Faire le point sur l’euro
Une note issue du think tank allemand CEP (Centrum für Europäische Politik) a fait bien du bruit, il y a quelques semaines lors de sa parution[1]. Réévaluer de façon critique et nuancée cette instructive production sera peut-être possible maintenant que les passions médiatiques se sont quelque peu éteintes.
[1] Alessandro Gasparotti, Matthias Kullas, Centre for European Policy, L´euro a 20 ans : qui sont les perdants ? qui sont les gagnants ? Une étude empirique, Fribourg, mars 2019.
Selon les chercheurs d’outre-Rhin, l’Allemagne a été la grande gagnante en Europe de la mise en place de la monnaie unique, tandis que la France et l’Italie en auraient été les principaux perdants. La Belgique également, quoique dans une moindre mesure, aurait été perdante suite à l’introduction de l’euro. D’après le CEP, cette perte de prospérité serait même, dans le cas belge, supérieur à ce que l’Espagne a enduré.
Présentation de la thèse
On commencera par situer d’un point de vue idéologique le propos du CEP. Ce centre d’études n’a rien d’une officine gauchiste puisqu’il fait partie de la fondation Ordnungspolitik.Il s’agit d’une organisation assurant la promotion de l’ordolibéralisme allemand.
L’ordolibéralisme désigne un courant politique allemand qui a émergé à Fribourg dans les années 1930 suite aux cogitations de trois intellectuels locaux (un économiste, Walter Eucken, et deux juristes, Franz Böhm et Hans Grossmann-Dörth). Il se situe en rupture avec le libéralisme classique dans la mesure où il estime que l’Etat doit jouer un rôle central pour permettre au marché de fonctionner. Dans cette optique, l’économie libérale a besoin d’un cadre global de régulation que le marché ne peut assumer à lui seul. « L’État doit consciemment construire les structures, le cadre institutionnel, l’ordre dans lequel l’économie fonctionne. Mais il ne doit pas diriger le processus économique lui-même [1] ». Bref, des Allemands plutôt de centre-droit, pour reprendre les critères en vigueur dans la presse grand public, qui décrètent que l’euro a, pour l’essentiel, profité à l’Allemagne, voilà qui devrait inciter à jeter un coup d’œil plus qu’attentif à l’étude en question.
Le bilan de l’euro se présente, selon ces chercheurs, comme suit.
Pays de la zone euro |
Impact global de l'euro sur la prospérité nationale (1999-2017). En milliards |
Allemagne |
1.893,00 |
Pays-Bas |
346,00 |
Grèce |
2,00 |
Espagne |
-224,00 |
Belgique |
-69,00 |
Portugal |
-424,00 |
France |
-3.591,00 |
Italie |
-4.325,00 |
TOTAL |
-6.392,00 |
Source : Alessandro Gasparotti, Matthias Kullas, Centre for European Policy, L´euro a 20 ans : qui sont les perdants ? qui sont les gagnants ? Une étude empirique, Fribourg, mars 2019.
Comme on peut le constater, les conclusions tirées par le CEP montrent que l’introduction de l’euro a favorisé l’Allemagne. Plus de 1.890 milliards d’euros ont été accumulés par l’économie allemande entre 1999 et 2017. En deuxième position, mais loin derrière, on retrouve les Pays-Bas avec 346 milliards d’euros de gains entre 1999 et 2017. De façon plus surprenante, on retrouve la Grèce en troisième position de ce classement avec un gain (modeste) de deux milliards d’euros entre 1999 et 2017. Parmi les pays perdants, l’Italie et la France sont particulièrement touchées avec des pertes, respectivement, de 4.325 et 3.591 milliards d’euros. Les pays de la péninsule ibérique (Portugal et Espagne) accusent également des pertes de l’ordre de 424 milliards d’euros pour le Portugal et de 224 milliards dans le cas espagnol.
En divisant cet impact global par le nombre d’habitants des pays repris dans cette liste, on obtient les chiffres suivants.
Pays de la zone euro |
Impact de l’introduction de l’euro sur la prospérité par habitant |
Allemagne |
23.116,00 |
Pays-Bas |
21.003,00 |
Grèce |
190,00 |
Espagne |
-5.031,00 |
Belgique |
-6.370,00 |
Portugal |
-40.604,00 |
France |
-55.996,00 |
Italie |
-73.605,00 |
Source : Alessandro Gasparotti, Matthias Kullas, op.cit.
