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Accueil du site > Actualités > Economie > Faut-il imiter les riches ?

Faut-il imiter les riches ?

Au préalable, que faut-il entendre par riche ?

On est très riche avec 1 million de $ d’actifs disponibles immédiatement (sans compter les biens mobiliers : tableaux, chevaux, meubles anciens… ou immobiliers : résidences principales, secondaires, manoirs, avions, yachts…). Au total, dans le monde, ils étaient 10 millions en 2007. En France, ils seraient environ 0,7 million aujourd’hui.

Les supers riches eux, disposent d’au moins 30 millions de $ disponibles. Ils étaient 100 000 en 2007.

Les ultras riches sont au moins milliardaires. Ils étaient presque 1000 en 2007 et possédaient ensemble 3 500 milliards de $, soit environ le tiers du PIB de l’Union Européenne. (Rapports mondiaux sur la richesse de Merrill Lynch et revue Forbes).

Plus de la moitié de tous ces riches se trouvent aux Etats-Unis, en Allemagne et au Japon.

En quoi peuvent-ils servir ?

On dit qu’ils sont utiles. D’une certaine façon c’est exact car, leur train de vie dans leurs somptueuses résidences, leur présence dans les palaces, leurs voyages et leurs loisirs, nécessitent de nombreux employés. En outre, ils participent aux activités économiques, grâce aux flux financiers qu’ils peuvent injecter dans les entreprises. Ces aspects, plutôt positifs, ne sont pas sans inconvénients. Qu’on en juge !...

I - Profits maximum et destructions massives.

La financiarisation, sans contrôle, de l’activité économique planétaire, provoque un immense gâchis social et écologique par les délocalisations, massives et brutales, d’activités de toutes natures, recherchant le maximum de profits immédiat, en réduisant toujours plus la part revenant aux salaires, détruisant les économies vivrières et les ressources de la planète. Même en France cette part des salaires, relativement aux dividendes versés, à été réduite de 10% en quinze ans. Mais c’est pire aux Etats Unis. Et voilà pourquoi, dans ce pays, la consommation et l’investissement des ménages ont été développés, grâce au crédit débridé, par le système économico-politique, des banques et des ultras libéraux, pour aboutir finalement au fiasco financier mondial de 2008. Et le comble, non seulement les citoyens ont subi pendant des années, l’augmentation du chômage et la pression constante sur les revenus du travail, mais en plus, ils devront encore rembourser les gigantesques nouvelles dettes, accumulées pour sauver le système bancaire mondial. Mais attention, les riches eux s’en tirent admirablement, car malgré la perte moyenne de 20 % de leurs pactoles entre 2008 et 2009, les prévisions étant heureusement très favorables, ils auront récupéré leurs avoirs dès 2011 (avec des gains supérieurs à 10 % par an en moyenne). Evidemment, ce n’est pas le cas des petits épargnants qui ont tout perdu, ni bien entendu, des salariés qui ont perdu leur emploi dans cette crise.

II - La mode et l’obsolescence.

Mais, il y a un autre phénomène pernicieux de cette société de surconsommation, qu’on nous impose : c’est l’accélération sans fin de l’effet de mode et de l’obsolescence ! Les clients solvables n’étant pas suffisamment nombreux, et leurs désirs finissant par être satisfaits, cela ralentit la machine économique qui actionne la pompe à fric des nantis. Alors il faut créer de nouveaux besoins, grâce à la pub et aux médias que l’on va instrumentaliser en les achetant, au supermarché mondial des bourses capitalistes, avec les sommes fabuleuses des profits des dernières décennies. Et l’on fera intervenir des politiques, en les achetant, eux aussi, par l’intermédiaire du lobbying et des contributions politiques, (soit par exemple, 5000 milliards de $ des banques américaines, au cours de la décennie 1998-2008, dépensés pour obtenir la dérèglementation du système bancaire (selon Susan Georges, Présidente d’ATTAC, dans son dernier ouvrage : Leur crise, nos solutions). Et ce bel ensemble médiatico-publiciste, politico-économique et amuseurs publiques, va pouvoir exécuter la nouvelle symphonie de la modernité sur une idée d’Adam Smith : tout pour nous, rien pour les autres, le bonheur est dans la surconsommation ! Enfin, pour accélérer encore la vivacité de l’allégro, on va subrepticement réduire la durée des biens par l’exacerbation de l’effet de mode, les nouveautés éphémères, la fiabilité dégradée, les normes édulcorées, les logiciels obsolètes, les réparations impossibles, les garanties fallacieuses… « La civilisation matérielle étouffe de ses excès, c’est un problème anthropologique » (Jean Pierre Dupuy, Philosophe). Et pendant ce temps là,… que deviennent ceux qui n’ont rien et que l’on exploite toujours plus au travail,… que devient notre terre dont on exploite sans compter les ressources et que l’on détruit avec les rejets et les déchets de toutes sortes ?

