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Accueil du site > Actualités > Economie > Entreprise LFoundry, la fin de la Silicon Vallée Européenne à la Française (...)

Entreprise LFoundry, la fin de la Silicon Vallée Européenne à la Française ?

Entre Provence et Chine...

cartes à puces

 

On peut lire ce jeudi 26 décembre 13 dans La Provence :

« Le Tribunal de commerce de Paris a prononcé ce jeudi la liquidation judiciaire de LFoundry, l'entreprise de microélectronique basée à Rousset, près d'Aix-en-Provence. »

 

Un délai supplémentaire de trois mois a été accordé sur pression du Ministre Montebourg afin de trouver un repreneur éventuel.

L’annonce nous interpelle d’autant plus qu’il s’agit là d’un secteur de pointe, microcontrôleurs et circuits pour carte à puces, mémoires, fonte et gravure sur disque silicium, qui plus est d’une entreprise allemande et qu’il y a 690 emplois hautement qualifiés à la clef !

Une rapide revue de presse sur le net nous montre que l’affaire n’est pas si simple qu’il parait et que la Crise n’explique pas tout. Essayons de dérouler le fil d’Ariane.

On apprend dans « Le Parisien » que le site actuel du Rousset, près d’Aix en Provence, a été racheté en 2010 par l’Allemand LFoundry à l’Américain Atmel pour un euro symbolique avec un carnet de commande assuré pour quatre ans. Wikipedia précise que le fabricant américain de semi-conducteurs, issu de la Silicon Valley, à lui-même racheté cette unité du Rousset à la société European Silicon Structures (ES2) en 1995. L’usine du Rousset est alors la plus technologiquement avancée du groupe Atmel.

ES2 a été créé en 1985 sur le modèle des start-up américaines et se veut novatrice, européenne et transnationale. A tel point que même le New York Time lui consacre un article dithyrambique dans son supplément économique du premier aout 1988 :

http://www.nytimes.com/1988/08/01/business/chip-maker-without-a-country.html?pagewanted=all&src=pm

Il écrit en conclusion : 'ES2 was conceived like European operations of U.S. companies, except there were no U.S. companies behind it,'' said Mr. Volkholz of Philips, who sits on ES2's board. ''It's European.''

1985, 1995, 2010, 2013 liquidation , c’est donc l’histoire d’une lente descente aux enfers qui s’écrit là.

Mais des points obscurs restent encore à éclaircir : d’où vient cette structure européenne ES2 surgie en 1985 dans le paysage provençal ?

Dans l’article précédent de Wikipedia on découvre que le site de Rousset s’inscrit dans un ensemble régional Arcsis organisé autour de la filière microélectronique ; le site d’Arcsis décrit ainsi sa vocation :

« Imaginée et créée en 1993, sous le nom de CREMSI, par les acteurs de la filière microélectronique régionale, ARCSIS n'a jamais cessé d'enrichir ses domaines d'intervention pour mieux répondre à l'évolution de leurs besoins. Elle réunit 6 grands groupes, Atmel, Gemalto, LFoundry, STEricsson, STMicroelectronics, Texas Instruments, plusieurs dizaines de PME ainsi qu'une quinzaine d'écoles, laboratoires de recherche et universités de la région. De plus, ARCSIS est à l'origine de la création du dispositif CIM PACA (Centre Intégré de Microélectronique PACA) et de ses trois plates-formes, CIM PACA Caractérisation, CIM PACA Conception et CIM PACA Micro-PackS. »

On découvre donc l’existence d’une filière régionale organisée, une silicon vallée française mais ses origines restent encore indéterminées.

C’est une publication du site Persée, Portail de revues en sciences humaines et sociales, référencée « Daviet Sylvie. Micro-électronique en Provence. Une redéfinition de l'industrie par le territoire. In : Méditerranée, Tome 92, 3-1999. Redéfinir l'industrie. Colloque d'Aix-en-Provence les 28 et 29 mai 1998. pp. 33-40. » qui viendra apporter la touche finale à cette reconstitution du drame économique et social en cours.