Appréhendées en données per capita, les chiffres de l’étude du CEP présentent une perspective quelque peu différente des gains et pertes réalisés par les différentes économies nationales en Europe durant la période concernée. On voit que les gains par habitant de l’Allemagne et des Pays-Bas sont similaires en se situant entre 21.000 et 23.000 euros par habitant entre 1999 et 2017. Les gains enregistrés par la Grèce apparaissent beaucoup plus modestes avec 190 euros per capita sur une vingtaine d’années. Ce contraste avec les données présentées au tableau précédent introduit un précieux contrepoint en ce qui concerne le cas d’espèce de la République hellénique. Les gains tel que calculés par le CEP s’avèrent particulièrement modestes pour les citoyens grecs (190 euros par habitant de 1999 à 2017). Le changement de perspective introduit par le passage à une présentation des données par habitant est également particulièrement utile pour le cas belge puisque notre pays accuse une perte de revenu per capita de plus de 6.300 euros par habitant contre 5.000 en Espagne.
Considérations d’ordre méthodologique
Au total, les chiffres surprenants de l’étude du CEP témoignent d’un enrichissement, suite à l’introduction de l’euro, des économies allemande, néerlandaise et … grecque. Vu l’état de l’économie grecque aujourd’hui, nous sommes en présence d’un paradoxe pour le mojns surprenant, pour ne pas dire saisissant. Ce n’est pas la seule bizarrerie de ce classement. Estimer, par exemple, que l’Espagne a moins souffert, suite à l’introduction de l’euro, que la Belgique constitue une hypothèse très forte. Pour faire le point sur ces conclusions interpellantes, nous devons impérativement chercher à faire le point sur la méthodologie utilisée par ce travail de recherche.
Le postulat de départ du CEP est que la création de la monnaie unique européenne a, et c’est indéniable puisque c’est le principe-même d’une monnaie unique, empêché d’avoir recours à des décisions nationales de dévaluation monétaire afin de retrouver de la compétitivité face à l’Allemagne. Pour produire son étude, le CEP a utilisé la méthode dite « de contrôle synthétique ». Cette dernière consiste à comparer chacun des pays considérés de la zone euro avec un panel de pays situés en dehors de la zone euro et censés présenter des caractéristiques économiques similaires. La sélection des pays hors zone euro s’est effectuée en fonction exclusivement de leur taux de croissance.
Cette méthode strictement quantitativiste pose question puisqu’elle revient in fine à oblitérer les spécificités productives des pays étudiés pour ne plus centrer le propos que sur des données de nature purement statistiques. C’est ainsi que parmi les pays hors zone euro supposés rendre compte de l’évolution de la France si cette dernière n’avait pas adopté la monnaie unique, on retrouve, en premier lieu, l’Australie. On a peine à voir les caractéristiques communes d’un point de vue socioproductif entre la France et l’Australie. Le commerce extérieur de Canberra était, en 2017, composé à plus de 90% de matières premières destinées principalement aux grandes nations asiatiques industrialisés ou en voie d’industrialisation (Chine, Japon, Corée du Sud et Inde avec respectivement 35%, 14%, 7,1% et 6,1% des exportations australiennes). Si on remonte à l’année 1999, on retrouve les mêmes spécialisations productives. A cette époque, on retrouve en tête des exportations australiennes les briquettes de charbon (13% du volume des exportations du pays), l’aluminium (4% des exportations), l’or (3,3%), le pétrole brut (3%) et la laine (2,6%). A cette époque, c’est le Japon qui était le premier partenaire commercial de l’Australie et absorbait 24% des exportations du pays[2].
Nous verrons, par la suite, que la montée de la Chine dans l’économie mondiale est une donnée fondamentale et, à ce titre, mobilisable pour presque tous les pays que nous passerons en revue. Pour l’heure, bornons-nous à établir des comparaisons, du point de vue du commerce extérieur, entre la France et l’Australie. En 2017, les exportations françaises étaient à plus de 90% des produits manufacturés. Son premier partenaire commercial était, à cette époque, l’Allemagne (13% des exportations françaises)[3]. Plus globalement, les principaux partenaires commerciaux de la France étaient, l’année dernière, des pays européens (environ 76% des exportations françaises[4]). Pour l’année 1999, on peut formuler les mêmes constats tant en ce qui concerne les partenaires commerciaux que les produits phares du pays à l’exportation. Pour ce qui est de la Chine, on note une importance croissante du géant chinois dans le commerce extérieur français (4,3% des exportations françaises en 2017 contre 1,2% en 1999).
La comparaison avec l’Allemagne peut s’avérer instructive. La patrie de Goethe avait, en 2017, pour principaux partenaires commerciaux la France, les Etats-Unis et le Chine qui représentaient, respectivement, 8,8%, 8,1 et 6,3% des exportations allemandes. Donc sur le podium des exportations allemandes, on retrouve la France, un pays de l’Union européenne, fermement talonné par les Etats-Unis et la Chine.
Couple franco-italien versus Allemagne
C’est là un signe de forte ouverture de l’Allemagne sur le monde. Plus globalement, l’Union européenne ne comptait plus, en 2013, que pour 56,96 % des exportations allemandes avec l’extérieur contre 65,20% en 2003. Ces chiffres traduisent « une tendance à la baisse malgré l’ouverture aux pays d’Europe centrale »[5]. En 2013, la part occupée par le Japon et les Etats-Unis dans les exportations de l’Allemagne était de l’ordre de 7,59% (10% en 1993)[6]. En revanche, la part des émergents et du Sud n’a cessé de croître dans les exportations allemandes.