III - Croissance des inégalités et santé dégradée.

Enfin, un autre effet pervers, concerne les inégalités, qui croissent de manière affolante comme les profits, et qui génèrent chômage, frustrations, stress, délinquance et maladie. Selon Richard Wilkinson (épidémiologiste auteur de plusieurs études sur les effets sanitaires et sociaux des inégalités), les sociétés et les entreprises inégalitaires induisent une hiérarchisation rigide, génératrice de distinctions et d’exclusion sociale, d’humiliations stressantes, et produisent plus de violences et de maladies, que celles qui sont plus égalitaires et moins hiérarchiques. L’espérance de vie est moindre, la mortalité infantile plus élevée dans ces sociétés. Par exemple, aux Etats-Unis (pays très inégalitaire), les taux de mortalité et de morbidité des Américains blancs sont plus élevés que dans les pays plus égalitaires. A contrario, en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale, on fut stupéfait de constater que la santé de la population s’améliorait, malgré les privations et les bombardements, grâce à la grande cohésion sociale des Anglais. « Les sociétés plus égalitaires fonctionnent presque toujours mieux… notre bien être matériel a de tout temps dépendu de la qualité des rapports sociaux » R Wilkinson.

IV - Mais où va la démocratie dans ce maelstrom ?

Hélas, elle semble mal partie avec cette nouvelle internationale de la finance, véritable oligarchie qui accapare progressivement tous les pouvoirs, afin de mettre la planète en coupe réglée (et nous avec), pour satisfaire son insatiable appétit d’argent. La démocratie n’existe pas au plan mondial. On voit bien comment les grands groupes multinationaux s’approprient les richesses du sol et du sous-sol des pays du tiers monde, et comment les banques affament les populations, avec la complicité des organismes internationaux de régulation financière (Susan Georges : Leur crise…) Mais pour ces beaux Messieurs, responsables de la catastrophe financière de 2008, pas de sanctions ; mais au contraire de belles plus values, de mirifiques bonus, retraites et parachutes dorés, pour couronner la crise qui couve toujours.

Sommes-nous sans défense dans cette jungle financière ?

En regardant les effets de la maîtrise de l’économie de la planète, par cette oligarchie du fric, nous sommes saisis d’effroi pour le futur. Comme nous l’avons vu, leur mondialisation détruit des pans entiers de l’économie réelle, provoquant délocalisation, chômage, paupérisation, emballement des activités et destruction des richesses produites, à un rythme de plus en plus rapide, néfastes pour le niveau de vie des populations et catastrophique pour les ressources de la planète et l’environnement. Mais c’est particulièrement profitable pour eux, avec la dîme qu’ils prélèvent, à chaque étape de ce processus en permanente accélération, et qu’ils dissimulent dans les paradis fiscaux. Enfin, l’accroissement sans fin des inégalités, rendra la vie de plus en plus difficile pour tous (sauf pour eux) et quasiment impossible pour les plus démunis, dans des sociétés déstructurées, frôlant le chaos, ou y tombant, mais épargnant peut-être les ghettos de luxe, sécurisés et cloîtrés, où ils se réfugient.

Ainsi, considérant ces sombres perspectives, il n’apparait pas qu’il y ait d’autre solution, il faut détruire ce système et éliminer les tricheurs, c'est-à-dire tous ceux qui ont beaucoup, beaucoup trop d’argent. Et ces aspects ne prennent même pas en compte l’injustice, voire l’obscénité de la très grande richesse, vis-à-vis des pauvres, et particulièrement de ceux qui supportent un véritable esclavage au travail, dans cette machine économique infernale.

