS de la Commission des finances de l’Assemblée nationale
estime à 4,1 milliards d’euros le coût pour les finances publiques de
la réforme des "heures sup". Dans le même temps, ces mesures
n’auraient permis "qu’à une partie des salariés" de bénéficier de 3,78
milliards d’euros supplémentaires de pouvoir d’achat...
cela promet.
En attendant, et dans la plus parfaite indifférence, les 40 entreprises composant le CAC 40 ont engrangé sur l’année 2007 un bénéfice de 99,1 milliards d’euros.
Soyons fous et imaginons une TVA sociale appliquée au CAC de 10 %, cela rapporte 9,91 milliards par an.
Une
broutille pour les entreprises concernées et un juste retour des choses
si l’on veut bien considérer que ces entreprises œuvrent sur de
nombreux marchés publics...
Voilà de l’ambition et de la rupture.
Faut vraiment tout faire !
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