On remarquera également que « le « succès » allemand repose essentiellement sur 2 grandes branches : la machine-outil et l’automobile. L’équipement électrique se positionne également bien »[7]. Examinons donc les évolutions comparées de ces différents articles d’exportation pour les trois grands pays industrialisés de la zone euro, à savoir l’Allemagne, la France et l’Italie. Commençons par l’automobile. Afin d’avoir une vue la plus complète possible des évolutions dans ce secteur, on a eu recours à une base de données plus sophistiquée, en l’occurrence, celle du Centre du commerce international (CCI, ou International Trade Centre, ITC), l’agence commune à l’Organisation mondiale du commerce et de l'Organisation des Nations unies. Ce choix a permis d’additionner les exportations de véhicules à celles des pièces automobiles de façon à disposer des données les plus précises possibles.
On s’aperçoit qu’en 2018, les exportations de voitures et de pièces automobiles de l’Allemagne vers le monde se chiffraient à 263,734milliards de dollars. Dans le même secteur, les exportations françaises et italiennes s’élevaient respectivement, cette année-là, à 56,503 milliards et 45,02 milliards de dollars. L’année dernière, les exportations françaises et italiennes représentaient donc 23,87% et 17,07% de celles de l’Allemagne dans ce secteur. Avant l’adoption de l’euro, les chiffres étaient les suivants. En 2001, l’Allemagne avait exporté pour 99,6 milliards de dollars de voitures dans le monde contre 37,9 pour la France et 19,84 milliards dans le chef de l’Italie. En proportions, les exportations françaises et italiennes, dans le secteur, représentaient 38,05% et 20% de celles de l’Allemagne. La chute est légère dans le chef de l’Italie mais importante pour ce qui est du cas français. Dès 2001-2002, l’entrée dans la zone euro a désavantagé les exportations automobiles françaises et, dans une moindre mesure, italiennes. L’adoption de l’euro s’est traduite pour les producteurs français et italiens par l’adoption d’une monnaie au cours de change plus élevé que le franc ou la lire alors que l’opération représentait une dévaluation par rapport au deutsche mark dans le chef des producteurs allemands. Le prix relatif des productions automobiles allemandes, connues pour leur robustesse et leur fiabilité, est devenu plus intéressant que celui des voitures françaises et italiennes.
De manière plus globale, on peut voir qu’avant l’introduction de l’euro, les exportations allemandes affichaient un total de 571,4 milliards de dollars en 2001 contre 289 milliards pour la France (50,6% des exportations allemandes) et 244,5 milliards pour l’Italie (42,7% des exportations allemandes). En 2018, l’Allemagne a exporté pour 1.557 milliards de dollars contre 568,49 milliards pour la France (36,5% des exportations allemandes) et 546,9 milliards dans le cas de l’Italie (soit 35,13% des exportations allemandes)[8]. Ces chiffres traduisent, d’évidence, une perte de force de frappe des exportations françaises et italiennes. Il faut corréler cette dernière au renchérissement des exportations françaises et italiennes sans lien avec une augmentation de valeur ajoutée qui eût justifié une telle modification des prix relatifs face aux productions allemandes. Dès lors, la France et l’Italie ont été bloquées dans leur accès aux nouveaux marchés émergents, suite à l’adoption de la zone euro. C’est par cette médiatisation, c’est-à-dire l’accès à de nouveaux marchés et de nouveaux consommateurs chez les émergents, que l’on peut établir un lien concret et matériel entre l’adoption de l’euro et la perte de prospérité pour ces deux pays. Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. Il nous reste à expliquer, si la chose est toutefois possible, en quoi l’euro a apporté un (modeste) surcroît de prospérité à l’économie grecque.
Désindustrialisation et financiarisation
Nous avons identifié un effet potentiellement désindustrialisant de l’adoption de l’euro. Nous allons vérifier que cet effet s’est doublé d’une action de nature « financiarisante » sur certaines économies du continent. Plus précisément, il s’agit du Portugal, de la Grèce et de l’Espagne.
Dans la lignée de l’économiste américain Robert Solow, on peut tenir qu’un excès de capital par rapport aux besoins d’investissement d’une économie donnée constitue un phénomène potentiellement toxique. « Une des règles de base de l’économie politique est que le taux d’épargne doit être en équilibre avec ce besoin en capital pour faire tourner l’économie. Depuis que la finance a pris le contrôle de l’économie, ce n’est plus le cas. Il y a trop d’épargne aujourd’hui, dans tous les pays développés. La crise de l’euro en est la preuve. Les banques européennes, surtout en Allemagne et en France, avaient plus d’argent déposé que ce dont leurs économies avaient besoin »[9]. Cet excès d’épargne s’est traduit par un flux de prêts à destination de l’Espagne, de la Grèce, du Portugal et, dans une moindre mesure, de l’Italie.