Le premier maillon de la chaine a été l’implantation en 1979 de Eurotechnique avec un partenariat entre le groupe Saint Gobain et le Californien National Semi Conductor désirant s’implanter en Europe. Saint Gobain est majoritaire à 51% mais le modèle et les technologies sont californiens.

Le choix de cette implantation tient alors à l’existence de la centrale électrique alimentée au charbon de la mine de Gardane fortement rentabilisée suite au choc pétrolier de 1973. Il y a aussi la volonté de dynamiser une région plus excentrée connaissant par ailleurs un déclin relatif. Le centre français de recherche dans ces technologies, le LETI (laboratoire d’électronique et des technologies d’information) est alors installé depuis 1967 à Grenoble dans le giron du CEA.

organigramme S.Daviet

 

Après les nationalisations de 1982, Eurotechnique est repris par le groupe nationalisé Thomson puis au gré des privatisations et des restructurations diverses deviendra Thomson-SGS puis ST-Microelectronics comme le montre l’organigramme de S.Daviet.

ES2 est créée en 1985 par une équipe de cadres issus d’Eurotechnique et de Thomson ; Gemplus sera créée trois ans plus tard par des ingénieurs de Thomson et exploitera le brevet des cartes à puces du français Roland Moreno (brevet déposé en 1974). Le secteur bénéficie alors d’aides massives des collectivités publiques et de fonds européens ce qui favorise l’arrivée d’importants investissements et la création de tout un réseau de PME et de sous-traitants divers.

 La Silicon Vallée provençale se met alors en place ainsi que la Route des Hautes Technologies d’ Aix à Sofia-Antipolis.

L’ouverture complète des marchés après le traité de Maastricht en 1992 et la crise de 1993 vont déséquilibrer un secteur, par ailleurs, nécessitant des évolutions permanentes et de lourds investissements de Recherche et Développement (R&D).

ES2 est alors reprise en 1995 par le groupe américain Atmel qui va consacrer les investissements nécessaires en R&D. Atmel va profiter également des synergies de la filière ARCSIS et de collaborations avec le CEA-Leti pour des domaines de pointe. Alors pourquoi cède-t-il le site du Rousset en 2010 pour un euro symbolique à l’allemand LFoundry, lui-même en difficulté financière ?

La réponse est certainement donnée par le directeur d’Atmel France questionné par un journaliste du site L’Usine Digitale  en novembre 2013 :

« Vous faites maintenant appel surtout à des fondeurs en Asie pour fabriquer vos puces, pourquoi ? Est-ce que le gain est si important par rapport une fabrication de LFoundry ?

Oui, comme presque tous les autres fabricants de semi-conducteurs dans le monde. D’autres fonderies proposent de meilleures technologies, performances, prix, réactivité et autres termes contractuels. LFoundry n’a jamais proposé ni une offre ni une performance compétitive. »

En 2010, Les investissements précédents ont été largement amortis, les technologies de R&D sont acquises ; Atmel n’ a plus voulu investir sur le site et a jugé plus rentable de le faire sur des sites asiatiques. Il a alors proposé ce rachat symbolique par LFoundry avec un plan de charge sur quatre ans accepté par les différentes parties puis réduit à trois ans jusqu’en 2013. Atmel a fait ainsi l’économie d’un plan social et allègé sa structure.

Le rôle exact du fondeur allemand est plus ambigu car il s’avère que LFoundry connaissait déjà des difficultés financières en 2010 ; a-t-elle voulu se sauver au détriment du site du Rousset ? Atmel et LFoundry ont-elles programmé dès le départ cette mise en faillite du site ?

