21 février 2012. La montagne a une fois encore accouché d’une souris. Pour combien de temps encore… ? « On a tort de se moquer du héros qui gît en scène, blessé à mort et qui chante un air au théâtre. Nous passons des années à chanter en gisant. » (Franz Kafka)
Le sort des Grecs
Une alternative aurait été de forcer l’État grec au défaut. Option tentante si l’on recense toutes les déclarations en sa faveur. Une autre stratégie l’a emporté, qui est de laisser le malade à l’agonie crever à petit feu. De tout cela, il ne se dégage qu’une seule logique sous-jacente, celle de remplacer les créanciers privés de l’État grec par des créanciers publics,… ce qui revient à porter une solution au problème de la dette souveraine en la faisant reposer sur…la dette souveraine. Ce sont en l’occurrence les autres États européens qui détériorent leur situation financière en la grevant du poids de la dette grecque.
Les tractations ont été rendues difficiles par le fait que nombreux étaient ceux qui doutaient, en dépit des promesses répétées, de la capacité de l’État grec à réaliser les réformes nécessaires, d'autant que les élections législatives à venir sont susceptibles de rebattre les cartes. Dès le début de la crise, il a été manifeste que la classe politique grecque, gauche et droite confondues, allait continuer à se démener pour maintenir le système clientéliste en place, système dont les bénéficiaires font partie du secteur public, des syndicats et surtout du secteur privé financé par l’État (cette économie complexe si caractéristique de notre époque).
Le plan adopté n’est pas viable, tout le monde le sait. Si les Grecs dévient d'un seul de leurs objectifs, c'est la sortie de route assurée. Or la croissance économique est plombée par le plan lui-même. Dans trois mois ou dans six mois, la récession qui frappe la Grèce sera trop importante, les taux d'intérêt des emprunts du Fonds européen de stabilité financière (FESF) auront augmenté, etc. etc. Round suivant !
La nouvelle aide passe à ce jour par une réduction des taux d'intérêts sur les prêts consentis par les créanciers publics à l’État Grec dans le cadre de son premier plan de sauvetage de mai 2010, et par une implication des banques centrales nationales de la zone euro dans l'effort. En outre, les banques ont elles accepté une "décote" plus importante que prévu, 53,5% en place de 50%. Mais cet effort des banques doit rester volontaire. Or nombre d’obligations grecques ont été rachetées par des fonds spéculatifs espérant le Défaut et le déclenchement des CDS, qui leur assurerait un remboursement à 100% alors qu’ils ont acheté ces obligations avec une forte décote. Paradoxe : dans ce contexte, les intérêts de la Banque Centrale Européenne qui a reçu ces obligations en garantie de ses émissions monétaires, coïncident avec ceux des hedge funds…
Rien n’a été fait pour amener les Grecs à s’en sortir, tout pour aider l’État grec à tenir la tête hors de l’eau. Une autre grande crainte plane : et si les Grecs abandonnaient leur sauve-qui-peut individuel pour tout envoyer par-dessus la haie ? Je vous l’ai dit : la tâche de certains serait diantrement simplifiée du fait que le Défaut soit décidé de facto par les Grecs eux-mêmes, faisant figure de boucs émissaires de la Crise internationale. Mais en dehors de cet aspect lamentable, je suis de plus en plus convaincu que le Défaut est la seule voie qui aiderait les Grecs à sortir de ce rôle infamant et à se reconstruire.