Le cas espagnol est particulièrement emblématique de ce point de vue. Pour le démontrer, nous allons scruter l’évolution de la balance courante de ce pays. Pour rappel, la balance courante renseigne sur les flux monétaires d'un pays résultant de ses échanges avec l’extérieur. Si le solde de la balance courante est négatif, le pays investit et consomme davantage qu’il ne produit de richesses.
Cette dernière présentait un léger déficit en moyenne, à hauteur de 1,79% du PIB pour la décennie des années 1990.
1990 |
-3,46 |
1991 |
-3,53 |
1992 |
-3,52 |
1993 |
-1,14 |
1994 |
-1,24 |
1995 |
-0,33 |
1996 |
-0,36 |
1997 |
-0,14 |
1998 |
-1,21 |
1999 |
-2,93 |
Moyenne |
-1,79 |
Source : Banque Mondiale, mai 2019.
L’Espagne vit donc modérément au-dessus de ses moyens durant les années 1990. Cette situation n’avait rien d’irrémédiable ni de profondément inquiétant. Par la suite, l’adoption de l’euro va donner lieu à un approfondissement spectaculaire de ce déficit.
2001 |
-3,95 |
2002 |
-3,24 |
2003 |
-3,5 |
2004 |
-5,25 |
2005 |
-7,38 |
2006 |
-9,01 |
2007 |
-10,07 |
2008 |
-9,61 |
Moyenne |
-6,5 |
Source : Banque Mondiale, avril 2019.
De 2001 à 2008, le déficit de la balance courante de l’Espagne est supérieur à 6,5% du PIB en moyenne. C’est, à peu de choses près, quatre fois plus qu’au cours de la décennie précédente. Le déséquilibre vis-à-vis de l’extérieur va durer jusqu’au moment où la crise de 2007-2008 contraint les banques à couper le robinet du crédit à destination de l’Espagne. Faute de flux financiers en provenance de l’extérieur, le pays va connaître une vigoureuse politique d’austérité. Au prix de dramatiques sacrifices sociaux, l’Espagne enregistre, d’ailleurs, une balance courante positive depuis 2012.
On s’interrogera sur la destination en termes sectoriels de ces capitaux à destination de l’Espagne. Ils ont principalement alimenté une bulle spéculative dans l’immobilier. Après la crise de 2008, l’immobilier espagnol a littéralement implosé. Ce qui a, comme chacun le sait, plongé le pays dans une profonde crise économique. Bref, des capitaux sont entrés dans le pays et ont servi à financer la construction au détriment d’autres branches industrielles au moment où ces dernières subissaient de plein fouet les effets en retour de leur appréciation relative face aux produits allemands suite à l’adoption de l’euro. Dans le cas espagnol, les effets très relatifs car très fictifs, comme on le verra par la suite quand on abordera le cas grec, d’enrichissement résultant d’une entrée de capitaux extérieurs ont été intégralement annulés par l’effet de désindustrialisation qui a suivi l’entrée dans l’eurozone et l’explosion de la bulle immobilière.
Nous tenons ici un début d’explication permettant de poser une hypothèse quant au supposé enrichissement de 190 euros par habitant de la Grèce suite à l’adoption de l’euro. Il faut, pour cela, comparer l’impact de l’entrée dans la zone euro en termes de désindustrialisation avec l’effet d’enrichissement fictif résultant de l’entrée de capitaux étrangers. Pour cela, on se référera à la part qu’occupent les industries manufacturières par rapport au PIB au Portugal et en Grèce. Entre 2001 et 2008, la part occupée par l’industrie manufacturière au Portugal par rapport au PIB est passée de 15% à 11% du PIB. Pendant ce temps, la part des industries manufacturières en Grèce a fait un quasi surplace en passant de 9,5 à 8,5%[10]. De surcroît, l’impact de la crise au Portugal a été supérieur à ce qui a existé en Espagne en raison de l’absence d’une activité immobilière débridée dans le pays depuis le début des années 2000. Cela signifie que la perte de richesse, due à la désindustrialisation, n’a pas été comblée, durant ces années, par le dynamisme spéculatif du secteur immobilier. Voilà pourquoi la prospérité portugaise a été plus durement impactée qu’en Espagne.
Le niveau d’industrialisation de la Grèce était, en revanche, si bas qu’elle ne pouvait guère souffrir d’un effet d’appréciation dû à l’adoption de l’euro. Par conséquent, le financement du déficit de la balance courante peut, dans ces conditions, passer pour un enrichissement.
