Europe : plus dure sera la chute !
La schizophrénie européenne va en s’amplifiant ! Voici l’Allemagne (qui compte pour 27% dans le P.I.B. de l’Union) qui croît de 1.5% au premier trimestre de cette année, voilà la France (21% du P.I.B. de l’Union) qui croît de 1% pour la même période alors qu’au même moment les économies de l’Europe du Sud stagnent, voire se contractent. Si l’Espagne et l’Italie s’en tirent en effet de justesse avec des P.I.B. respectifs de 0.3 et de 0.1% en ce premier trimestre 2011, le Portugal, lui, replonge dans la récession en affichant un chiffre de – 0.7%. Par ailleurs, dans un tel contexte déprimé – voire dépressif -, loin de s’améliorer, la situation de la Grèce se dégrade pratiquement à vue d’œil. Ce petit pays, qui ne sortira de la récession probablement pas avant quatre ou cinq ans, subit – tétanisé et impuissant – une détérioration de ses comptes publics, un endettement extérieur en constante aggravation et bien-sûr des taux d’intérêts rédhibitoires sur ses financements…
Pour autant, les autorités européennes n’avouent toujours pas leur échec et ce en dépit d’une évidence limpide, à savoir que le pourrissement de cette situation ne profitera à personne. En fait, nos technocrates et gouvernements européens semblent prendre plaisir à manipuler une grenade qu’ils croient sécurisée alors que celle-ci est dégoupillée et qu’elle finira immanquablement par leur exploser en pleine figure ! Pire encore car cette conflagration à venir sera d’autant plus ravageuse qu’ils auront retardé son échéance… A leur décharge, n’a-t- il pas fallu 6 ans (de 1994 à 2000) aux autorités argentines pour se rendre compte que l’indexation de leur monnaie au dollar américain était une erreur monumentale ? En fait, ce fut la dévaluation massive et la volte face de ce pays contre le F.M.I. (ayant imposé une austérité à la source de l’implosion économique) qui devait contribuer à y rétablir une croissance vigoureuse autorisant du même coup à engranger les excédents.
Une restructuration au moins partielle de la dette grecque est ainsi inévitable afin de libérer des ressources qui bénéficieront aux améliorations et aux programmes structurels qui relanceront la compétitivité du pays. Certes, la Grèce pourrait se passer des marchés si l’Union Européenne continue à la financer et à la renflouer mais voilà : les populations européennes ne pourront pas et ne voudrons pas continuer à entretenir la Grèce (et le Portugal et l’Irlande…) dans les conjonctures de rigueur généralisées régnant dans la quasi-totalité des nations européennes. Alors, comment – dans un contexte où bien des pays et des politiques en place devront affronter des élections en 2011 et en 2012 – la Grèce serait-elle en mesure de pourvoir à ses dépenses alors que les marchés lui imposent de payer 15% d’intérêts sur ses crédits à 10 ans ? Non : ce pays meurtri aux dettes de 145% de son P.I.B. en 2010 ne saurait miser éternellement sur une générosité européenne qui ne se consent que moyennant une rigueur inhumaine.
Ce statut quo européen doit donc cesser d’urgence et, à cet égard, il est préférable que les responsables de l’Union décident eux-mêmes de mesures, certes douloureuses dans un premier temps mais indispensables, plutôt que de se laisser forcer par les marchés à des mesures catastrophiques parce que non préparées. Certains pays européens devront obligatoirement sortir de l’Euro afin de faire défaut sur leurs engagements libellés en Euros tout en tout en finançant leurs comptes publics en imprimant leur propre devise ! Après avoir subi une des récessions les plus impitoyables du XX ème siècle, l’Argentine n’a-t-elle pas finalement fait défaut pour renouer avec la croissance … à peine un trimestre après cette annonce ? N’a-t-elle pas bénéficié d’une accélération globale de plus de 60% sur les six années ayant suivi ce défaut ? La seule porte de sortie décente qui s’offre aujourd’hui à la Grèce est de restructurer sa dette car un pourrissement et une inaction supplémentaires contamineront irrémédiablement l’ensemble des nations européennes et, par delà, les économies occidentales intégrées.
Mais pour y parvenir, l’Union Européenne devra au préalable sortir de son déni.
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