Il est difficile d’avoir des certitudes. Quoiqu’il en soit deux procédures ont été engagées  :

  • L’une par les administrateurs judiciaires de Lfoundry contre Atmel dénonçant sa responsabilité dans la faillite de LFoundry et une confusion de patrimoine entre les deux entités ; ces poursuites sont évoquées dans le site L’Usine Digitale .
  • L’autre contre LFoundry, « pour abus de biens sociaux, à la suite d'une plainte de la CFDT et du CE qui soupçonnent le détournement de 21 millions d'euros de la filiale française vers le groupe allemand », comme le relate « Le Parisien ».

 

Cette triste histoire montre toute la difficulté des secteurs des Hautes technologies dans la mondialisation dérégulée : il faut maintenir des investissements de R&D et de fabrication très importants alors que des transferts de technologie et des délocalisations risquent de les rendre inopérants.

Les coopérations et les synergies transnationales sont donc indispensables pour limiter les coûts mais il faut veiller alors à contrôler les capitalisations boursières pour éviter les captations de technologies comme cela s’est fait pour l’entreprise Gemplus qui a vu ses technologies de cryptage contrôlées par l’actionnaire américain TPG (agissant pour le compte du fond In-Q-Tel géré par la CIA comme le rapporte Wikipedia).

La filière micro-électronique provençale est elle pour autant en danger ?

Sur le site du Conseil Général de Provence on peut lire : « Les poids lourds de la puce sont en Provence » mais sur les trois entreprises citées, STmicroelectronics, Atmel et Gemalto (ex Gemplus), l’une est déjà en liquidation ; Gemalto a comme actionnaire majoritaire le Fond stratégique d’investissement de l’Etat français mais c’est une société de droit néerlandais et son siège est à Amsterdam  ; STmicroelectronics est également une société de droit néerlandais dont le siège est à Genève, son actionnariat majoritaire est contrôlée par une holding franco-italienne (comprenant Areva et France telecom). Elle a déjà fortement investi en Chine dans des technologies existant sur les sites français de Grenoble et du Rousset. Il n’est pas certain que dans un proche avenir la France puisse conserver ces deux sites ; celui de Provence serait alors le plus menacé car Grenoble est un pôle de recherche plus important avec le CEA et le CNET-Orange Lab.

La filière provençale devra donc faire preuve de beaucoup de créativité et devra bénéficier de fortes solidarités publiques si elle veut pérenniser ses activités.

Cette étude nous rappelle au passage que la France n’a pas su conserver les grands groupes industriels issus des Trente Glorieuses tels la CGE, Alcatel, Thomson, Aérospatiale … qui se sont dilués dans les alternances nationalisation-privatisation ou dans les exigences européennes de concurrence libre et non faussée.

 

S.Daviet introduit son étude par «  La dimension territoriale apparaît ainsi comme un des éléments constitutifs du processus industriel et de sa dynamique. » mais elle la termine avec la phrase : « la pratique des industriels repose désormais sur une dialectique ancrage/mondialisation. »

Les entreprises naissent et se développent sur un territoire, les usines sont elles condamnées à disparaitre ensuite dans de lointaines délocalisations ? La mondialisation nous impose-t-elle alors d’inventer toujours de nouvelles usines pour de nouveaux concepts en une folle course sans fin pour les coûts les plus bas ?

La transition énergétique et l’inévitable transition sociale et démocratique à venir nous imposeront une régulation cohérente des échanges suivant des modèles déjà analysés par nombre d’économistes.

Il serait sage de ne plus attendre trop longtemps.


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25 réactions à cet article    


  • amiaplacidus amiaplacidus 30 décembre 2013 09:29

    Tant que l’on fera des cadeaux aux bankster, sous prétexte de « too big to fall », l’industrie vraiment productive n’aura aucune chance en France.


    • zelectron zelectron 30 décembre 2013 12:10

      Disposer d’un pareil outil ( savoir-faire de très haute technologie mais avec peu de robots) pour produire plus cher des produits en retard d’un métro montre à quel point l’esprit « français » règne sur ce site.