Le niveau d’industrialisation de la Grèce était si bas qu’elle ne pouvait guère souffrir d’un effet d’appréciation dû à l’adoption de l’euro. Par conséquent, le financement du déficit de la balance courante peut, dans ces conditions, passer pour un enrichissement. Pour le dire familièrement, de l’argent est entré dans les caisses de la Grèce et l’industrie ne pouvait pas tomber à un point plus bas qu’elle n’était déjà avant l’adoption de la zone euro. Cet enrichissement est, cependant, complètement factice. Il procède d’un épisode de fort endettement (en 2008, le déficit de la balance courante grecque équivalait à près de 15% du PIB) suivi d’une restructuration. Cette dernière a donné lieu à une diminution des montants à rembourser de l’ordre de 107 milliards d’euros mais l’austérité qui a suivi a atomisé le PIB grec et a, par la suite, contribué à augmenter le poids relatif de la dette. C’est au prix de nombreux oublis de ce type, mais complètement inhérents à une méthode d’évaluation strictement statistique, que l’on peut estimer que la Grèce s’est (légèrement) enrichie depuis 2001.
Après avoir posé une tentative d’explication du drame des pays du sud de l’Euroland, il nous reste à comprendre comment il est possible d’estimer que la Belgique a davantage souffert que l’Espagne depuis l’adoption de la zone euro. S’agit-il d’une tendance réelle telle que la désindustrialisation des pays du sud de la zone euro ou d’une illusion d’optique comme l’affirmation d’un enrichissement de la Grèce depuis l’adoption de l’euro ?
Belgique : Nouvelle Zélande du nord ?
La trajectoire comparée de la Belgique a été appréhendée en relation avec 4 pays. Chacun de ces derniers a fait l’objet d’une pondération. Le tableau qui suit reprend ces comparaisons et ces pondérations.
PAYS |
PONDERATION |
Royaume-Uni |
55,30% |
Danemark |
27% |
Nouvelle-Zélande |
13,40% |
Japon |
4,30% |
Source : Alessandro Gasparotti, Matthias Kullas, Centre for European Policy, L´euro a 20 ans : qui sont les perdants ? qui sont les gagnants ? Une étude empirique, Fribourg, mars 2019.
La trajectoire de la Belgique serait donc, d’après le CEP, comparable à 55,3% à celle du Royaume-Uni et à 27% similaire à celle du Danemark. De manière plus surprenante, les évolutions de la croissance en Belgique seraient, toujours d’après le CEP, comparables à raison de 13,40% à celle de la Nouvelle-Zélande et pour 4,30% à celle du Japon.
Il faut, à présent, examiner dans quelle mesure ces comparaisons tiennent (ou non) la route. Commençons par les références les plus exotiques, à savoir le Japon (4,3%) et la Nouvelle-Zélande (13,40%). Cette position importante accordée à ce pays des antipodes ne finit pas de laisser rêveur. Une volonté de réalisme des hypothèses nous amène à constater que 75% des exportations de la Nouvelle-Zélande est composée de matières premières. Pour l’anecdote, le deuxième poste d’exportations de la Nouvelle-Zélande, en 2017, était le fait des viandes caprine et ovine[11].
On ne trouve évidemment rien de comparable pour la Belgique. En 2018, le premier poste d’exportation du pays était les véhicules à moteur et leurs composantes (51,8 milliards de dollars). On s’aperçoit de l’importance de la filière chimie en Belgique puisqu’en agglomérant les produits pharmaceutiques, les combustibles, les produits chimiques organiques et les matières plastiques, on obtient un total de plus de 162 milliards de dollars, soit 34% des exportations du pays.
Pour les produits pharmaceutiques, le top 5 mondial est le suivant.
Exportations de produits pharmaceutiques (2018) en milliards de dollars |
601 |
Allemagne |
96,8 |
Suisse |
75,2 |
Irlande |
53,5 |
USA |
48,4 |
Belgique |
47,6 |
Source : ITC Trade Map, mai 2019
L’Allemagne est le premier exportateur mondial de médicaments avec des ventes à l’étranger pour 96,8 milliards de dollars. La Belgique se situe en 5ème position avec des exportations mondiale en 2018 pour 47,6 milliards de dollars. Les ventes de la Belgique représentaient donc, en 2018, 49% de celles de l’Allemagne.
Où en était donc la Belgique, dans ce secteur, par rapport à l’Allemagne en 2001 avant l’adoption de l’euro ? Les ventes à l’exportation de la Belgique représentaient à l’époque 52% de celles de l’Allemagne. On ne peut guère affirmer que l’introduction de la monnaie unique a profondément désavantagé la Belgique par rapport à l’Allemagne.