Autres concurrents : l’Espagne, le Portugal…
Jerez de la Frontera, Andalousie. Aucun des quelque 2.400 employés municipaux ou du secteur public local n'y a été payé depuis décembre. Les bus urbains n’ont plus de carburant. Les installations sportives de la ville n'ont pas ouvert depuis un an, faute d'électricité. Dans l'immeuble des affaires sociales, lui aussi sans électricité, les fonctionnaires travaillent avec un générateur à essence et sans chauffage. Jerez a commencé l'année avec zéro euro dans ses caisses. Pour un budget de 222 millions, elle était arrivée, fin 2010, à une dette de 958 millions. La course effrénée à l'endettement s'est arrêtée là. "Étranglée, Jerez agonise", résumait El Pais dimanche 19 février. En Espagne, les villes ruinées comme Jerez se comptent par douzaines. (Source : Le Monde)
L’Espagne a réussi jusqu’ici à vivre cachée. On y suit avec une attention extrême l’évolution de la situation en Grèce, mais on y bénéficie surtout de la focalisation de la presse internationale sur les problèmes de l’État grec, beaucoup plus spectaculaires dans l’immédiat. En Espagne, l’État peut dissimuler sa situation financière car il a poussé les collectivités locales à s’endetter largement. Mais l’équilibre est tout aussi précaire. Après l’effondrement de l’immobilier, c’est sans doute celui des finances locales qui va mettre le feu aux poudres.
Le Portugal a réussi ces derniers temps à attirer l’attention des milieux financiers. Pour son malheur. Les taux d’intérêt y grimpent dangereusement et feront que l’État, déjà « bénéficiaire » d’une aide européenne et incapable de tenir ses objectifs, devra bientôt demander une nouvelle aide.
L’intégration de la France dans l’Europe s’est faite dans les années soixante par une volonté politique marquée : y faire passer le monde rural à 5% de la population active comme dans les pays industrialisés. C’est ce qui a motivé les marathons de la PAC (Politique agricole commune). La France n’a pas encore complètement digéré cette marche forcée. Que dire alors des pays du Sud de l’Europe, qui ont suivi le même chemin bien plus tard, après la disparition des colonels, de Franco et de Salazar ou la grande mue du monde politique italien. Jusque là, ils n’avaient été que des pourvoyeurs de mains d’œuvre : Espagnols, Grecs, Italiens, Portugais sont omniprésents en Europe occidentale, jusqu’à y constituer de nouvelles nationalités (les Italobelges par exemple, dont est issu le premier ministre belge). Ensuite l’Europe a entrepris de « développer » ces pays du Sud. Les « aides européennes » y ont financé pendant vingt ans une économie qui, on le voit aujourd’hui, ne repose sur RIEN. Une économie de type mixte, privée mais financée par les États. Sans avenir. Un gouffre qui a pour nom aménagement du territoire, autoroutes, ports, aéroports, désenclavement, réseaux, loisirs, tourisme etc. C’est bien à coup de pelleteuses qu’on y a creusé le gouffre de la Dette. Fin de la route.
Et en attendant…
Je ne vois pas d’autre solution immédiate pour les populations de ces pays que de retourner le plus rapidement qu’elles le peuvent à une forme d’économie autarcique, en ayant cette chance de ne pas être trop éloignées du monde rural, d’une génération tout au plus. Méditerranéens d’Europe, il ne vous sera fait d’autre place que celle d’assistés, c’est en vous-mêmes qu’il faut forger votre Destin !
« La
présente fenêtre d’opportunité, durant laquelle un ordre mondial
pacifique et interdépendant peut-être construit, ne sera pas
ouverte pour très longtemps. Nous sommes à l’orée d’une
transformation globale.Tout
ce dont nous avons besoin est une crise majeure appropriée, et les
nations accepteront le Nouvel Ordre Mondial. »
David Rockefeller, 23 septembre 1994.
"Je définirais la mondialisation comme la
liberté pour mon groupe d’investir où il veut, le temps qu’il
veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant où il
veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles en
matière de droit du travail de conventions sociales."
Percy Barnevik, prince d’un empire intercontinental
de la métallurgie (1995).
Et voilà pour la finalisation :
« Dès que possible, nous devons arriver à élaborer un
gouvernement mondial et une religion
mondiale, dirigés par un leader mondial ».
Robert Muller (1923-2010). Ancien assistant au
secrétaire général de l’ONU.
Que ceux qui désirent me caricaturer comme complotiste, s’ en
abstiennent. Ensuite je leur conseille de lire les ouvrages des
faucons de Washington, et de faire le parallèle avec ce
que nous vivons au jour le jour en Europe.