      • mimi45140 30 décembre 2013 15:04

        L’ esprit Français c’est , nous ont est moins cons , nous sommes les plus forts, nous ne sommes plus foutu de faire le basic, donc nous ferons du sophistiqué du compliqué et cher , nous avons tué toute notre industrie , pas de problèmes NOUS allons en faire une meilleure plus grande , bref plus tous . Nous sommes les poissons chats du genre humain , tout en gueule . Après 30 ans dans l’industrie et sa continuelle déliquescence , nous allons repartir, nous avons tué ce qui marchais pour inventer ce qui ne marchera pas, belle prouesse . Lorsque je vois tout ces gachis j’ai honte .



      • Parlez moi d'amour Parlez moi d’amour 30 décembre 2013 20:52

        Erreur Zelectron,

        Affaire Gemplus (voir le lien de Eau du robinet), ce sont les américains qui ont manipulé la prise de pouvoir justement parce que c’était un fleuron ...

        http://www.dailymotion.com/video/xixasj_affaire-gemplus-cartes-a-puces-1ere-partie_webcam

        inutile de chercher à dégringoler l’esprit français, tout ce qu’on peut lui reprocher c’est d’être naïf dans un monde pourri par la toute puissance de l’argent. Des compétences et des entrepreneurs il y en a plein nos villes et nos campagnes, elles n’ont pas forcément la puissance suffisante pour résister aux fricards. Et la qualité, les fricards s’en foutent, cf tout ce qui est fabriqué en Chine et en Inde dans des conditions épouvantables et pour un résultat de plus en plus médiocre ...


      • zelectron zelectron 30 décembre 2013 21:54

        Désolé c’est vous qui faites erreur du fait que vous êtes informé par une presse qui voit les choses à travers le petit bout de la lorgnette, j’ai passé pas mal d’années dans l’industrie du semi-conducteur et vos argument ne tiennent pas. Demandez aux ingénieurs ce qu’a fait leur maison-mère allemande avant de faire de l’anti-américanisme primaire.


      • zelectron zelectron 30 décembre 2013 21:57

        et puis regardez un peu plus bas le commentaire de trinitad en phase avec la triste réalité.


      • Parlez moi d'amour Parlez moi d’amour 30 décembre 2013 23:44

        Mais je ne fais pas de l’antiaméricanisme primaire, c’est bien l’américain IN-Q-tel qui a pris le contrôle de Gemplus à l’aide de manœuvres peu honnêtes avant de le refiler pour 1€ symbolique aux allemands qui ont pillé la technologie (et paraît-il la caisse) ...

        Justement, la presse dont vous parlez ne tient pas à le souligner ... pour qu’on ne l’accuse pas d’antiaméricanisme primaire ...

        Maintenant si vous êtes persuadé que les français sont des nuls ...c’est votre choix


      • zelectron zelectron 31 décembre 2013 01:27

        Certainement pas ! les français sont reconnus pour leur génie et ne jamais pouvoir terminer ce qu’il entreprennent à cause du système de bankster qui lorsqu’il demandent par exemple 1 million d’€uros se voient attribuer 750 000 voire moins, comment voulez vous que dans ces conditions ils puissent réussir. Nos hommes politiques sont des incapables dans toute l’acception du terme ! Savez vous que nous dépensons 3,5 millions d’€uros* en moyenne pour un fonctionnaire du début de sa carrière à la fin de sa vie et comme il y en a entre 1 à 2 millions en trop je vous laisse faire le calcul.
        *chiffres officiels cour des comptes D.Migaut président (Parti Socialiste).


      • trinitad 31 décembre 2013 18:21

        Non, il ne faut pas confondre GEMPLUS et LFOUNDRY.

        Pour LFOUNDRY, il y avait soit une fermeture d’usine, parce que obsoléte au vu des lignes de produit actuel d’Atmel, soit un repreneur, en l’occurence LFOUNDRY.