Depuis 2001, on note l’évolution suivante dans le secteur des médicaments. L’Irlande représentait un volume d’exportations de 75 milliards d’euros en 2018 contre 10,8 milliards de dollars en 2001. En 2018, l’Irlande a donc déclassé la Belgique. De surcroît, la Suisse a approfondi son différentiel avec la Belgique. En 2001, les exportations belges de médicaments représentaient 80,7% de celles de la Suisse. En 2018, cette proportion était passée à 63,3%. Qu’en penser ? L’Irlande est membre du club de l’euro. Ce pays ne peut avoir connu une progression de ses exportations en raison d’un phénomène de dépréciation monétaire. Pour ce qui est de la Suisse, les données sont encore plus en décalage avec les perspectives de l’étude dressée par le CEP. En effet, le franc suisse s’est beaucoup apprécié face à l’euro depuis la création de ce dernier.
En 2003, la devise helvète tournait autour de 0,63-0,64 euros. Ce niveau de change allait perdurer jusqu’en 2009. A cette époque, le franc suisse terminait l’année à 0,68 euros. Il allait continuer sur cette lancée au cours des cinq années qui ont suivi tant et si bien qu’à la fin de l’été 2013, le franc suisse valait 0,83 euros, soit une progression en dix ans de près de 32%. Nous n’étions qu’au début de l’ascension. Au début de l’année 2015, la monnaie de la confédération helvétique culminait à 0,96 euros. Un mouvement de baisse, tout relatif, est alors à signaler. Depuis mars 2018, la devise suisse s’est stabilisée aux alentours de 0,87-0,88 euros.
La perte de parts de marché à l’exportation face à la Suisse ne s’expliquant pas par des raisons monétaires, il reste à chercher ailleurs. L’économie belge ne se caractérise par l’existence de champions (multi)nationaux, comme c’est le cas de la Suisse. L’éloignement des centres de décision industriels de la Belgique constitue peut-être une hypothèse à creuser afin d’expliquer cette perte de compétitivité du secteur pharmaceutique belge. Quant au retard pris face à l’Irlande, il serait intéressant de pointer un facteur d’ordre davantage juridico-institutionnel qu’économique, à savoir l’optimisation fiscale dans le cadre des prix de transfert. Le prix de transfert renvoie à « un terme général pour l’établissement de prix des transactions transfrontalières, intra-firmes entre les parties liées. Le prix de transfert désigne l’établissement de prix pour les transactions entre entreprises associées, qui impliquent un transfert de biens ou de services »[12]. Il va de soi, dans une certaine logique de maximisation des profits, que le but du prix de transfert consiste à vendre à bon marché d’un site de production se situant dans un pays à fiscalité élevée vers un autre site dans un pays où la fiscalité est plus clémente. C’est de là que l’on vendra et facturera les produits au prix le plus élevé possible. C’est ainsi que « les prix de transfert sont significativement plus bas que les prix de marché uniquement pour les transactions vers les pays ayant des taux d’imposition très bas. Notre analyse montre que l’essentiel de l’optimisation fiscale est opérée vers quelques paradis fiscaux tels que Hong Kong, l’Irlande, le Luxembourg, Singapour ou la Suisse ».[13]
Le deuxième poste d’exportation de l’économie belge au sein du sous-ensemble de la chimie est formé par les combustibles minéraux, huiles minérales et produits de leur distillation, matières bitumineuses et cires minérales. En clair, il s’agit de la pétrochimie. Pour ce secteur, les données relatives aux exportations belges en lien avec l’euro sont particulièrement claires. La Belgique est, hors Russie, le troisième pays européen actif dans les exportations du secteur, derrière les Pays-Bas (numéro un) et la Norvège (numéro deux). On peut comparer, pour la trajectoire 2001-2018, les évolutions de ces trois pays en ce qui concerne les exportations en matière de pétrochimie. On voit que les Pays-Bas exportaient pour 13,38 milliards de dollars en 2001 contre 97,33 milliards en 2018. Il s’agit là d’une multiplication par 7 des exportations néerlandaises. La Norvège, de son côté, a plus que doublé ses exportations. Au cours de la même période, la Belgique a multiplié par cinq ses exportations pétrochimiques. La force de l’euro n’a, d’évidence, guère pesé sur le dynamisme des secteurs pétrochimiques néerlandais et belge.
On s’aperçoit que, dans le secteur pétrochimique, la Belgique est le premier client des Pays-Bas et l’inverse est également vrai. En 2001, la Belgique importait pour 8,77 milliards de produits pétrochimiques contre des exportations de 1,5 milliard en direction de notre voisin batave. A l’époque, nous importions 5,85 fois plus des Pays-Bas que nous n’exportions vers ce pays. En 2018, cette dépendance a considérablement diminué puisque la Belgique importait 2,7 fois plus qu’elle n’exportait dans ce segment de son commerce avec les Pays-Bas. On peut difficilement dire que la Belgique a souffert de l’adoption de l’euro dans ce compartiment précis de ses exportations.
