En juin 2005,
au salon du Bourget, le ministre français de la défense stigmatisait la
logique de guerre économique des industriels américains et appelait les européens à résister (Le Monde, 14/06/05). Au mois de juillet, alors que la
pseudo-affaire Danone éveillait les passions hexagonales, le Président
de la République déclarait, depuis Madagascar, que « la
priorité pour la France,
aujourd’hui, c’est de défendre sa compétitivité industrielle, et naturellement
la force de ses entreprises », tandis le Premier ministre appelait les
Français à un « véritable patriotisme économique »
(Déclaration du 27 juillet 2005). A la veille de la rentrée de septembre, le Président de la République revenait à
la charge en sonnant la « mobilisation » face à la compétition
mondiale pour la « suprématie
technologique » (Discours de Reims, 30 août 2005).
Devant cet élan patriotique, attisé par des discours quasi incantatoires et propagandistes sur la guerre
économique dont nous serions victimes, les commissaires européens à la
concurrence mettaient en garde la
France « contre
son projet visant à protéger certains
secteurs stratégiques des prises de contrôle étrangères » (AFP du
03/09/2005 à 16h01). Les commissaires considéraient par ailleurs, non sans ironie,
que « selon le dernier numéro de The
Economist, le pays dont les sociétés sont responsables du plus grand nombre
d’acquisitions en valeur de janvier à août est la France ».
La France est-elle, comme
certains le disent, victime de la guerre économique ou bien, comme les faits
semblent vouloir le démontrer, joue-t-elle avec brio et en toute mauvaise foi
le « jeu de lutte » de la compétition internationale, si tant est que
tout cela soit un jeu ?