Mais, et c’est là un vrai problème, comment faire ? Comment les éliminer, alors qu’ils contrôlent les circuits financiers, les entreprises, les médias, et dictent leurs exigences aux états, à grand renfort de lobbying, de contributions politiques, et de corruption ? Par quels moyens pourrait-on en venir à bout, alors qu’on ne les connait même pas, sauf une minorité ? Y a-t-il seulement un moyen ?

Eh oui, il y a tout de même un moyen. Mais, il n’y a qu’un seul moyen pour arriver à nos fins ; et ce moyen, pacifique, concerne leur argent : c'est l’impôt. Il n’y a que l’impôt et les services fiscaux, qui puissent réduire durablement le contresens économique actuel, si l’on excepte le dérèglement climatique et les catastrophes qui se profilent à l’horizon. C’est d’ailleurs pourquoi tous les chantres du libéralisme effréné, tous les friqués, leurs larbins et leurs thuriféraires (dans un grand élan de démagogie pure), veulent réduire l’impôt à sa plus simple expression, c'est-à-dire à tendre vers zéro, car pour eux, parait-il, l’impôt tuerait la création, l’innovation et nous ramènerait à la préhistoire de l’industrie. Cependant, les Etats-Unis n’ont pas régressés, au contraire, quand le Président Eisenhower a taxé la tranche supérieure des revenus des super-riches à…90 % !... Mais depuis cette période, beaucoup d’eau à coulé sous les ponts de l’East River, et beaucoup, beaucoup d’argent à circulé sous les voutes de Wall Street et de la Maison Blanche car, la tranche maximale est aujourd’hui  à …35 % !!! Et le comble, dans notre France de Liberté Egalité Fraternité, on n’a pas hésité à créer un bouclier fiscal pour les protéger, ces pauvres riches ; ils en avaient bien besoin !... Alors que les plus misérables des français, ceux qui vivent très en dessous du seuil de pauvreté, paient tout de même 19,6 % d’impôt sous forme de TVA.

Mais, direz-vous, n’est-ce pas excessif, 90 % ? Pourquoi aller si loin dans la ponction par l’impôt ? Ne serait-ce pas décourager, vraiment, ceux qui seraient assujettis à une telle contribution ?

Justement non, ce n’est pas excessif, il ne s’agit que de récupérer pour la collectivité, le trop perçu des opérations financières privées. Mais effectivement, cette contribution élevée conduirait à les décourager de continuer la ruine de la planète, et de nous tous qui vivons de ses bienfaits, en ce sens que cela romprait l’âpreté de leur addiction au gain : tout pour nous, toujours plus, faire partie des plus riches, de plus en plus riches. Car il y a une hiérarchie dans cette coterie de l’argent, les milliardaires ne jouent pas avec les petits millionnaires, ils se retrouvent entre eux dans des lieux appropriés, pour leur affaires, leurs loisirs et leurs relations sociales. On se fréquente, on se marie entre gens du même monde. Il y a dans ce phénomène des relents de l’ancien régime, voire d’un certain racisme. C’est pourquoi la ponction fiscale peut, et même doit, atténuer puis éliminer ce fatal dévoiement économique. C’est une vraie cure de désintoxication, à l’addiction de l’argent, qu’il faut pratiquer, comme pour l’alcool ou les drogues. Et nous le savons bien, si un peu de bon vin sublime un bon repas entre amis, à quels excès ne conduit pas l’alcoolisme ?

Mais, que faire des riches ?

C’est justement la question que posent les sociologues Michel et Monique Pinçon en épilogue de leur dernier ouvrage : « Le Président des riches ». Leur réponse est limpide : « Il faut faire des riches notre exemple. Leur puissance est due à leur solidarité. Elle est leur atout essentiel dans cette guerre des classes qu’ils sont en train de gagner. Une solidarité fondée sur la communauté d’intérêts de ceux qui composent la classe, au-delà des concurrences marginales et des rivalités secondaires  ». L’économie, c’est la création de richesses mais aussi le partage des richesses produites. Ainsi, l’économie n’est pas séparable du politique, comme voudraient l’imposer les magnats du CAC 40 et consorts. Malgré tout, restons optimistes car, s’il faut savoir envisager le pire, le pire n’est pas toujours sûr. Alors, après avoir domestiqué la richesse, il sera possible de construire un autre avenir. Et, pendant qu’il nous reste un peu de démocratie, pour une nouvelle nuit du 4 août qui abolira les privilèges et les droits de l’argent : « Aux urnes citoyens, formez la rébellion, votons, votons, pour faire payer, tous ceux qui sont nantis ».