En ce qui concerne les produits chimiques organiques, la position de la Belgique s’est considérablement raffermie depuis le tournant du passage à l’euro. En 2001, la Belgique était classée derrière les Etats-Unis, le Japon, l’Irlande et l’Allemagne. On constate que pour cette catégorie de produit, la Belgique a déclassé l’Allemagne. Cette dernière exportait, en 2001, pour 13 milliards de dollars de produits issus de la chimie organique contre 10 milliards pour la Belgique. En 2018, les exportations belges dans le domaine se chiffraient à 37,68 milliards de dollars contre 26 milliards pour l’Allemagne. Face aux Etats-Unis, dont la devise s’est dépréciée face à l’Euro depuis 2002, la Belgique a gagné des parts de marché. Là encore, on note une insensibilité des exportations belges à l’appréciation de l’euro.
Il reste à examiner les matières plastiques pour lesquelles la Belgique est la septième exportatrice dans le monde. De ce point de vue, il faut signaler un différentiel par rapport à l’Allemagne en ce qui concerne la croissance des exportations. On la constate pour tous les grands producteurs européens, à l’exception des Pays-Bas comme le prouve le tableau suivant.
Pays |
Exportations de matières plastiques en 2001 (milliards de dollars) |
Exportations de matières plastiques en 2018 (milliards de dollars) |
Différentiel (exportations 2018/ exportations 2001) |
Allemagne |
14,56 |
49,04 |
3,39 |
France |
10,71 |
25,97 |
2,42 |
Italie |
8,59 |
22,09 |
2,57 |
Belgique |
8,04 |
19,85 |
2,46 |
Pays-Bas |
4,88 |
17,77 |
3,64 |
Source : ITC Trade Map, Produit : 39 Matières plastiques et ouvrages en ces matières, février 2019.
La France, l’Italie et la Belgique ont connu une croissance de leurs exportations de matières plastiques inférieure à celle de l’Allemagne. En revanche, les Pays-Bas ont connu une progression de leurs exportations légèrement supérieure à celle de l’Allemagne. Il se pourrait que l’on retrouve, pour les autres pays comparés à l’Allemagne, un phénomène d’attraction pour la qualité allemande en raison d’un renchérissement de l’euro. Si tel était le cas, l’économie belge a perdu, entre 2001 et 2018, 7,4 milliards d’euros.
Pour avoir une vue d’ensemble de l’impact du passage à l’euro sur les exportations belges, il faut également tenir compte des évolutions caractérisant le secteur automobile au sens large, c’est-à-dire en intégrant la fabrication de composantes intervenant dans la construction des véhicules à moteur. On repère une croissance de 85% des exportations belges dans le domaine alors que les exportations allemandes, pour ce secteur, ont été multipliées par 2,7. On doit discuter du fait d’imputer ce différentiel de croissance à la seule envolée de l’euro qui aurait empêché aux exportations belges de croître. Les profondes restructurations qui ont marqué le secteur automobile en Belgique ne sont évidemment pas étrangères à cet état de choses. En effet, la production automobile belge est passée de 9% à 3% de la production automobile européenne entre 1995 et 2015[14]. Le mouvement de déclin de la production est antérieur à l’adoption de l’euro. Il se double d’une course au moins-disant social. « Les processus de restructuration dans les pays développés (UE15, États-Unis et Canada) sont en très large partie la conséquence des délocalisations de la production automobile vers, respectivement, les PECO [Pays d’Europe Centrale et Orientale] et le Mexique. Si l’ampleur et la nature des deux processus de restructuration ont différé dans les années 2000, avec notamment un nombre beaucoup plus important d’emplois perdus aux États-Unis, nous avons vu qu’ils ont plutôt convergé dans la période suivante. Parmi les points en commun nous avons souligné en particulier : le diagnostic de la crise en termes de surcapacités, un déplacement durable (…) de la production automobile vers le sud, en Amérique du Nord, et vers l’est, en Europe, et un alignement des relations d’emploi vers le bas (destruction importante d’emplois, réduction ou stagnation des salaires réels ».[15]
La Belgique a, d’ailleurs, été touchée très tôt par ce processus. La fermeture de Renault Vilvoorde en 1997 est considérée par les spécialistes comme un moment d’inflexion vers une profonde redéfinition des relations industrielles au sein du secteur automobile européen. L’usine de Vilvoorde a mis la clé sous le paillasson non pas en raison de mauvaises performances mais à cause de sa « taille », de sa « situation » et, surtout, de ses « coûts de production plus élevés que le site de Douai » dans le nord de la France[16]. On voit là bien peu de relations avec l’avènement de la monnaie unique européenne.
Au terme de cet examen un peu aride, il est possible d’affirmer qu’entre 2001 et 2017, la prospérité de l’économie belge a souffert principalement du dumping fiscal et social d’autres pays membres de l’Union européenne. Cette donnée préexistait à la naissance de l’euro et constitue le moteur des restructurations dans le secteur automobile, par exemple. Dans d’autres secteurs, spécialement au sein de la branche « chimie », on note un dynamisme certain en dépit de salaires élevés. Cette progression des exportations aurait sans doute été supérieure si la Belgique avait compté des centres de décision en lien avec l’orientation des investissements. De surcroît, l’économie belge se caractérise par une forte dépendance à l’égard du marché intérieur européen vers lequel sont destinées 75% de ses exportations[17]. Cette donnée signifie que l’appréciation de l’euro n’impacte que marginalement les exportations belges.