Et comme on ne le répètera jamais assez, je rapelle certains
fondamentaux : « Propaganda » de Edward Bernays,
« La stratégie du choc » de Naomi Klein et "La
véritable histoire des Bilderbergers" de Daniel Estulin.
Bonne analyse : l’autarcie et l’autosuffisance alimentaire seraient la solution pour éviter le pire.
Le triste spectacle des régressions sociales dans les pays du Sud n’augure rien de bon pour nous. On pourra regretter que les élections espagnoles de Novembre 2011 n’aient pas permis un sursaut, de même les élections grecques d’avril 2012 n’annoncent pas de révolte dans les urnes(les partis européistes restent majoritaires).
Nous avons la chance en France d’avoir des intellectuels (Lordon, Chouard, Todd, etc.) qui travaillent à éveiller les consciences. Ne nous laissons pas décourager par la manipulation des sondages, rappelons nous que nous avons réussi à faire gagner le NON au référendum sur la constitution de 2005.
Si quelque chose doit se passer en Europe ce sera chez nous comme d’habitude ! Gardons la Foi.
1) Je réponds à un article qui s’intitule : Eurocoupe des faillis. Par conséquent quand je parle du Sud, il s’agit bien évidemment de l’Europe du Sud.
2) Quand j’écris :« Le triste spectacle des régressions sociales dans les pays du Sud n’augure rien de bon pour nous », j’indique clairement que nous sommes les prochains sur la liste.
Sur les élections d’avril (je ne parlerai que de la France afin de dépassionner le débat...) : même si la campagne est truquée (traitement scandaleux des opposants, manipulation des sondages), les français ont une fenêtre d’opportunité UNIQUE pour s’opposer aux plans à venir de régression sociale de Bruxelles.
il faut impérativement empêcher un deuxième tour Sarko/Hollande. La balle est dans notre camp.
L’accord implique qu’Athènes s’engage à continuer à appliquer des
mesures d’austérité. Les fonctionnaires européens affirment en effet qu’une
nouvelle vague de réduction des salaires et de privatisations devrait permettre
de remettre l’économie sur le chemin de la croissance dès 2014. Mais personne
ne semble trouver cet objectif réaliste. Dans un rapport confidentiel, la
troïka (le FMI, l’UE et la BCE) reconnaît que les perspectives budgétaires de
la Grèce se sont détériorées à un tel point que son ratio dette/PIB pourrait
toujours être de 160 % en 2020.
Jennifer McKeown, économiste senior spécialisée sur l’Europe chez
Capital Economics, a déclaré : « Les mesures d’austérité que la Grèce devra
mettre en oeuvre et le contrôle renforcé de la troïka sur fond de protestations
de la population rendront les choses plus difficiles et entraîneront le pays
vers une récession encore plus profonde. Il existe un risque que la Grèce sorte
de la zone euro cette année. »
Eurointelligence, un site économique de commentaires et d’analyses géré
par Wolfgang Münchau, un membre de l’équipe fondatrice du Financial Times, a
expliqué que cet accord avait « ouvert la voie à une sortie discrète de la
Grèce ».
Il existe une autre alternative pour sauver la Grèce :
La Grèce doit racheter sa dette par ca banque centrale, ce
qui leur permettra de rembourser cette dette en autarcie à taux nul. La fuite
en avant vers une dette abyssale étant terminée. Il ne faut pas qu’ils quittent
l’Euro c’est leur seul salut, en
effectuant cette manipulation interne qui est "hors du traité de
Lisbonne, et incompatible avec le traité de Maastricht ".
Mais ce ne sera pas la première fois qu’un pays demande à
l’Europe de mettre un coup de Canif dans ces traités "rappelons nous de la
France qui demandait en 2007 de dépasser les 3%
de déficit pour relancer l’économie "
Mais veut on vraiment que la Grèce s’en sorte. IL est plus intéressant pour un financier de savoir qu’un client paye des intérêts indéfiniment plutôt que de baisser ce montant de cette dette donc le montant des dits intérêts.