 Bertrand de La Palice

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5 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 20 avril 2012 09:36

    Faut-il imiter les riches ?

    Absolument ! ! !

    « ... il serait souhaitable que les Démunis soient en capacité de mettre en œuvre un mécanisme de création et d’accumulation de capital qui, à terme, leur apporterait des avantages très similaires à ceux dont jouissent les Nantis. ... » « ... Cependant, il convient de souligner que c’est fondamentalement par le mécanisme décrit que « les riches deviennent toujours plus riches ». Dans ce cas, pourquoi ce mécanisme ne ferait-il pas également que « les pauvres deviennent, d’abord, de moins en moins pauvres puis, enfin, de plus en plus riches » ?... »

    Le Dividende Universel.

    Le Parti Capitaliste Français ( PCF ) propose une synthèse socio-économique permettant d’instaurer une authentique compatibilité entre compétitivité et cohésion sociale ; entre compétitivité et solidarité.

    Ce projet de « Dividende Universel » se compose d’un Objectif Principal et de deux Objectifs Spécifiques qui découlent de l’objectif principal.

    Objectif Principal :
    Acquisition Citoyenne & Collective du Pouvoir Économique

    Objectifs Spécifiques :
    I)
    Transformer le « capitalisme ordinaire » en un authentique Capitalisme Écologique, Anthropocentrique, Philanthropique et Équitable.
    II)
    Faire bénéficier chaque citoyen, même mineur, d’un Dividende Universel évolutif qui, de facto, éradiquera définitivement le concept même de chômage.



    • Michel DROUET Michel DROUET 20 avril 2012 12:44

      Les riches ont-ils un sentiment d’immortalité qui les pousse à accumuler des richesses qu’a priori il n’auront jamais le temps de dépenser.

      Ils transmettrons donc leur argent à leur descendance qui perpétuera le système, jusqu’à ce qu’un héritier bouffe tout.

      Je suis pour que l’on limite drastiquement la transmission étant entendu que les fortunes accumulées l’ont été sur le dos des consommateurs citoyens : Ils ont payé trop cher leurs yaourts, leur litre d’essence, leur Kwh d’électricité ou de gaz, leur m3 d’eau ou bien encore les péages d’autoroute.

      Il faut limiter les salaires, les dividendes exorbitants et taxer fortement les revenus spéculatifs.

      Favorisons le départ des exilés fiscaux, après les avoir taxés et retirons leur le droit de vote et leur carte vitale ainsi qu’à ceux qui ont déjà fuit le pays honteusement.

      Adieu aux chanteurs et sportifs « suisses »


      • Ruut Ruut 20 avril 2012 17:14

        La jalousie est un pécher.
        Il ne faut pas envier son voisin mais faire avec ce qui nous es accessible.
        Supprimons la TV pour supprimer les mauvaises références de conssomation.


        • musashi 20 avril 2012 17:57

          Plutôt que la richesse pécuniaire c’est surtout sur les notions de richesse intérieur et de bonheur qu’il fraudrait débattre...


          • Karash 20 avril 2012 22:33

            Je me suis arrêté là : "  On dit qu’ils sont utiles. D’une certaine façon c’est exact car, leur train de vie dans leurs somptueuses résidences, leur présence dans les palaces, leurs voyages et leurs loisirs, nécessitent de nombreux employés. "


            Non, désolé, mais les grouillots de Mme Bétancourt et consorts ne sont pas plus utiles que des prisonniers cassant des cailloux. La consommation n’a jamais été utile à la société. Fin de l’histoire.

            C’est la même arnaque avec les verts ( même si je me définis comme qqun de sensibilisé et actif côté environnement ) qui annoncent 1 millions d’emploi dans l’économie verte. Foutaises. Ce qui compte, c’est la richesse crée, pas l’énergie et les ressources dépensées.

            Je veux une flat taxe, mais pas sur le travail, sur le capital. le capital n’a de légitimité que s’il est productif. Sinon, qu’on laisse à d’autres la chance de faire mieux avec.

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