Il va également de soi que l’austérité qui, après la crise de 2007-2008, a frigorifié l’Europe n’a pas fait du bien à la Belgique. Pour une petite économie ouverte comme la nôtre, le fait que l’économie européenne n’ait pas encore complètement retrouvé, àl’heure où ces lignes étaient écrites (mai 2019), son niveau de 2008 représente une perte de clients potentiels pour l’économie belge. L’importante concentration des exportations belges vers le reste de l’Europe doit, cependant, être examinée avec circonspection. La Belgique est, en effet, un pays de transformation. Il en résulte, par conséquent, un phénomène d’exportations indirectes. Ces dernières, et c’est typiquement le cas des exportations de composantes automobiles, consistent en l’exportation de produits semi-finis depuis la Belgique vers des clients européens. Ces produits entrent dans la fabrication de productions à plus haute valeur ajoutée et sont ensuite réexportés vers des marchés non européens. La Belgique est donc un gros sous-traitant pour toute l’Europe, avec les pertes de valeur ajoutée que cela peut entraîner. Le fait de ne pas disposer de grands champions nationaux explique, sans aucun doute, cet état de choses. Enfin, il faut tenir compte d’un élément plus récent, à savoir la politique de modération salariale imposée par la coalition MR-NVA.
Cette dernière s’est traduite de la manière suivante. Sur la période 2014-2018, le taux de croissance de la consommation des particuliers en Belgique a diminué et a été inférieur à celui de nos voisins. En effet, l'Allemagne et les Pays-Bas affichaient un taux se situant aux alentours de1,5%. Par contre, la croissance de la consommation en Belgique a été inférieure à un pourcent durant cette période. Le décalage porte essentiellement sur les produits non essentiels comme les vacances ou les restaurants ainsi que les biens durables (voitures, équipement électroménager). Cette situation s’explique par la croissance des revenus disponibles en Belgique (+1,3%) inférieure à celle de nos voisins (+1,5% aux Pays-Bas et 2,4% en Allemagne)[18].
En définitive, rien à voir là encore avec le passage à l’euro, contrairement aux dures épreuves qu’a traversées l’Etat espagnol…
[1] Walter Eucken cité dans "L’ordolibéralisme allemand, cage de fer pour le Vieux continent", de François Denord, Rachel Knaebel et Pierre Rimbert, Le Monde diplomatique août 2015.
[2] The Observatory of Economic Complexity, avril 2019.
[3] The Observatory of Economic Complexity, mai 2019.
[4] Aperçu du commerce extérieur de la France, Données 2016, CHELEM (Comptes Harmonisés sur les Echanges et L'Economie Mondiale)-CEPII (Centre d’études prospectives et d'informations internationales), février 2019.
[5] Hans Brodersen, Vers le grand large ? Le commerce extérieur allemand entre l’UE et les BRICS, Note du Cerfa 117, Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), Institut français des relations internationales (Ifri), Paris, novembre 2014, p.38.
[6] Hans Brodersen, op.cit., p.10.
[7] Hans Brodersen, op.cit, p.24.
[8] ITC, Trade Map, mai 2019.
[9] L’Echo, opinion de Bo Dahlqvist, Six problèmes économiques à corriger, 3 mai 2019.
[10] Banque Mondiale, mars 2019.
[11] The Observatory of Economic Complexity, février 2019.
[12] ONU, Practical manual on transfert pricing for developing countries, 2017.
[13] Farid Toubal, Ronald B. Davies, Julien Martin, Mathieu Parenti, Prix de transfert et optimisation fiscale : le fait d’un faible nombre d’entreprises multinationales dans les paradis fiscaux, CEPII, décembre 2014.
[14] Tommaso Pardi, L’avenir du travail dans le secteur automobile, Rapport OIT, 26 avril 2017, p.58.
[15] Tommaso Pardi, op.cit, p.102.
[16] Elsie Charron. Making Renault for Europe : Workers from Renault’s plants outside France », in Elsie Charron et Paul Stewart, Work and employment relations in the automobile industry, Palgrave McMillan, Londres, 2004, p.234.
[17] The Observatory of Economic Complexity, décembre 2018. Calculs propres.
[18] Le Soir, édition du 10 mai 2019. Cet article du Soir dévoile les conclusions d’une étude de la Banque Nationale de Belgique (BNB) qui est arrivée par la bande au quotidien vespéral. Lorsqu’elle sera publiée in extenso par la BNB, elle sera analysée dans un article consacré à l’économie belge après les élections de mai 2019.
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