        Les salariés ont voté massivement pour la vente au repreneur. LFOUNDRY n’a pas pillé la technologie de l’usine de Rousset, et pour cause, elle été déja dépassée.

        Il faut savoir que dans la micro electronique, l’évolution technologique va trés vite, et demande des investissement colossaux, et beaucoup d’entreprise de semi conducteur ne peuvent suivre.

        La faillite de LFOUNDRY n’est malheureusement qu’une goutte d’eau dans ce milieu. En 2009 QUIMONDA avec des technologies autrement plus évoluées, des équipements dernier cris a mis la clé sous la porte avec plusieurs milliers d’emplois perdus. Mais cela s’est passé en Allemagne, au Portugal et aux Etats Unis.

        Vu ce que les journalistes racontent sur cette affaire, je me méfierai du reportage sur GEMPLUS, cela peut être autant mal interpétré...


      • amipb amipb 30 décembre 2013 12:27

        Je pense que la « silicon valley » à la française est loin d’être morte. Il faudrait juste un peu plus de courage et plus d’initiatives de ce genre : http://www.journaldunet.com/solutions/saas-logiciel/efel-power-1213.shtml

        Et, surtout, que nos entreprises arrêtent de faire des choix politiques, pour passer à des choix pragmatiques. Ainsi, nous nous libèrerons plus rapidement, notamment, des infrastructures usines à gaz type solutions Microsoft.


        • Luc le Raz Luc le Raz 30 décembre 2013 16:37

          « une folle course sans fin pour les coûts les plus bas ? » Il eut fallu ajouter « Pour une rentabilité toujours plus haute ». Il faut bien « engraisser » les actionnaires, non ? smiley


          • Ruut Ruut 2 janvier 2014 06:04

            C’est le problème des entreprises cotées en bourses.
            Dés que l’entreprise arrive en bourse elle est condamnée a disparaître sauf si l’état la maintien en vie.
            Seules les entreprises familiales ou artisanales avec un vrais patrons ont un avenir en France.
            Le reste est racheté avec de l’argent qui n’existe pas (dettes converties en argent virtuel) et délocalise a mort pour transformer cet argent qui n’existe pas en argent réel sur le dos des travailleurs qui finirons de toute façon au chômage.


          • goc goc 30 décembre 2013 17:24

            merci pour l’article clair et très bien documenté

            j’ajouterais deux petites choses a ce tableau

            la première c’est la raison de la disparition de la filière informatique, elle tient a une chose, à savoir l’incompétence de nos dirigeants de l’époque. Et plus particulièrement les différents ministres de l’Education Nationale, qui lançaient « plan informatique pour tous » sur « plan informatique pour tous » en imposant aux soumissionnaires les prix les plus bas possibles alors que leur rôle devait être celui de locomotive comme l’a été le CNET avec les télécom. Bref chaque plan apportant son lot de dépôts de bilan, toutes les petites sociétés qui avaient les compétences informatiques pour développer une véritable industrie informatique, ont disparue. Et comme en parallèle l’État ne jurait que par Bull, le peu de ressource disponible était envoyé à ce tonneau des danaïdes

            le deuxième point, c’est la situation actuelle de l’usine de Rousset. J’ai parmi mes clients, un ancien sous-traitant de LFondry. Ancien et heureux de ne plus travailler avec eux, car ils étaient plus qu’exigeants et surtout de payaient pas.

            D’après mon client, il semblait bien même que leurs exigences n’avaient pour seul but que de ne pas payer. Bref l’image que véhiculait cette entreprise dans la région n’était pas, et de loin, l’image de l’honnêteté et de fiabilité de la parole donnée


            • eau-du-robinet eau-du-robinet 30 décembre 2013 17:50

              Bonjour redrock,

              D’une ou d’autre manière la France ce fait spolier toutes les technologies de pointe !

