Fusion Areva/Siemens : quels avantages pour la France ?
Nicolas Sarkozy vient de rendre visite à sa collègue Angela Merkel pour un sommet franco-allemand informel, au cours duquel elle lui aurait demandé de considérer la possibilité de construire un géant européen du nucléaire en fusionnant le français Areva et l’allemand Siemens. Or, il se trouve que depuis quelques mois, Nicolas Sarkozy et son gouvernement travaillaient sur un rapprochement franco-français dans ce domaine entre notre champion national du nucléaire, Areva, qui fabrique les réacteurs nucléaires, Alstom qui est le spécialiste mondial des turboalternateurs qui se montent en serie avec le réacteur pour produire l’électricité et l’un des spécialistes français du génie civil, Bouygues, déjà actionnaire d’Alstom. L’idée étant qu’une telle société disposerait des compétences globales pour pouvoir fournir clés en main une centrale nucléaire, du premier coup de pioche au raccordement au réseau électrique !
Les médias se sont étonnés que notre président ait pu adresser une fin de non recevoir à cette proposition, comme si nous devions considérer toute proposition de nos partenaires allemands comme devant être acceptée naturellement, sans même réfléchir, pour le plus grand bien de l’entente politique franco-allemande.
Or les affaires sont une chose et les accords politiques une autre. L’affaire EADS est un exemple récent de cette confusion des genres qui a poussé nos hommes politiques a, petit à petit, transférer le savoir-faire français dans l’avionique de son territoire d’origine, la France et Toulouse vers l’Allemagne et Hambourg, tout en acceptant un système de direction bicéphale dont on a vu les désastres qu’il pouvait engendrer. Car, en effet, le savoir-faire d’Airbus est le résultat de cinquante ans de développement patient par l’Aérospatiale d’avions à succès, en partant de la Caravelle jusqu’à la gamme des Airbus en passant par le Concorde, plus souvent d’ailleurs en coopération avec les Anglais qu’avec les Allemands.
La constitution d’EADS a sans doute été une bonne affaire pour le groupe Lagardère, mais s’est traduit par la montée en charge de l’usine d’Hambourg et le déplacement du centre de gravité de la société de Toulouse, son territoire d’origine vers l’Allemagne et Hambourg. En même temps que la participation de l’Etat français, pourtant stratégique, disparaissait au profil d’un actionariat privé.
Si c’est ainsi qu’Angela Merkel conçoit la fusion Areva/Siemens, non merci, l’option franco-française me paraît bien meilleure.
Autre condition pour qu’une fusion soit réussie, il faut qu’elle profite également aux deux partenaires de l’opération, le célèbre Win-Win (gagnant-gagnant) anglo-saxon. Et ce que l’on recherche en premier c’est la possibilité de vendre pour chacun des partenaires ses produits sur le territoire et dans la clientèle de l’autre.Et là on voit bien l’intérêt pour Siemens de pouvoir pénétrer le plus important marché du nucléaire d’Europe, le nôtre. Par contre, pour Areva, aucun intérêt puisque le marché allemand n’existe plus, décapité qu’il fut par la décision allemande de sortir du nucléaire.
Curieusement, nos médias ont interprété les commentaires de Nicolas Sarkozy sur la situation allemande comme une ingérence, mal venue bien sûr, dans la politique intérieure allemande alors que le soucis de Nicolas Sarkozy me semblait être plutôt de savoir comment Siemens pouvait concevoir d’entrer dans le capital d’Areva pour vendre partout dans le monde, sauf dans son pays d’origine.
Je ne vois aucune légitimité dans ces conditions à ce que Siemens entre au capital d’Areva, surtout, comme cela semblerait être le cas, pour en prendre le leadership.Tout le reste ne serait qu’angélisme.
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