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Accueil du site > Actualités > Economie > Erreur de diagnostic

Erreur de diagnostic

Baisser les taux à zéro puis les maintenir à ce niveau le temps nécessaire pour relancer la demande agrégée et l’activité économique. Telle est donc la recette des apprentis marmitons en politique monétaire hyper laxiste persuadés que cette mixture de taux proches du zéro absolu stimulera l’investissement, découragera l’épargne tout en autorisant individus et entreprises à se refinancer à bon marché afin de remettre de l’huile dans les rouages économiques… S’il est vrai que ce tableau idyllique est en théorie réalisable, il ne saurait se calquer sur notre situation présente car le marasme actuel n’est en rien dû à un ralentissement ou à une régression de la demande. Notre conjoncture économique dégradée provient d’une accumulation morbide de bulles spéculatives qui ne cessent de sévir sur notre système financier, bulles qui, en fait, en sont devenues quasiment consubstantielles !

Quand donc nos autorités se rendront-elles compte que cette politique de taux bas a un prix qui peut parfois être excessivement douloureux pour nos économies dès lors que l’on daigne s’intéresser au moyen et au long terme ? Et quand apprendront-ils à identifier une bulle, phénomène classique où l’argent facile se loge – voire s’agglutine – en direction d’un investissement profitable sur le très court terme au lieu de se canaliser en faveur d’autres qui, eux, ne sont rentables que sur un laps de temps plus ou moins long ? Les bulles spéculatives font effectivement abstraction des facteurs et données fondamentaux d’une économie pour évoluer et se transformer en une authentique manie susceptible d’être oblitérée par le seul avènement d’une crise…

Il est donc facile de comprendre que, dans un tel scénario, la chute de la demande n’est que la conséquence – et non la cause – de notre crise. Autrement dit, agir en manipulant la seule politique monétaire équivaut à traiter le crime par la seule prison plutôt que de miser sur la prévention ! Le schéma qui nous occupe est pourtant on ne peut plus traditionnel car la crise ayant démarré il y a trois ans a suivi un cheminement où la dépréciation des prix de l’immobilier (aux USA) a eu de graves répercussions sur l’économie réelle à travers la courroie unique du système financier. C’est ainsi que les actifs liés aux hypothèques et à l’immobilier se sont effondrés en exerçant une nuisance fatale sur les bilans des établissements qui en étaient les titulaires avec, à la clé, un dévalorisation des capitalisations de ces institutions ayant conduit à un assèchement du crédit et de la confiance dégénérant au passage en une déroute boursière… 

La panique financière et la récession économique subséquente étaient donc la résultante d’une tourmente touchant frontalement les bilans des établissements financiers : C’est en effet l’aggravation des pertes bancaires qui a débouché sur une récession économique tout comme c’est le rétablissement de ces bilans qui – seul – ramènera l’embellie économique durable. Perspective qui implique une levée de nouveaux capitaux pour les entreprises et une augmentation de l’épargne pour les ménages comme préalable à toute reprise de nos économies. Pour autant, nos politiques actuelles se concentrent malencontreusement exclusivement sur la relance de la demande, notamment à travers la consommation, au lieu de s’employer à stimuler la reconstruction d’une richesse – la vraie – qui consisterait en une progression de l’épargne et en un nettoyage des bilans.

En conclusion, outre le fait d’enfler de nouvelles bulles qui ne manqueront pas d’imploser avec des effets collatéraux dévastateurs, la politique monétaire hyper laxiste et autres baisses de taux quantitatives à la japonaise ne feront qu’exacerber les distorsions de nos économies tout en décourageant de manière décisive entreprises et individus à emprunter la direction de l’assainissement.


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14 réactions à cet article    


  • Cogno2 26 août 2010 11:29

    J’y connais rien, mais quand l’Etat pouvais emprunter à taux 0, il n’y avait pas de dette non ?
    C’est ce qui se dit, car il se dit aussi que la dette abyssale est due à ces intérêts.

    D’ailleurs j’y connais rien, mais franchement, je crois ue les grand théoriciens économiste n’en savent pas plus que moi finalement, ils ont de grands mots, de grandes théorie, mais sont incapable d’anticiper quoi que ce soit.
    Or le but d’une théorie est de faire des prévisions, si les prévisions sont fausses, la théorie est rejeté, ce qui prouve que l’économie n’est pas une science, qu’aucune théorie n’est apte à rendre compte de quoi que ce soit, et qu’au final c’est une fumisterie car personne ne gère et personne ne comprends.