              Petit rappel :

              GEMPLUS une société Française, fleuron de la technologie de la sécurité des cartes à puces (par exemples les cartes bancaires) est passé sous contrôle américaine d’une manière à la James Bond.... Affaire Gemplus

              La France est un pays en cours de démantèlement !

              Programme UPR - Propositions 1 à 10



              • trinitad 30 décembre 2013 21:40

                Quelques petites précisions :
                ES2 à été crée en 1985 par effectivement des anciens de Eurotechnique (ST micro aujourd’hui) autour d’un concept novateur à l’époque : la photolytographie par faisceau d’électron, au lieu de l’utilisation de masques, en visant principalement le marché des ASICS (Application Specific Intergrated Circuit).
                Pour faire court, c’est un petit peu ce qu’est l’imprimante 3D comparé à un procédé classique utilisant des moules. ES2 fabriquait des circuits spécifiques, principalement des prototypes pour validation avant mise en production.
                Malheureusement, la technologie dans cette industrie évolue très vite et l’écriture par faisceau d’électron s’est rapidement trouvée dépassée, le procédé classique permettant de faire des produits très nettement plus performant. De plus l’évolution de la CAO et de la modélisation rendait obsolète la préfabrication de prototypes.
                Il est plus que probable que sans l’arrivée d’ATMEL, qui a massivement investit dans le site ES2 et l’usine qui est maintenant celle de Lfoundry, ES2 aurait mis la clé sous la porte en 1995.
                Il est évident que ES2 et ensuite ATMEL ont largement bénéficié de subventions publiques, française et européenne à travers des programmes de « recherche » (tout comme ST micro, Altis ex IBM à Corbeille, Freescale ex Motorola à Toulouse, etc...).

                Dans les années 2007/2008, ATMEL a décidé de réorienter sa stratégie vers des produit à forte valeur ajoutée (microcontrôleurs), l’entreprise n’étant plus compétitive en terme de cout face aux géant asiatiques sur par exemple les carte SIMS, les sérial Esquare, etc… et surtout de devenir « fabless », ne voulant plus investir dans des couteux équipements.
                Cela s’est traduit par la fermeture de plusieurs usines, celle de Rousset restant en sursis…. Il aurait fallut plusieurs dizaine de millions d’euros pour permettre à celle-ci d’être technologiquement capable de fabriquer les nouveaux produit d’ATMEL.
                Au moment de la « vente » de l’usine de Rousset à Lfoundry, la position d’ATMEL a été très claire, soit la vente arrive à son terme, soit l’usine ferme, ATMEL payant le plan social (probablement avec la vente des équipements).
                Les représentants du personnel ont exigé et obtenu qu’un vote sur la vente soit organisé, vote qui s’est traduit par une réponse positive. Il est vrai que les dirigeants de Lfoundry avait dit oui à toutes les revendications des syndicats, le beurre, l’argent du beurre, la crémière et la fille de la crémière….
                Par contre la stratégie de Lfoundry était beaucoup moins claire…
                Leur volonté étant de se positionner sur le marché ultra concurrentiel de l’offre fondeur, face aux géants asiatiques ou américains très expérimentés et moins cher. Et le nouveau procédé révolutionnaire dont on entend parler, 110nm, était effectivement révolutionnaire... il y a 10 ans…
                Il est difficile de croire qu’il y a des clients capable de commande suffisante pour faire tourner l’usine sur cette technologie, disponible et largement éprouvée ailleurs pour moins cher.
                Très surprenant aussi que personne en interne chez Lfoundry n’a tiré la sonnette d’alarme et proposé une autre orientation
                Je pense que le tribunal de commerce à très bien compris qu’il n’y avait pas d’issue et à préféré liquider plutôt que de financer un autre puits sans fond comme Heuliez par exemple…


                • M@rse1ll@1s 31 décembre 2013 08:32

                  Merci pour ces précisions. Il y a eu clairement un manque de stratégie dans la direction de cette entreprise qui n’a pas cherchée les partenariats indispensables au maintien d’une activité très concurrentielle avec un outil désormais dépassé. L’aéronautique aurait été une planche de salut, comme l’automobile l’a été pour les fabs anciennes en Allemagne. Mais en même temps 3 ans C’est court et cela aurait demandé de gros efforts pour l’ensemble des employés. 


