Et si l’épargne devenait solidaire ?
Ce n’est pas ce que vous croyez : ce n’est pas encore un plan de mobilisation de l’argent public pour sauver les banques ! Non ! Il s’agit de l’épargne solidaire. A l’occasion de la Semaine de l’épargne solidaire, qui se tient du 18 au 25 octobre 2008, et initiée par l’association Finansol, les épargnants sont invités à contacter leur banquier pour découvrir dans quelles conditions ils peuvent "épargner solidaire".

Il existe une autre façon d’épargner que de prêter son argent à cette internationale du fric qu’est la nébuleuse financière qui a bénéficié d’un plan de sauvetage au nom d’une prétendue solidarité : "épargnants du monde entier, unissez-vous pour sauver les actionnaires, les spéculateurs et les banquiers !" Eh bien non ! On peut faire autrement...
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Plus loin que les placements éthiques : l’épargne solidaire.
Les placements éthiques sont des placements boursiers permettant aux particuliers d’investir de manière sociale et responsable.
L’investissement ne vise pas seulement à rechercher la performance financière ; il mise aussi sur la prise en compte de notions extra-financières, comme le comportement social, humain, écologique ou bien environnemental de l’entreprise. Même logique pour les fonds éthiques qui s’appuient sur des critères financiers, mais également sur une approche d’ordre moral : des valeurs de sociétés exerçant leur activité dans des secteurs sensibles tels que l’armement, le tabac, l’alcool, peuvent être sous-pondérées voire exclues. Existent aussi les fonds de développement durable où la sélection des entreprises se fait en fonction de leurs comportements vis-à-vis de l’environnement, de leur politique sociale, de leurs relations avec les fournisseurs et les sous-traitants.
L’épargne solidaire est plus engagée :
Ce type d’épargne permet de financer des opérations solidaires, qui ne trouvent pas de financements dans les circuits financiers classiques. "Agissant directement contre l’exclusion, ces projets peuvent concerner des entreprises créées par ou pour des personnes en difficulté, le logement de familles en situation précaire ou des activités sur des territoires marginalisés", explique Mathilde Castres chez Finansol. Ces projets peuvent aussi parfois dépasser le cadre national et encourager la solidarité Nord-Sud.
Les produits d’épargne solidaire peuvent prendre la forme de livrets, SICAV ou FCP, contrats d’assurance-vie. Finansol, l’association pour le financement solidaire, a labellisé de nombreuses propositions, qu’elle classe en deux catégories :
les placements de partage où une proportion des revenus générés doit être distribuée sous forme de dons à des organismes solidaires. Ainsi, le particulier souscrit un placement en acceptant qu’une partie des revenus soit reversée à une association de son choix. Le donateur reçoit un justificatif qu’il pourra joindre à sa déclaration de revenus ;
les produits d’investissement solidaire. Ici le mécanisme de solidarité se situe au niveau de l’encours de l’investissement. Pour que ce dernier soit reconnu « solidaire », la loi exige qu’au moins 10 % de son encours soit destiné au financement de projets solidaires. Par exemple, à la création de petites entreprises par des personnes en difficulté ou au logement de familles en situation précaire ou encore au développement d’activités dans les pays du Sud.
Le régime fiscal de l’épargne solidaire varie en fonction du type de placement effectué, trois cas : l’épargne est investie dans des actions non cotées d’entreprises dotées de l’agrément « solidaire », l’épargne est placée dans des produits de partage solidaires, l’épargne est placée dans des produits de partage favorisant la fourniture de repas en France ou le logement de personnes en difficulté.
Dans ce dernier cas, s’applique la loi "Coluche" : pas de doute, il s’agit bien de solidarité !
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La Semaine annuelle de l’épargne solidaire.
Jusqu’ici organisée au sein d’une région spécifique, la Semaine annuelle de l’épargne solidaire sera nationale à partir de cette année. L’événement se tient du 18 au 25 octobre 2008 dans les régions suivantes :
Alsace, Aquitaine, Bourgogne, Bretagne, Île-de-France, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, PACA, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes.
L’objectif de cette Semaine nationale de l’épargne solidaire, initiée par l’association Finansol, est de promouvoir cette forme d’épargne, de montrer que l’argent peut aussi servir à améliorer les choses. Sont notamment au programme des expositions photos, des conférences généralistes et thématiques sur les finances solidaires, des visites guidées d’entreprises soutenues, l’organisation de marchés « solidaires »... (programme complet sur "parlezenavotrebanquier.com").
La campagne de mobilisation des réseaux bancaires et mutualistes lors de cette Semaine de l’épargne solidaire vise à inciter ces réseaux à connaître et proposer à leurs clients des offres d’épargne solidaire.
Cette semaine de l’épargne solidaire arrive à point nommé, à un moment où l’on s’interroge sur le sens du capitalisme financier, son but, ses excès. Le modèle d’épargne solidaire ne pourrait-il pas être étendu dans son principe pour que l’épargne n’aille pas vers les sociétés qui ont trompé leurs clients ou qui ont joué dangereusement avec l’argent des épargnants au prix de pertes considérables ? L’épargne ne pourrait-elle pas avoir aussi pour but de récompenser les bons gestionnaires et de sanctionner les mauvais ?
Liens :
Finansol
Les Echos 2005
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