    • _Ulysse_ _Ulysse_ 26 août 2010 11:35

      Il faut bien distinguer l’état du reste des acteurs économique.

      Les taux bas favorisent l’inflation monétaire surtout dans le secteur financier.
      Que l’état puisse se financer à taux 0 ne pose pas de pb si il s’agit d’investissements utiles.


    • rastapopulo rastapopulo 26 août 2010 11:49

      un beau dessin vaut mieux qu’un diplôme d’économiste anti-nation :

      http://bretagne.solidariteetprogres.org/?page_id=459

      Vrai, le remboursement des dettes a déjà eu lieu. « Seuls » subsistent les intérêts, mais quels intérêts !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

      Le plus important ? Le long terme ! Personne ne peut le prendre en charge sans nation.

      Si les économiste dogmatique ont raison d’éviter l’inflation (couvrir des dépenses à court terme par des emprunts forcément à long terme) et de soumettre les états à un mécanisme (taux variable selon solvabilité) qui décourage le recours à l’emprunt pour ces dépenses, ils ont complétement tord de décourager les dépenses pour le long terme qui sont elle anti-inflation.

      La vérité ? Ce n’est pas de l’orthodoxie monétaire mais un processus anti-nation ou il est interdit que les nations soient entreprenantes par du recourt à du crédits sans intérêts pour se lancer dans l’avenir avec des grands projets à long terme comme pendant les 30 glorieuses (pourtant une réussite sans pareil, dure de l’effacer des livres mais patiemment les anti-nations essayent).

      Les 30 glorieuses = fin de la dictature de la finance privatisé = retour en force du citoyen ni communiste (le marché privé même financier co-existe mais est régulé) ni anti-nation (secteur stratégique et banque national sous contrôle) = scission des banques par activités pour laisser couler les banques d’investissement sans mettre en danger les banques de dépôts, crédit publique productif (projet à long terme sans inflation), avancés sociales sans précédent,...

      http://www.solidariteetprogres.org/article6876.html

      A la Libération en France, le gouvernement provisoire issu du CNR avait mis en place un tel système de crédit. Il disparut progressivement entre 1971 et 1984, sous le coup de boutoir des milieux financiers et de leurs courroies de transmission que furent Valéry Giscard d’Estaing, Michel Pébereau et François Mitterrand. Pour revenir au plein emploi et bâtir un avenir commun, nous devons rétablir ce système, sans quoi, l’austérité meurtrière et la haine s’imposeront inévitablement.


    • Cogno2 26 août 2010 14:53

      Que l’état puisse se financer à taux 0 ne pose pas de pb si il s’agit d’investissements utiles.

      Il semble qui si puisque ça lui est interdit, et s’il pouvait le faire, il le ferait, et ne croulerait pas sous les dettes.
      Quel lien entre les dettes d’un état et les performance des entreprise du pays ? Aucune si j’en crois ce que j’entends sur l’Allemagne, pays à balance commerciale excédentaire, et état quasi aussi endetté que nous.


    • _Ulysse_ _Ulysse_ 26 août 2010 11:33

      Effectivement la politique de taux bas est mauvaise à long terme.
      Le pb c’est que ca fait des années et années qu’on y est maintenant !

      Monter les taux maintenant provoquerais une récession forte à court terme et ça personne n’a le courage de le faire. Le pb c’est qu’on doit dégonfler toute la croissance artificielle qu’on a eu ces dernières années avec cette politique. Il faudrait pouvoir compenser cette perte de PIB par de nouvelles création de richesse de manière à ne pas avoir de récession.

      Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Néanmoins, plus longtemps on poursuivra cette politique et plus difficile ce sera d’en sortir !

      I


      • Natariege 26 août 2010 12:08

        Des taux bas voir proche de 0, donc de l’argent gratuit.
        Ce qui est gratuit ne vaut rien on peut conclure que notre éconnomie ne vaut rien.


        • Cogno2 26 août 2010 14:49

          Des taux bas voir proche de 0, donc de l’argent gratuit.
          Ce qui est gratuit ne vaut rien on peut conclure que notre éconnomie ne vaut rien.