                • AlainV AlainV 31 décembre 2013 09:22

                  L’avenir est plutôt du côté des logiciels, le soft, pour la France.
                  Et là nous sommes bien placés, en Alsace, mais dans beaucoup d’autres régions aussi. L’avenir est même radieux. On manque même d’informaticiens de haut vol, très pointus. Le problème, ce sont les salaires beaucoup plus attrayants en Allemagne et aux USA. Entrepreneurs, il faut PAYER vos salariés !


                  • Paulo 31 décembre 2013 17:35

                    L’avenir est dans le soft ... Certainement, mais pas en France ... Je suis dans l’investissement dans ce secteur à l’international, et personne dans les fonds d’investissement que nous cotoyons n’a l’intention d’investir en France ... Par ailleurs, les pays de l’Est et les asiatiques sont également très bons dans le soft, et désormais aussi en amérique du Sud, au point qu’en Espagne 30 à 40% des informaticiens pointus sont argentins mais bien moins payés que les espagnols lesquels sont 30% moins chers que les francais ... Les francais ont aussi l’inconvénient de la langue ... Je suis désolé de vous refroidir au regard de votre enthousiasme, mais tant que les francais ne mettront pas fin à cette succession de dirigeants peu enclins à rendre possible le regain d’attractivité de la France alors oubliez tout idée d’investir en France ...


                  • HELIOS HELIOS 31 décembre 2013 22:30

                    ... je m’inscris totalement en faux a votre propos : dans le logiciel, la langue n’est pas du tout un obstacle !
                    Ici, au Chili, nous trouvons des espagnols, des français, des allemands des argentins des urugayens qui bossent ensembles dans toutes les langues... seuls les documents finaux sont remis en general en espagnol et en anglais... s’il y a quelque part dans la chaine cliente une entreprise anglaise ou americaine.


                  • neurone 1er janvier 2014 13:47

                    Encore des MANAGERS (issu des filières éco HEC etc.) qui ont réussi à couler une boite (d’ingé soumis) ! La France est championne dans le domaine en ce moment !



                      • Pere Plexe Pere Plexe 3 janvier 2014 20:38

                        Malheureusement garder un fondeur alors que nous n’avons plus d’industrie électronique était un non sens...même le petit peu qui reste (lié à l’armement ) est mal barré !
                        Il en va de ce secteur comme de la métallurgie : qu’il soit stratégique n’empêchera pas sa lente agonie.


                        • Lisa SION 2 Lisa SION 2 5 janvier 2014 14:46

                          Bonjour,


                          «  Depuis 1995, Stella a levé plus de 10 millions d’euros, dont 6,4 millions en 2000 avec des business angels, mais aussi un pool de financiers mené par la Compagnie Financière Edmond de Rothschild. Cette opération avait également permis l’entrée de Sidel dans son capital. « Il me faut environ 400.000 euros pour poursuivre l’activité »,indique Michel Fallah, qui souhaite trouver un partenaire industriel. » https://www.google.fr/search?q=auto+electrique+stella&oq=automobile+%C3%A9l%C3%A9ectrique+stella&aqs=chrome.1.69i57j0l2.24878j0j4&sourceid=chrome&espv=210&es_sm=93&ie=UTF-8 la planche à billets verts permet aux maîtres du monde de capter les brevets financés par investissements nationaux.

                          • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 6 janvier 2014 07:19
                            Déjà, LFoundry, c’est imprononçable en français. 

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