          Et quand les banques prêtent de l’argent qu’elle n’ont pas, ça vaut quoi ? moins que rien ?


        • Francis, agnotologue JL 26 août 2010 15:44

          Spécial Natariege : Un cheval bon marché est rare, tout ce qui est rare est cher, un cheval bon marché est cher !


        • plancherDesVaches 26 août 2010 13:23

          Politique hyper-laxiste... ?????
          Monsieur Santi, il doit vous manquer un élément d’appréciation, là, je pense :

          http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20100826trib000542591/nette-hausse-du-benefice-pour-le-credit-agricole.html

          Je vous rappelle que tout le Ponzi a failli s’écrouler en 2008, mais veut toujours plus. Comme tout bon Ponzi qui se respecte et faire plaisir aux nouveaux adhérents.


          • _Ulysse_ _Ulysse_ 26 août 2010 13:52

            Laxiste au niveau monétaire oui.

            Pour compenser la dégradation des économies occidentales et le manque de pouvoir d’achat des salariés les politiques n’ont eu que comme solution de favoriser le recours au crédit pour soutenir la consommation ce qui est un non sens économique.


          • Michel Santi Michel Santi 26 août 2010 15:51

            merci d’avoir répondu Ulysse, c’est bien ça...


          • paul 26 août 2010 20:11

            Difficile de vous suivre au fil de vos très longues phrases,M.Santi, surtout si l’on est pas économiste de métier .Qu’est ce qu’une politique monétaire hyper-laxiste ? si je vous comprend bien, sans que
            vous le disiez clairement, c’est « faire tourner la planche à billets » avec une forte inflation .
            Autre analyse surprenante : la bulle spéculative sévit sur notre système financier .

            Il me semble qu’analyser les conséquences de la crise financière comme la cause de celle ci ne
            permet pas d’y voir clair sur les véritables origines .
            Même non économiste, on comprend bien tout l’intéret des gouvernements libéraux à maintenir un très bas taux d’inflation et une hausse « appréciée » substancielle du taux de croissance : d’où une augmentation faible ou nulle des salaires, pensions et prestations sociales .
            Comme les prix, eux, n’oublient pas d’augmenter, il en résulte une faible consommation .
            Me trompais je ? La « rilance » de Lagarde, c’est du vent ./
            Quant à la bulle spéculative, c’est clairement le système financier, avec la bénédiction des gouvernements, qui l’a permise avec la titrisation sur les créances pourries .Et qui renfloue ?


            • Cyril Lanas 27 août 2010 04:44

              Je suis convaincu, comme vous, que la crise économique que nous vivons est résultante d’un problème de bulles spéculatives, comme la bulle immobilière qui a généré une immense « bulle du crédit ».
              Notre croissance trop basée sur notre propre consommation ne pouvait être soutenu que par l’endettement... On est rentré dans une stratégie du court-terme qui consiste à faire payer la croissance d’aujourd’hui par la récession de demain. C’est peut-être encore la stratégie qui nous a permis de donner un bien court sursis à la crise économique qui nous revient droit dessus.

              Face au désastre bancaire, les islandais se sont demandés s’il ne devrait pas se remettre à pêcher de la morue. Je crois que c’est la solution. Il faut tout simplement se remettre à produire des biens échangeables. Encore faut-il dans ce retour à la production, intégrer dans notre stratégie la dimension écologique.

              Parce qu’il ne s’agit pas de sauver l’économie au dépend de la planète.

              C’est peut-être cela le développement durable.


              • Francis, agnotologue JL 27 août 2010 09:22

                Noam Chomsky : « le développement et la réussite économique de la Chine ne doivent pas grand-chose à la mondialisation, mais sont liées au commerce et à l’export. La Chine est petit à petit devenue un pays axé sur l’exportation. Personne, même pas moi, n’est contre l’idée de l’exportation. Mais l’exportation n’est pas la mondialisation »

                De fait. Mais la mondialisation c’est la possibilité que les entrepreneurs occidentaux ont de faire de l’argent avec les exportations de la Chine se faisant ainsi Cheval de Troie de l’envahisseur asaitique en même temps que fauteurs de crises économiques, puisque, miracle, l’industrie financière et ses turpitudes est « opportunément  » là pour soutenir cette consommation effrénée : pertes d’emplois, de savoir faire, endettements abyssaux, n’en jetez plus la cour est pleine !

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